Madrid - 12 octobre 2025 – (matinée) - Mémorable festival pro monument à Antoñete - Puerta Grande pour Curro Vázquez, César Rincón et Olga Casado - Une oreille pour les autres maestros - Nostalgie et émotions.

On le sait, en tout cas nous, aficionados, nous savons que la fiesta de los Toros peut nous apporter des joies, des déceptions, et aussi des émotions inconmensurables qui nous coupent la voix, nous font monter les larmes aux yeux. Le festival matinal en fut la cause de ces deux dernières réactions! À l’initiative de Morante de la Puebla et financer un monumenrt à la mémoire de Antonio Chenel “Antoñete”, torero modèle et icône de Madrid, le festival réunissait des (pas trop) vieilles gloires de la Tauromachie moderne, Pablo Hermoso de Mendoza – rejoneador – et les matadors Curro Vázquez, Carlos Escolar “Frascuelo”, César Rincón, Enrique Ponce et – peut-être une future vedette en la personne de la novillera Olga Casado. Morante, lui, est  toujours en activité et s’était réservé un novillo de Osborne en souvenir du toro blanco” de Osborne que Antoñete toréa le 15 mai 1966 à Madrid. Quel détail! Le reste des novillos destinés aux matadors étaient de Garcigrande, bien présentés dans les limites que sont celles d’un festival. Las Ventas était en fête alors que sur la Castellana, voie principale de Madrid, se déroulait la célébration de la fête nationale espagnole, Fête de la Hispanidad, en ce 12 octobre en présence du Roi d’Espagne Felipe VI, de la famille royale et membres du gouvernement. Une immense ovation accueillait les toreros dès leur apparition à la porte des cuadrillas, répetée au terme du paseíllo, tous les sept saluant le public debout.

C’est le rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza qui ouvrait le ban avec un novillo de “El Capea avec lequel il déroulaitt son toreo habituel et brillant, novillo qui se déplaçait suffisamment pour engager les courses de côté, les quiebros pour les banderilles. Pour une fois il n’y eut pas d’exagération et seulenent deux banderilles et deux courtes étaient clouées avec facilité en haut de l’échine du novillo. Quelques adornos, pas de pirouettes, la suerte du téléphone et un rejón de muerte mal placé, très bas, ne valaient au rejoneador navarrais que des applaudissements et saluts depuis le tercio.

                        

Curro Vázquez, le plus ancien en alternative – 12 octobre 1969 – et âgé de 73 ans entreprenait un novillo, de peu de codicia au début, pour des véroniques relevées en fin de lance. Le novillo se déplaçait mieux et dans le terrain de moindre influence du vent, face aux Tendidos 4 et 5, il prenait la muleta pour des derechazos longs, “templés”, meilleurs vers los adentros, entre le torero et les barrières. Les naurelles étaient la même veine et le goût inné de Curro Vazquez se faisaient remarquer dans les remates d’un style exquis et suranné. Des doblones, un changement de main et remate par le bas… Un délice. Ëvidemment on notait aussi parfois un manque de confiance surmonté à la muleta, l’âge et l’assurance dans les déplacements? Une estocade efficace et deux oreilles bien méritée aux accents de “TORERO” “TORERO”

  

Carlos Escolar “Frascuelo”, venait en substitution de Julio Aparicio qui déclarait forfait… il y a seulement deux jours. Lui aussi vétéran de 77 ans, il avait quelques difficultés avec son novillo pour régler les véroniques qu’il lui servait: accrochages de capote. Le début de faena augurait, là aussi une autre manière de toréer, verticalité, déplacement et passes variées de tanteo. De beaux gestes mais le novillo reculait face à la muleta et ses démarrages surprenaient “Frascuelo” qui ne pouvait ajuster ses passes, les enganchones de muleta et les réactions du novillo le mettaient en difficulté. Une demi-estocade, tendida et très en arrière était la conclusion d’une faena méritoire pour ce torero tellement sympatique qui vit avec passion le toreo et qui continue de s’entraîner! Une vuelta.

