La novillada matinale fut de loin, à ce jour, le meilleur spectacle de cette feria. Deux jeunes toreros talentueux, débordants d’activité, apportaient un souffle d’air frais – on aura compris sans effet météorologique – et remontaient le moral des aficionados désappointés par les corridas précédentes. Tristan Barroso, à la veille de son alternative à Dax le 16 août. devra peut-être la reporter car, pris par son second novillo, il était diagnostiqué d’une luxation de l’épaule droite, épaule déja opérée l’an dernier à Madrid… Indépendamment de cet accident, Tristan exhibait des qualités techniques et artistiques qui souhaitons-le, lui seront utiles pour se faire une place dans la catégorie des matadors de toros. Quant à Marco Pérez, annoncé comme un nouveau prodige de la tauromachie, il lui reste du chemin à parcourir mais il n’est pas avare de déployer un large répertoire de suertes auquel il ajoute une vaillance à toute épreuve. Les quatre novillos de El Parralejo, hauts sur pattes, commodes de cornes, de poids les deux derniers… participaient au succès de la novillada car leur bravoure, mobilité et durabilité permettaient des faenas, ce qui avait été bien rare dans les corridas préceédentes.
Tristan Barroso allait a porta gaiola à chacun de ses novillos – Marco Pérez en faisait de même au 4ème – (*) et, comme il se doit, les passages suivants dans la cape ne pouvaient être que mobiles en véroniques et chicuelinas respectivement, car dans ses conditions, l’animal entrant dans le rond, dans un espace inconnu, ébloui par la lumière, ne pouvait pas être fixé. Le 1er subissait l’épreuve des piques et les deux novilleros se mesuraient dans des quites par chicuelinas, chacun dans son style, peut être avec un peu plus de grâce dans le cas de Marco Pérez. D’entrée de la faena de muleta Tristan Barroso, à genoux, enchaînait des passes de la droite en redondo. Le novillo “humiliait” et acceptait avec brio un grand nombre de passes. Tristan en profitait à loisir variant les passes finales de la droite par martinete et passe de poitrine liés ou de la firma dans le cas des naturelles. Le temple dominait dans les doblones de la fin avant un estoconazo, un peu en arrière, qui oblibeait plusieurs descabellos et l’oreille largement méritée s’envolait. Au 3ème, Tristan augmentait et améliorait encore la qualité de son toreo, à la cape par tafallera, demi-farol pour la caleserina, série doublée, répondant à un quite effrayant de serré de Marco Pérez, par gaoneras! Â la muleta, les passes hautes du début de faena, une de trinchera, donnaient le ton d’une suite de passes de qualité, mandando, toréant de la droite, tête du novillo dans la panza de l’étoffe. C’était mieux dans des naturelles, profondes, lentes, au son de la “Concha flamenca” interprétée à bon escient par l’Orchestre Montois. Naturelles, un à une, et à mi-passe d’une d’elles, le novillo s’arrêtait, Tristan restait imperturbable mais il était pris et soulevé. Dans la chute, il se blessait sans doute à l’épaule droite. Il était emporté à l’infirmerie. Marco Pérez devait mettre à mort l’animal.
Marco Pérez avait le réflexe de bregar pour amener son premier novillo au centre de la piste pour le fixer. Les piques, dosées par “El Legionario”, le novillo suelto de la deuxième, précédaient un quite de Tristan Barroso par delantales – véroniques en tablier – dont le bicho sortait par une vuelta de campana. Le péndulo doublé avec la passes de poitrine était l’ouverture d’une faena dans laquelle Marco devait faire l’effort de compenser la moindre qualité du novillo, tardo. Marco se croisait et liait les natuelles, avec molinete et pase de pecho sans corriger sa position. Sur la droite, toréant plus à distance… la faena était agrémentée de passes circulaires inversées en tirant le novillo de charge réduite. La faena n’était pas brillante mais dominait l’aguante du gamin. Manoletinas pour finir avant deux pinchazos. Sonnait un avis. Le 4ème sortait à petite vitesse, reçu a puerta gayola… mais s’animait dans de vibrantes chicuelinas. Alberto Sandoval était applaudi après les deux piques bien placées mais légères. Rafael González clouait deux bonnes paires de banderilles. Au centre du ruedo, Marco fixait le novillo qui tendait à s’échapper! et présentait quelque difficulté sur la corne gauche. Toréer de la droite s’imposait, “citée” à distance pour bien embarquer le novillo. A la première naturelle, Marco subissait une voltereta sans conséquence mais il continuait sur cette corne, perdait quelques pas pour lier les passes. Quelques derechazos en rond et trois trincherazos pour fixer une dernière fois le novillo. De nouveau au centre de la piste, à distance et a recibir, c’était la surprise, l’estocade était portée jusqu’à la garde, desprendida mais efficace bien que le novillo tardait à tomber. Un avis. Les deux oreilles étaient concédée dans l'enthousisme général!!
(*) voir dans le glossaire porta gaiola ou puerta gayola.
Tristan Barroso: saluts et vuelta; blessure. Marco Pérez: un avis et saluts: un avis et deux oreilles. Trois-quarts d’entrée pour cette novillada matinale! |
Georges Marcillac
Photos. André Viard pour mundotoro.com