La corrida point final de la feria de Aste Nagusia de Bilbao, celle de Dolores Aguirre réunissait le quasi vétéran matador madrilène Fernando Robleño et Damián Castaño de Salamanque, tous habitués des corridas “dures” et José Garrido qui, peut-êre à son corps défendant y est aussi condamné. Sans oublier le public de Bilbao et celui d’ailleurs, inconditionnels des toros de la ganadera Dolores Aguirre (1935-2013) et maintenant de sa fille Isabel. Damián Castaño a réedité son exploit de l’an passé, dans de meilleures conditions climatiques, il est vrai, face à un sobrero de poids de 633 kg. un tío…
Le cinquième de l’après-midi, montrait des faiblesses du train arrière, il poussait sous les deux piques sans mettre les reins et fléchissait des pattes avant. On suppose que d’autres toros auraient été maintenus en piste accusant les mêmes signes de faiblesse, mais un dolores-aguirre… Donc sortait le seul sobrero du même fer, “Argelón” nº 56 né en décembre 2019, qui devait avoir été mis de côté en raison de sa physionomie, montado, imposant dès sa sortie du toril. Il ne passait pas bien dans la cape de Damián Castaño, se freinait et ses cornes pointaient sans atteindre le leurre. Il se montrait dangereux sur la corne gauche et dans un capoteo plus rapproché Damián lâchait prise et prenait l’olivo… Ce toro était piqué, enfermé entre le cheval et la barrière devant le T5, et à la deuxième rencontre, le picador ne “mettant les cuerdas”… et il sortait suelto. Il semait la panique des banderilleros. A la muleta, il n’était pas fixé et fléchissait des pattes avant. Damián se plaçait de face, compas ouvert pour des naturelles. Sur la droite, il bataillait et réussissait en baissant la muleta à passer le toro dans un style particulier, artistique même, derechazos ÉNORMES qui soulevèrent l’enthousisme du public. L’émotion était forte. La faena était consumée. Un pinchazo devant et une estocade delantera, caidilla suffisait, le toro s’affaissant presque aussitôt. L’oreille était unanimenment demandée et concédée. Vuelta triomphale de Damián Castaño. Le 2ème dolores-aguirre chargeait fort mais il ne démarrait que près du cheval monté par “Tito” Sandoval qui soutenait la charge dans une courte carioca, pique relevée; le toro doutait face au cheval, un picotazo et sortie suelto. “Tito” était fortement applaudi. La montera calée sur sa tête, Damián commençait muleta main gauche pour de nouvelles violentes charges, courtes sur la droite avec des retours brusques qui l’obligeaient à “rompre”. Une estocade défectueuse, atravesada, épée transperçant le flanc du toro qui s’affaissait. Le toro était sifflé à l’arrastre.
Fernando Robleño se mesurait au premier toro, applaudi à son entrée en piste, 641 kg, abanto, emplazado, sans codicia, distrait. Aux piques, sans "mettre les cuerdas", le picador rectifiait. Le toro accusait une charge limitée et sortait suelto de la deuxième rencontre pour se diriger vers les tablas. Cette mansedumbre se confirmait à la faena de muleta qui se terminait près des barrières après que Robleño, très technique se fut accomodé d’une charge à mi-hauteur. Dans sa querencia, le toro se laissait toréer mais cherchait délibérément la direction du toril… L’épée croisée suffisait et le manso se laissait mourir. Au 4ème, Fernando Robleño aurait pu facilement couper une oreille sans sa maladresse à l’épée et aux descabellos. Malgré sa mansedumbre, il était le plus “toréable” passant à mi-hauteur dans la muleta, Robleño toréant sur les jambes pour ne pas l’“obliger”, liant les passes de la droite principalement, réussissant à enchaîner muleta baissée sur la fin en grand tehnicien qu'il est. Après de nombreux coups d’épée le toro abandonnait… et il était applaudi à l’arrastre!
José Garrido, dont c’était le premier contact avec les toros de Dolores Aguirre, se distinguait à la cape dans des véroniques et la demie, alors que le toro sorti 3ème, sans entrega, passait… Il avait un comportement correct aux piques et sortait tête baissée ce qui déterminait Fernando Robleño à réaliser un quite par véroniques. Mais déjà ce toro tirait vers les tablas. A la muleta, les ayudados por alto d’abord, des passes par le bas ensuite, le toro s’”ouvrait” et permettait l’enchaînement de derechazos. Sur la gauche, José Garrido devait se replacer et le toro n’”humiliait” plus. Prenant la direction des planches, ce toro avait très peu duré. La mise à mort n’était pas très réussie… Beaucoup de pinchazos et quatre descabellos, sonnait un avis. Le 6ème possédait les hechuras les plus harmonieuses et de belles armures. Il “humiliait” dans la cape de José Garrido sans être fixé, il était peu piqué. Il ne répondait pas aux cites des banderilleros. Le public ne protestait même pas l’indigence de cet exemplaire qui se révélait quasi imposible à la muleta, se retournant par le bas, tobillero. Le macheteo final, justifié, était suivi d’une estocade contraire, trasera. On ne savait pas à qui étaient dirigés les aplaudissements: au toreo ou au toro? Ni l’un, ni l’autre les méritaient.
Fernando Robleño: saluts; un avis et silence. Damián Castaño: silence; oreille. José Garrido: un avis et silence; silence. Des cuadrillas, le picador “Tito” Sandoval, aux ordres de Damián Castaño recevait l’ovation du public au 2ème. |
Georges Marcillac
Photos; BMF Toros 2024