Pedraza de Yeltes a présenté un lot irréprochable de trapío, certains braves comme "Brigadier", les autres collaborateurs à des degrés divers. Isaac Fonseca a tutoyé le triomphe et Román a confirmé sa sincérité sans triompher. Quant à Colombo, sa volonté n’a pas suffi à compenser sa technique.
Román va chercher le premier Pedraza, arrêté. Le vent et la charge au trot, puis accélérée à l’emboque, l’incite à bregar. Le manso s’escrime avec la puya sans pousser et sort seul. Le toro tarde longuement à s’élancer pour la seconde pique et, lorsqu’il charge, il pousse puis sort seul. Quite électrique de Colombo par chicuelinas et demi-véronique. La sensation est qu’au second tiers le bicho développe sentido. Brindis au public. Román rejoint le toro dans la querencia que ce dernier a choisie. Muleta à droite, il réalise des doblones et est averti sur la corne gauche. Il y a de la tension dans l’air. C’est sur cette corne pourtant que le matador décide de réaliser les deux premières tandas intenses, en allongeant la charge et jambe en avant. Alors qu’il entame la troisième série, le toro commence à abandonner le combat. Román passe à droite et, compas ouvert, lie une série de dominio intense. La suivante est un ton en dessous, mais avec l’assentiment des tendidos. Quelques ayudados por bajo sur jambe fléchie précèdent un metisaca et une entière légèrement trasera alors que sonne l’avis. Deux descabellos. Palmas au toro, ovation et vuelta à l’initiative du matador.
Román doit limiter sa réception au quatrième à une brega. Le toro combat sans verve sous la première pique. Il y retourne pour mettre les reins une seconde fois. En tablas, Román entame sa faena avec tanteo vers le centre où il cite à droite et s’applique passe par passe. Il fait un pas vers la trajectoire pour combler l’espace laissé par le toro et, peu à peu, enchaîne les derechazos. À gauche, le vent le découvre et il opte pour un retour à droite. Le bicho, distrait, avance au pas. Des derechazos de face, parmi d’autres forcés, terminent le trasteo. Pinchazos portés sans conviction ou pire, avis, bronca et demi-épée en bajonazo. Plusieurs descabellos. Silence.
Jesús Enrique Colombo reçoit son premier par véroniques pieds joints, puis compas ouvert, avec efficacité en gestion du vent. Le toro charge de loin et s’emploie sans excès sous une mauvaise pique. Le matador réalise un quite par chicuelinas risquées, car la cape flotte. Toro au centre, le picador "cite", le toro charge et pousse pour une puya cette fois mieux portée. Le tonnerre gronde alors que Isaac Fonseca s’avance pour des véroniques appliquées, dont une pieds réunis. Colombo répond sans véritable motif, par delantales tous sur la corne droite ainsi que le remate. Le second tiers à la charge de Colombo se compose d’un poder a poder, un cuarteo "cité" de près et un autre avec remolino lorsque la pluie fait son apparition. Brindis au public. Au centre, le Vénézuélien aligne les naturelles qui ne transmettent pas aux tendidos. À droite, fuera de cacho, il cumule les muletazos et se fait accrocher l’engaño à l’occasion. La charge est molle et le torero, malgré son insistance, a du mal à connecter. La faena se termine en toriles. Manoletinas et entière desprendida d’effet rapide. Pétition d'oreille et vuelta.
Le cinquième est reçu par Colombo en va-et-vient. Les piques se déroulent avec intensité, car le toro pousse et le picador exagère au premier passage. Au suivant, le toro lève la tête et prend encore une forte ration. Colombo se charge des garapullos. Un cuarteo à cornes passées, suivi par un poder a poder non cadré, et enfin un poder a poder tête passée. Brindis personnel. Le tanteo est suivi par des derechazos lointains et corps penché. Ce toreo marginal n’est pas du goût de Madrid. À gauche, le torero est bousculé. Il insiste et est aussi mis en difficulté à droite. La charge est courte et le toro calamochea. Le public frigorifié proteste. Sartenazo. Sifflets.
Isaac Fonseca bagarre avec son premier adversaire ainsi que les conditions météo. Au cheval, le pedraza-de-yeltes rompt et fuit en manso, passant au cheval de réserve sans plus de détermination. Il retourne de lui-même pour une nouvelle ration. Brindis TV. Au centre, muleta à droite, le Mexicain cite de loin et se fait quelque peu déborder en plusieurs passages. La charge est courte avec calamocheo. À gauche, le torero n’est pas plus à l’aise. Il n’a jamais essayé de baisser la main. Il fait encore une tentative à droite en reculant sous la pression. Il cite de loin pour porter un bajonazo. Silence.
Le dernier de Pedraza est réceptionné par Fonseca par lances de fixation vers le centre. Le toro pousse sous la pique et ensuite humilie dans la cape dominatrice de Juan Carlos Rey. Son second passage aux piques est tout aussi éloquent, mais pas celui du picador. Fonseca met le toro au centre pour une troisième rencontre. "Brigadier" calcule puis fonce pour une grande prestation des deux protagonistes, en l’occurrence Borja Lorente. Ovation. Énorme prestation de Juan Carlos Rey avec les palos en poder a poder et en cuarteo, sans aucun doute le moment de la tarde. Ovation de gala et salut avec Jesús Robledo "Tito". Brindis au public. A genoux, Fonseca cite au centre pour des derechazos et double pase de pecho conduits et profonds. Main basse, le Mexicain poursuit sur cette corne, avec lié et profondeur, sans perdre de terrain en deux séries. À gauche, la muleta est d’abord touchée. Vient ensuite une série courte avec trincherilla et double pase de pecho. Les derechazos suivants sont les plus profonds. Ayudados vers les tablas en toute confiance et engagement. Un metisaca en entrant avec toute son énergie, puis entière desprendida. Vuelta al ruedo à "Brigadier" de Pedraza de Yeltes et oreille pour Isaac Fonseca.
René Arneodau