Madrid 9 avril 2017 - Seul Alberto Aguilar...

Cette corrida de dimanche des Rameaux après les novilladas de début de la saison taurine à Las Ventas avait attiré beaucoup de monde et la plaza enregistrait une entrée de quasi 18.000 personnes. Il faut dire que l’affiche promettait ne serait-ce que par la présence des toros de Victorino Martín et la confirmation d’alternative de Noé Gómez del Pilar en récompense de son actuación à Illescas en octobre dernier où il avait triomphé avec le  toro « Platónico » et participé à son indulto.  L’accompagnaient Alberto Aguilar et Iván Fandiño. De ce dernier on rappellera ce même dimanche des Rameaux de 2015 et sa malheureuse encerrona. Sans doute les aficionados l’attendaient dans l’espoir d’un rachat de sa réputation un tantinet ternie depuis lors. La déception venait justement de son comportement devant les deux toros les plus aptes à des faenas qu’il ne menait pas à bien faute d’entrega ou d’incapacité à se montrer meilleur que ne le permettaient ses deux opposants. Justement les toros de Victorino ne montraient pas les qualités suffisantes pour garantir un succès des toreros, ils développaient des défauts quasiment insurmontables, les 1eret 3ème, se laissaient toréer les 2ème et 4ème, le 6ème était renvoyé aux corrales pour sa faiblesse des antérieurs et remplacé par un toro de San Martín (origine Santa-Coloma), le 5ème n’offrait que des charges molles et sans intérêt à Gómez del Pilar. De présentations irrégulières, on notait tout de même le magnifique 4ème nº 27, de 531 kg, âgé de plus de cinq ans, le suivant n’avait pas les hechuras d’un victorino et était protesté à sa sortie du toril.

Après le paseillo une minute de silence était observée car on venait d’apprendre la mort du jeune Adrián, de Valence, à l’âge de 8 ans. Pour avoir manifesté sa vocation de torero, malgré sa maladie, il avait été victime des insultes et souhaits de sa mort proférés par des anti-taurins sur les réseaux sociaux.  Honteux et lamentable ! (voir l'article René-Philippe Arnéodau du 10 octobre 2016). Un festival taurin avait été organisé pour faire face aux soins coûteux qu’exigeait son cancer et celui d’autres enfants. Aujourd’hui, les trois toreros lui dédiaient un brindis al cielo. R.E.P Adrián.

De cette corrida on retiendra la prestation d’Alberto Aguilar qui, à ses deux toros, montrait à la fois sa disposition et son talent de lidiador. A son premier, la difficulté était de lui voler des passes - uniquement sur la corne gauche - car de charge irrégulière, sans vraiment se livrer, il pouvait à tout instant surprendre le torero en se freinant, se retournant brusquement ou bien se collant carrément au corps. Toute la faena se déroulait face au Tendido 4 et une estocade un peu verticale mettait fin à cette faena compliquée. Après être passé à l’infirmerie, Alberto Aguilar affrontait son toro en sixième position, un joli cárdeno claro dont la faiblesse de pattes avant était manifeste dès les premiers capotazos et qui se confirmait au sortir des deux piques et banderilles. Il était remplacé par un toro de San Martín, veleto, qui n’exhibait rien de bon, ni au physique ni au « moral » car sans entrain et juste de force. Alberto Aguilar, tenace, tentait de profiter de son inertie en le citant de loin et de lui dérober artistiquement quelques passes dont des naturelles bien dessinées, avec temple. A ce toro pratiquement arrêté sur la fin, il lui était données des passes isolées par le bas en  se croisant pour inciter les dernières charges. Après un pinchazo dans le haut, Alberto s’engageait pour une estocade avant et recevait un pitonazo léger à la cuisse droite et était foulé au sol sans dommage apparent.

Iván Fandiño va peut-être maudire le jour des Rameaux après sa déconvenue d’il y deux ans mais il devrait s’en prendre à lui-même car, aujourd’hui, même devant des victorinos il aurait dû mieux faire. Bien sûr, certains se plaisent à dire que ce torero est en-dessous de sa réputation et, pour rester dans le vrai, tout ce qu’il fait est observé à la loupe. Il touchait les deux toros propices à des faenas pour peu qu’il eût décidé de forcer son destin devant le 2ème qui mettait la tête, « humilié », dans la muleta mais la faena se réduisait à une bonne série de la droite. Sur la gauche, il s’obligeait à perdre des pas pour enchaîner des naturelles sans l’appréciation du public intransigeant. Le toro ne se prêtait pas à des «filigranes», à un ouvrage délicat et habile, mais il manquait cette envie visible de «monter sur le toro». Une estocade plus que basse entraînait les sifflets de l’assistance. A son deuxième, le beau nº 27, c’était à peu près pareil : Iván Fandiño renonçait à poursuivre un trasteo sur la droite qui donnait quelque espérance, rien sur la corne gauche, le toro allait directement au corps à l’esquisse de la naturelle.  Un pinchazo et une estocade arrière avec hémorragie déchaînaient les antis-fandiño…

« Gómez del Pilar » de prénom Noé, confirmait l’alternative avec “Estaquero” nº 89 de 598 kg. 12/12 qui ne l’aida pas si ce n’est au début en entrant dans le capote pour des véroniques vibrantes. A la muleta le victorino était presque arrêté, il restait court de charge, sans codicia et se collait au corps au passage. Noé essayait de changer de tactique en citant de loin mais en vain, le toro lui fonçait dessus comme d’ailleurs on s’en doutait…  Le macheteo final était plus que nécessaire pour se défaire de ce toro qui lui laissera un goût amer pour son retour à Las Ventas. L’estocade un peu horizontale et tombée était suffisante. Le 5ème n’augurait rien de bon car il lançait les pattes en avant dans la cape, le tercio de banderilles était loupé et dans la muleta, sa charge erratique et son manque de race étaient au-dessus des capacités du madrilène qu’il faut excuser face à de telles difficultés. Un pinchazo allongeant le bras et une estocade plus que basse en terminaient avec ce toro peu collaborateur.

Roberto Martín « Jarocho » de la cuadrilla d’Iván Fandiño se distinguait à la brega et aux banderilles. Les piqueros ne se montraient pas trop maladroits puisque à diverses reprises ils plantaient leur pique au même endroit de la pique précédente… Les victorinos 1er, 3ème et 5ème étaient sifflés à l’arrastre, les 2ème et 4ème applaudis.

Iván Fandiño: sifflets aux deux. Alberto Aguilar: saluts ; deux avis et légers applaudissements mais ovation en quittant la place. Gómez del Pilar : silence ; un avis et silence.

Georges Marcillac

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Une réponse à Madrid 9 avril 2017 - Seul Alberto Aguilar...

  1. comte Myriam dit :

    merci Georges demain pour moi ce sera Séville jusqu'à lundi

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