J'aurais aimé mettre en évidence quelques points positifs de la corrida de Valdefresno et rendre coupable le vent du fiasco de la corrida. Il faut pourtant le dire, le lot de toros, de belle présentation, n'avait rien pour contribuer au succès. La terna a été digne, en particulier David Galván. Plusieurs banderilleros ont fait honneur à la profession, le public présent aux deux tiers, a exhibé son stoïcisme.
Le premier de Valdefresno destiné à David Galván donne des signes de mansedumbre dès sa sortie en piste et rend impossible le toreo de cape y compris pour cause de faiblesse. Le tiers de piques est mené en conséquence avec mesure. Excellente prestation de Sergio Aguilar aux banderilles. Faisant fi du vent Galván donne des muletazos avec sérénité en faisant confiance à la noblesse du toro. Le problème est que la charge est irrégulière et hachée. La première série à gauche est la plus accomplie avec un grand geste d’aguante qui fait applaudir les tendidos. La suite va a menos, d'autant plus lorsque le bicho abandonne le combat. Manoletinas avec accrochage. Pinchazo suivi d'une estocade entière desprendida et tendida. Avis. Palmas et Salut.
Le second de David Galván, au berceau très ouvert, montre peu d'intérêt pour le toreo de cape de son matador qui ayant glissé au sol et auto-exécute, avec lucidité, un quite salvateur. Manifestement sur ordre, le toro est peu châtié par le picador qui laisse l'opposant s'appuyer contre le peto par deux fois. Le quite par véroniques et demi-véronique de Juan Ortega, bien que entrecoupé, laisse la saveur du toreo pur. Brindis au public. Le vent gêne le début de faena. Le matador montre une fermeté louable en ces circonstances. Les séries droitières ne donnent pas le résultat espéré lors du brindis. La charge est variable, sans classe, imprévisible et les derrotes légions. À gauche, le torero de San Fernando est mis sur la défensive lors des deuxièmes passes de chaque série, pour les mêmes raisons. Pinchazo, demi-lame et deux descabellos lorsque sonne l'avis. Silence.
Juan Ortega, devenu Torero de Madrid depuis l'an dernier, doit tenter de canaliser à la cape, sans succès, la charge indolente du second valefresno. Ce dernier rencontre la cavalerie de forme fortuite et sans briller lors de la première pique. Il absorbe stoïquement la seconde. Ortega débute la faena, là où se trouvent les papiers, par tanteo par le bas. La première série droitière est toute en verticalité et classicisme. La suite prend une tournure négative au vu de la paresse et de la faiblesse du bicho. ¾ d'épée contraire et atravesada. Plusieurs descabellos avant que le toro ne s'allonge de lui même. Sifflets au toro. Applaudissements pour le matador.
Lorsque sort le quatrième, le vent, le froid et le peu de classe des toros antérieurs, ne laissent pas grand espoir aux spectateurs pour la suite. Cet exemplaire passe plus de temps à chercher une issue qu'à charger la cape. Puis, lorsque le vent s'en mêle, c'est là qu'il se fixe. Au cheval le toro combat par à-coups, tête levée et brièvement au second passage. Le tanteo donne le ton de la mollesse de la charge, le toro avançant au pas entre les passes. Ortega essaie sur les deux cornes sans résultat et en donnant des signes de découragement. Il termine par une série de pitón a pitón. Deux pinchazos sans passer la tête et ¾ de lame bras tendu. Long passage au descabello avec avis. Sifflets au toro. Silence.
Le Péruvien Joaquín Galdós se bat face à la charge désintéressée d'un magnifique troisième exemplaire. Le valdefresno pousse sous une première pique et plus brièvement sous la seconde. Quite de Galván par chicuelinas millimétrées et revolera. Galdós débute son trasteo par doblones de soumission. Le passage à droite est discontinu d'abord, puis lié au rythme de la charge. Par la suite c'est la discontinuité qui reprend le dessus, sur les deux cornes, sans qu'il soit certain que le valdefresno en soit l’unique responsable. Entière en bonne place d'effet fulminant. Palmas et salut.
Il revient à Galdós de mettre un terme à la déception des spectateurs soit en triomphant, soit en abrégeant. Il n'y a pas de toreo de cape artistique. Le tiers de pique est mené dans le désordre, le toro poussant sans conviction sous deux mauvaises piques. Brindis au public. Le torero de Lima débute son trasteo par des tentatives de faire passer le toro qui se succèdent sans que le torero ne voie d'option pour lier les muletazos. Il abrège. Lame partielle caída, atravesada portée à bout de bras. Silence.
René Philippe Arneodau