La ganadería de Núñez del Cuvillo a pendant des années nourri les triomphes de figuras. L’époque est révolue et le fond de ganado actuel est médiocre. La corrida de ce jour était la plus attendue de l’année pour voir Morante, pour sa rencontre avec la figura actuelle de l’escalafón Andrés Roca Rey et l’alternative de la promesse d’avenir Javier Zulueta. Le généreux public sévillan a su ovationner les détails fugaces dans un ensemble anodin, loin des espoirs nés à l’annonce des cartels. Le grand moment de l’après-midi fut la réconciliation de Morante et Roca Rey.
Le toro d’alternative de Javier Zulueta est prompt dans les chicuelinas et véroniques du toricantano dont les lances sont quelque peu brusques, à la limite de recortes pour les chicuelinas. Le meilleur fut la media verónica. Le public est généreux avec ses olés pour les chicuelinas marchées qui mènent le toro au cheval, où le Cuvillo remplit ses obligations sans plus.
Morante de la Puebla concède l’alternative à Javier Zulueta, en présence de Roca Rey, face au toro "Lanudo", portant le número 31, né en novembre 2020 et pesant 564 kg. Brindis au papa alguazil de la plaza. Les doblones sont appliqués et le toro a une charge vive et noble. Dans les deux séries de derechazos, le toro baisse soudain de ton quand le torero baisse la main. À gauche, Zulueta "cite" de loin pour profiter de l’inertie, et le toro répond de más a menos. Musique. La suite est construite en laissant la muleta sous le museau pour faire tourner l’animal sans se préoccuper des fondamentaux. Quelques remates et adornos précèdent plusieurs pinchazos et une entière caída. Salut.
Le premier de Nuñez del Cuvillo de Morante de la Puebla a belle allure. Il est pensif dans ses premières attaques et garde la tête relevée. Il évite longuement le combat proposé par les capes. C’est finalement Juan José Domínguez qui le fixe, le matador se limitant à quelques essais de lances. Le toro fait faire la toupie au cheval par la croupe sous une longue pique. La seconde s’assure de retirer le venin du bicho. Le Cuvillo passe dans les capes comme un homme politique regarde de haut le peuple. Après la cérémonie de restitution des trastos, Morante s’approche pour un tanteo por alto sur jambe fléchie. L’épée de mort en main, il porte un pinchazo hondo. Sifflets au toro. Silence.
Le second de Morante est terciado. Il est reçu par larga cambiada terminée sur l’épaule - larga cordobesa - puis, après un accrochage de cape, des chicuelinas très personnelles comme la media verónica. L’animal fait ce qu’il peut sous le fer par deux fois. La tentative de quite du matador est entrecoupée de passages à vide et d’accrochages. Muleta en main, Morante attaque fort, en particulier par cambio de mano long, molinete et pase de pecho. Des premières naturelles, une lente et profonde marque la rétine. Musique. Le toro a baissé de régime et cherche les chemins de fuite. Les toques se multiplient sans option de faena. Trois-quarts d’épée trasera et tendida. Deux descabellos. Salut et grande ovation.
Alors que Andrés Roca Rey reçoit son premier opposant en lançant la cape pour déplacer la charge, le toro est protesté pour une blessure qu’il arborait avant de sortir en piste. Quand le bicho se met à flancher après les picotazos, la colère s’amplifie. Mouchoir vert tardif. Le sobrero du même élevage est massif. Dans les premiers lances, les cornes courtes et reserrées désarment le matador qui doit prendre la poudre d’escampette. La cape est de nouveau accrochée et le toreo de capote s’en trouve interrompu. Le bicho pousse longuement sous une pique trasera. La seconde est prise avec entrain mais moins de force. Quite de Zulueta par delantales et demi-véronique. La seconde paire de banderilles portée par Antonio Chacón lui vaut l’ovation et le salut. Les premières charges du toro sont appuyées dans le tanteo de ARR. Au centre, muleta à droite, le Péruvien tire des lignes, en trois séries, terminant les derechazos majoritairement par le haut et muleta occasionnellement accrochée. À gauche, la même recette est appliquée et une partie du public s’impatiente. L’autre applaudit. Un passage droitier, en soutenant la charge, au pas, devenue molle, déclenche l’ovation des plus optimistes. Le pseudo arrimón final divise les opinions. Plusieurs pinchazos et entière desprendida. Avis et silence.
Le second d' Andrés Roca Rey charge brièvement les lances du matador avant de s’absenter. Fixé au centre, sa charge lancinante n’augure rien de bon, pas plus que son attaque au cheval de réserve et son combat fade sous le fer. La seconde pique le voit trébucher en sortie. Quite de Zulueta par chicuelinas et larga. Francisco Durán "Viruta" est invité à saluer au second tiers. Le bicho ignore d’abord la muleta de ARR. À genoux au centre, ce dernier essaye de donner du relief au trasteo et se fait bousculer à terre. L’animal est distrait, calamocheo dans la muleta, tire la langue. À gauche, les naturelles, marchées par nécessité, se suivent sans lié. Entière trasera et basse. Silence.
La corrida se termine avec Javier Zulueta face à un exemplaire montado qui doute longuement. Lorsqu’il charge enfin la cape du nouveau matador, c’est sans classe. La première pique est prise en poussant au cheval de réserve. Entre les deux piques, Morante et Roca Rey se sont parlés et se sont réconciliés. Brindis personnel. Un tanteo esthétique nous dit que le toro est sur la réserve. Il passe dans les derechazos tête à mi-hauteur et peu concentré sur le combat. Sur la corne opposée, les choses empirent. La jeunesse de Zulueta l’incite à insister même si l’évidence indique que le toro est dénué de casta. Entière trasera, basse et tendida. Silence.
René Arneodau