La ganadería de Fuente Ymbro en était à sa deuxième comparution à la San Isidro et cette fois-ci en novillada. Habituellement intéressants avec quelques exemplaires de luxe en corridas formelles, les produits de Ricardo Gallardo d’aujourd’hui ne lui auront, sans doute, pas fait plaisir. Il devra réviser les familles dont étaient issus les six exemplaires que devaient affronter les trois novilleros : le Portuguais Joâo Silva «Juanito», le Salmantin Antonio Grande et le Mexicain Diego San Román. En effet si les deux premiers fuente-ymbros faisaient illusion et permettaient des faenas?, les quatre suivants exhibaient une mansedumbre et un manque évident de caste, les deux derniers fuyards et ensuite arrêtés ou bien chargeant contraints et forcés avec en plus de mauvaises intentions le 6ème, quand il voulut se défendre. Si le 3ème secouait le cheval monté par «Tito» Sandoval au premier assaut, au second il ne chargeait plus, les suivants ne recevaient des piques que pour la forme. La plupart fuyaient les capes, allaient aux terrains «de personne», était déjà figé aux banderilles le 5ème. Quant à la présentation, elle était inférieure à celle d’autres novilladas de Fuente Ymbro, seul le 6ème avait un trapío presque celui d’un toro adulte.
Face à des novillos indisciplinés, Diego San Román, ex-élève de l’école taurine de Madrid, semblait connaître la devise de Lagardère de telle sorte qu’il allait à ses adversaires qui n’avançaient pas ou fuyaient. A son premier, le 3ème, réfugié dans de tercio des tablas, il le toréait à courte distance sur la corne gauche de telle sorte qu’il écopait d’une première voltereta. Les inévitables bernadinas concluaient la faena? et l’estocade devait être portée le toro collé à la barrière. Au 6ème, aussi attiré par les planches, c’est dans ce terrain que Diego San Román le «citait» à genoux pour deux passes hautes avant la fuite vers un autre point de la circonférence, à genoux de nouveau sans résultat. Amené au-delà des lignes, la charge se révélait plus que descompuesta et sur un retour, Diego était pris, soulevé et secoué d’une corne à l’autre, en l’air, tel un pantin (pelele). Par miracle, il n’y eut pas de cornada, et la faena continuait par des passes hautes et terminait par des manoletinas, le novillo, rajado. Une nouvelle fois l’estocade devait être portée, l’animal collé à la barrière. Un avis sonnait.
«Juanito» pourrait être crédité du meilleur toreo dans deux faenas durant lesquelles il affichait insistance et même fermeté face aux charges rageuses du 1er, «humilié» meilleures sur la corne gauche, mais cela ne durait pas longtemps et le trasteo du jeune Portuguais baissait de ton. Des statuaires et passes par le bas mettaient en suerte pour une estocade tombée. Le 4ème, accueilli par un double péndulo, le novillo, tardo, grattant le sol, était obligé de charger, «Juanito» imposait sa loi, laissant la muleta basse à la vue du novillo pour le forcer à répéter ses charges. Sans caste évidente, le novillo s’arrêtait et la fin de la faena se déroulait aussi près des planches, des bernadinas encore, une arrucina, et profitant d’une charge surprise, l’épée était placée, verticale, al encuentro. Un descabello.
Antonio Grande, se présentait à Madrid auréolé d’une réputation qu’il s’efforçait de démontrer tout au long de ses faenas de muleta, car, à la cape, il devrait «revoir sa copie» (période du baccalauréat). On notait toutefois un bonne demi-véronique à genoux. A son premier, qui permettait faena, il l’accueillait par un farol à genoux raté et poursuivait par des passes des deux mains, al hilo, décollé de la trajectoire du novillo. Une passe dans le dos pour la galerie, mais embrouillée. A l’épée ce n’était guère mieux : un pinchazo, un metisaca, une lame desprendida. On invitait à saluer le jeune garçon ?? Le 5ème était un novillo presque transformé en statue sauf quelques demi-charges avec hachazo. Rien à faire. Des pinchazos pour couronner le tout et un avis.
« Juanito »: silence ; un avis et saluts. Antonio Grande: un avis et applaudissements; un avis et silence. Diego San Román: saluts ; un avis et saluts. On remarquait Juan José Trujillo aux banderilles et Manuel Izquierdo à la brega et banderilles, tous deux de la cuadrilla de Diego San Román. Temps chaud > 32oC. 16.500 spectateurs |
Georges Marcillac