Alors que le Mardi 04 Octobre le Tribunal Constitutionnel Espagnol devait se saisir du dossier relatif à l'interdiction des corridas à Barcelone et que le journal La Vanguardia se faisait l'écho de ce que la décision du Tribunal déclarerait inconstitutionnelle l'interdiction des corridas par le parlement de Catalogne, nous apprenions que ce même TC reportait l'annonce de sa décision à dans 15 jours et que le Govern, par l'intermédiaire de Neus Munté porte parole du gouvernement de Catalogne, affirmait que le gouvernement ne pensait pas respecter la décision pour le cas où elle casserait le vote d'interdiction.
Nous avions envisagé dans un article précédant le risque que la décision du TC soit utilisée comme outil politique au détriment de notre culture et notre tradition. Tout indique que ce sera le cas. Les juges tergiversent pour des raisons inconnues. Après avoir attendu 6 ans pour traiter du recours, ils reportent encore de deux semaines l'annonce de leur décision. Trois hypothèses possibles: soit le sujet leur semble tellement peu important qu'ils le repoussent tant que cela est nécessaire, soit ils ont reçu une demande politique de report de l'annonce pour ne pas interférer avec une possible négociation entre le PP et le PSOE pour la constitution d'un gouvernement national rendu possible par la démission de Pedro Sánchez en tant que Secrétaire Général du PSOE, soit les juges cherchent une formulation de leur décision pour en minimiser les conséquences. Quand au gouvernement de Catalogne il annonce clairement la couleur, il ne respectera ni la loi, ni la décision du Tribunal Constitutionnel si elle permettait le retour des corridas à Barcelone. Qu'on ne s'y trompe pas de tels actes sont graves et n'augurent rien de bon pour l'unité de l'Espagne mais surtout pour le fonctionnement de sa démocratie. Le Gouvernement de Catalogne a d'ailleurs annoncé la tenue d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne en Septembre 2017 alors même que Tribunal Constitutionnel a déjà déclaré l'inconstitutionnalité d'un tel référendum.
Et si en France nous pensions ne pas être concernés par ces dénis de démocratie, détrompons-nous rapidement. Chez nous un élu local est en mesure d'interdire dans sa ville la tenue de corridas , c'est à dire la tenue d'un événement légal, fondé sur plus de 100 ans de traditions, empêchant ainsi que des arènes rénovées au prix d'un investissement public conséquent ne soient utilisées conformément à leur destination. C'est de Fréjus qu'il s'agit, où le Maire David Rachline (Front National) déclare ne pas souhaiter que l'on tue des toros dans "ses" arènes, alors que par ailleurs il s'amuse qu'on le compare au "Führer" Nazi responsable de millions de morts humaines. On voit là la même confusion de valeurs qui sous-tend toutes les théories et actions des groupes animalistes. N'oublions pas d'ailleurs que les nazis, pendant qu'ils tuaient des millions d'êtres humains promulguaient les premières lois de protection des animaux. Il faut donc se garder de tirer des conclusions morales de la belle apparence que d'aucun verrait dans le mouvement animaliste. Hier encore les réseaux sociaux se faisaient l'écho du souhait de mort d'animalistes envers un enfant malade parce qu'il avait indiqué vouloir devenir torero. Il serait intéressant que les medias questionnent Monsieur Rachline pour savoir s'il se considère l'allié de ce genre de personne. L'enquête parlementaire qui sera diligentée va faire bouger les lignes. Vont apparaitre au grand jour les ramifications et intérêts de ces mouvements animalistes et faire tomber leur discours moraliste dans le purin jusqu'alors non perçu par le grand public.
Sous les assauts des anti-démocrates et dictateurs locaux, l'Aficion ne doit pas sous estimer l'importance de son rôle, ni l'urgence qu'il y a à agir. Toute l'aficion française doit savoir que laisser interdire les corridas à Fréjus c'est accepter que demain la même chose puisse se passer dans d'autres villes taurines de France. Après le précédant de Fréjus, il suffirait qu'un élu de la République n'aime pas la tauromachie pour mettre un terme à une tradition millénaire dans n'importe quelle autre ville. En Espagne les aficionados savent que le parti politique Podemos oeuvre contre toutes les traditions et cultures taurines dans les communes où des alliances avec les socialistes, entre autres, leur ont permis de gouverner. En France c'est le Front National (comme à Fréjus) qui se fait le fossoyeur d'une tradition du Sud de la France, que nos ancêtres, et nous aujourd'hui, voulons porter et transmettre. A Fréjus le Front National entrave anti-démocratiquement une tradition et une culture de tout le Sud de la France ce qui, il faut bien le dire, est en complète contradiction avec le discours officiel de ce parti qui clame par ailleurs être le défenseur des traditions françaises. La réalité à Fréjus est bien autre. Les traditions, les coutumes, les rites y changent notablement, malgré les gesticulations inefficaces du Maire. Il suffit de se promener en centre ville pour constater à quel point Fréjus a changé et comment les commerces souffrent ou ferment. Face à cette réalité le Maire préfère empêcher l'organisation d'une Féria qui apporterait de la vivacité et de l'argent à son centre ville, comme le savent et en profitent toutes les autres villes taurines. Davis Rachline est très efficace pour entraver les traditions centenaires de sa ville. Le "Führer" autoproclamé y impose sa dictature.
L'Espagne ne pourra pas faire l'économie d'une réaction contre ceux qui ne respectent pas la constitution et veulent la dislocation du pays. Des actions sont en cours. En France le Colloque "L'homme et les animaux; vers un conflit de civilisations ?" organisé au Sénat le Mardi 4 et le Mercredi 5 Octobre a eu un grand succès. D'abord par la participation dont le nombre et la variété des exposés devraient être prise en compte par les hommes politiques qui auraient la tentation d'être réceptifs aux vociférations et agressions des manifestants animalistes. Ensuite par la qualité des interventions et des décisions prises, en particulier celle du Sénat de conduire une commission d'enquête sur les groupes animalistes. Avec patience et effort nous arriverons à démontrer aux plus sages de nos concitoyens que l'accumulation des mensonges et des accusations infondées ne sont que des actes de discrimination contre les citoyens du toro, avec pour but de servir des intérêts qui en réalité n'ont rien avoir avec le bien-être animal. L'enquête parlementaire le démontrera.
Lors du colloque la densité du contenu des interventions contrastait avec la médiocrité des vociférations des manifestants animalistes à l'extérieur. Cette même médiocrité que ces manifestants ont imposé à un groupe d'élèves en sortie scolaire, passant par là fortuitement, et qu'ils les ont harangués et incités à crier avec eux des slogans dont ces enfants ne percevaient pas la portée. Ceci devrait inquiéter les parents qui avaient confié leurs enfants au système scolaire pour apprendre et pas pour recevoir un lavage de cerveau inepte.
Si le Tribunal Constitutionnel d'Espagne déclare la loi Catalane d'interdiction des corridas inconstitutionnelle et que les corridas ne reviennent pas à Barcelone, ou si, étant légales, les corridas sont interdites comme à Fréjus par un Maire anti-démocrate alors il est inutile de chercher à protéger légalement la tauromachie puisque malgré les protections acquises nous ne serions pas en mesure de la faire vivre.
René Philippe Arneodau.