La corrida de Fuente Ymbro au programme de l’après-midi se présentait avec un palmarès qui, associée aux matadors Miguel Ángel Perera, Alberto López Simón et Pablo Aguado, augurait un bon spectacle. Bien qu’en matière de corrida de toros il ne faut jurer de rien, les vœux étaient exaucés et le bilan à la sortie s’avérait positif. Il est curieux de rappeler que, Miguel Ángel Perera, habitué des corridas de Fuente Ymbro, sortait a hombros le 15 mai dernier à Madrid après avoir coupé deux oreilles au toro «Pijotero» nº 61 né en novembre 2013. Aujourd’hui, Alberto López Simón en faisait de même avec « Pijotero » nº 128 né en août 2014. Par ailleurs, du lot de cet après-midi, figuraient deux exemplaires fils de «Jazmín» qui avait reçu l’indulto dans ces mêmes arènes en 2012. Quant à Pablo Aguado, on espérait qu’il puisse répéter ses succès retentissants de Séville et Madrid cette année.
Les produits de Fuente Ymbro présentaient une variété de physiques et comportements tels qu’ils retenaient l’attention et l’intérêt du public nombreux qui remplissait quasi en totalité les gradins du Plumaçon. Ils n’étaient pas sévèrement châtiés comme le fut le 6ème, un toro de presque six ans, ils prenaient seulement une première pique digne de ce nom, la deuxième rencontre étant plus dosée (sic). Selon l’ordre de sortie : le 1er ne se départait pas d’un coup de tête final dans la muleta de Miguel Ángel Perera ; le 2ème exhibait deux belles cornes et surtout arrivait à la muleta avec bravoure et rythme : un grand toro ; le 3ème était irrégulier dans ses charges, suelto, inconstant ; le 4ème aussi descompuesto dans ses charges et faible des antérieurs ; le 5ème, manso et vif, auteur de la cogida d’Alberto López Simón ; le 6ème, sérieux de présentation, avait une charge violente et pas très claire.
La faena d’Alberto López Simón, à son premier, débutait à genoux, au centre de la piste, pour enchaîner plusieurs passes de la droite, en rond et une passe de poitrine, celle-ci debout. ALS alternait les séries de la droite et naturelles, apportait aux passes le «temple», accordé au rythme de la course de l’excellent «Pijotero» qui chargeait la tête basse. Variant les adornos à bon escient, les séries étaient agrémentées de passes dans le dos, ou molinete, ou martinete précédant la passe de poitrine. Les naturelles «citées» de trois-quarts, bien terminées derrière la hanche, précédaient une ultime série de bernadinas. Cette faena compacte, variée, émouvante par la classe du toro et celle des passes que lui prodiguait Alberto López Simón allait être paraphée d’une bonne estocade et sans discussion les deux oreilles étaient accordées. Un tour de piste rendait hommage à la bravoure et qualité de «Pijotero ».
Au 5ème, la faena prenait une autre tournure car le toro était allé dans tous les sens au cours des premiers tiers, confirmant sa mansedumbre. Pour cela, ALS usait de ses recours de combattant - lidiador – pour, peu à peu, assujettir au centre du ruedo le toro qui se déplaçait avec vélocité et force. Pour cela, la faena était bougée, la muleta devant le mufle de l’animal pour ne pas le laisser s’échapper. Une bonne série de la droite, vibrante et à l’amorce d’une passe de poitrine, le torero était bousculé et foulé au sol. Un instant étourdi, Alberto reprenait ses esprits, avec un puntazo à l’avant la cuisse droite et débarrassé de sa chaquetilla, on observait que la corne était passée jusqu’à l’épaule ! Toutefois, courageux, il entreprenait une dernière série de la droite avant de porter une estocade tombée. L’oreille était concédée plus par l’émotion de la cogida et la vaillance du torero.
Miguel Ángel Perera devait batailler avec «Vibora», un toro vipère prêt à donner de la corne en fin de passes aussi bien à la cape qu’à la muleta. MAP usait de son toreo dominateur pour corriger ce défaut qui paraissait avoir disparu après les piques. La muleta baissée, il y parvenait seulement au milieu des séries des deux mains mais le derrote subsistait. La corne atteignait le bras gauche de MAP qui, endolori, continuait… à droite. Le torero se croisait pour engager les charges de plus en plus courtes. L’estoc en main, MAP de jetait avec décision et force pour abattre d’un seul coup ce toro compliqué. Une oreille était généreusement demandée et accordée. Pour ne pas être en reste avec Alberto López Simón, le torero de Badajoz entamait la faena, comme à son habitude, par un spectaculaire péndulo doublé. La charge du toro, irrégulière et faiblarde, ne permettait pas une faena de passes liées. Les «cites» à distance profitaient de l’inertie de la course pour engager les séries sans possibilité d’enchaîner la passe suivante qui exigeait un replacement car le toro se retournait de travers. Au bout du compte, ce dernier ne chargeait plus. La mise à mort défectueuse, un pinchazo en prenant la tangente, une estocade entière basse, concluait cette faena un peu longue. Un avis et silence.
Pablo Aguado n’était pas favorisé par le tirage au sort car ses deux opposants ne permettaient qu’entrevoir son toreo pur, la muleta à mi-hauteur, le corps vertical, conduisant et accompagnant d’une rotation du buste les charges avec douceur. Des détails au 3ème, fluidité dans le geste comme un changement de main par devant, passes de poitrine de côté, pieds joints, trincherilla, et des naturelles isolées pour ce toro sans charge ni force qui recevait plusieurs pinchazos avant de se laisser tomber… Salut au tercio. Le meilleur, au 6ème, fut une estocade parfaite après une faena insipide où l’on découvrait quelques lacunes du jeune torero, armé d’une muleta XXL, lorsque le toro ne collaborait pas spécialement au toreo délicat et précieux du Sévillan. Silence.
Georges Marcillac
Photos d'André Viard pour aplausos.es
j aime bien délicat et précieux en opposition a la brutalité de LS bonne fin de feria