                                 

César Rincón, Colombien mais tant de Madrid, recevait une ovation avant même de prendre le capote et devait répondre à ce chaleureux acceuil depuis le tercio. Il n’allait pas décevoir ces fans inconditionnels ni ceux qui peut-être n’avaient connu ses quatre sorties a hombros de Las Ventas en 1991. Il devait toréer un sobrero de Garcigrande car le 4ème sortait avec des problèmes de locomotion et peut-ètre de vision - choc contre un burladero? Le bicho accrochait une première fois, sans dommage, César avant même d’avoir esquissé un mouvement et ensuite un subalterne. César dessinait des véroniques de grand tenple, ferme sur ses appuis, taille cambrée et plaçant, lui-même,  le novillo pour une seule pique. Le tanteo de muleta, passes par le haut et le bas, une trincherilla, passe de poitrine mettait en bouche pour ce qui suivait. Comme il y a plus de 30 ans, César “citait” le novillo d’une bonne vingtaine de mètres pour une série de derechazos et une autre, liant les passes avec assurance et surtout position démontrant une sérieuse préparation physique et mentale pour défendre un tel défi. Sur la gauche, plus rapproché le cite, les naturelles enchaînées et surtout les remates par molinete invertido ou trincherilla faisaient merveille sans compter les passes de poitrines “templées” et complètes. Le temple des derniers derechazos et les ayudados por alto et por bajo faisaient rugir le public de Madrid. Le novillo de Garcigrande, ovacionné, avait permis tout ce déploiement d’art et de métier. Un pinchazo et une estocade caidilla provoquaient le délire et les deux oreilles, sans discussion, unánimes, étaient accordées.

  

 

Suivait Enrique Ponce, le plus récent retraité, qui montrait, d’entrée à la cape, son sens de la lidia, laissant son novillo passer sans l’obliger et ensuite le reprendre, au delà des lignes, pour des véroniques “templées” sur la gauche. Le quite par chicuelinas toréées et la larga donnaient le ton de ce qui suivrait à la muleta.  Après le brindis à Morante, les doblones de tanteo révélaient la difficulté du novillo à se déplacer. Nous savons la capacité d’Enrique Ponce et son talent pour mettre dans la muleta des animaux qui à priori ne le peuvent o une le veulent pas. Il en fit la démonstration dans des séries des deux mains, sens privilégié du temple, muleta inaccessible, sans un seul enganchón, le novillo comme aimanté. Domination totale. Les poncinas suivaient, naturellement, avec un avis à la clé, précédant un pinchazo et un trois-quarts de lame, tombée. Une oreille…

                             

Venait le tour de Morante de la Puebla avec un novillo corpulent, presque plus toro que novillo, pas seulement ensabanado, comme l’indiquait le programme du festival, mais aussi alunarado capirote et calcetero Les premiers capotazos ne disaient rien de bon, sans “humiliation” et cabeceo du novillo dans la cape de brega de Curro Javier. Brindis au public. Les ayudados por alto et por bajo, les essais de la droite et de la gauche, par le bas, du début de faena n’inspiraient rien de bon, heureusement rehaussés par le style unique de Morante. Les naturelles qui suivaient, un molinete et un autre invertido ne faisaient qu’illusion pour tout ce qu’on espérait du maestro. Le novillo de Osborne ne s’y prêtait pas… Une estocade desprendida et une oreille.

 

La jeune torera Olga Casado cloturait le festival avec un bon novillo de Garcigrande et sa prestation confirmait sa régularité et ses succès pour da première temporada. En effet, elle  eut l’occasion de toréer des novilladas piqueés  et corridas mixtes avec les figures du moment après sa découverte lors du festival pour les victimes de la DANA le 1er décembre 2024. Elle manie la cape et la muleta avec aisance et grâce et même parfois audace. Ainsi, sa lidia à la muleta composée de passes classiques, se croisant lorsque nécessaire, de quelques adornos et en fin de faena, genou en terre, une passe circulaire inverse avec changement de main, Olga faisait étalage de tout un répertoire de lances et passes bien assimilé et surtout bien appliqué. L’estocade desprendida lui valait les deux oreilles.

                               

Ainsi se terminait ce festival de haute qualité non seulement pour le cartel annoncé mais surtout pour celle des septs acteurs, chacun dans son style. La passion tauromachique ne meurt jamais, exemple en fut donnée aujourd’hui, en souvenir du “toero de Madrid”: Antonio Chenel “Antoñete” dont la statue s`élève désormais face à la Grande Porte de Las Ventas.

Georges Marcillac

Photos: Plaza 1

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