Après le paseíllo de cette corrida dominicale, une minute de silence était observée à la mémoire du matador de toros Pedro Giraldo qui décédait le matin même des suites d’une délicate opération chirurgicale. Il avait 77 ans. Banderillero de nombreuses cuadrillas dans les années 80, il était commun de le rencontrer au cours de tertulias entre amis taurins habitués de Las Ventas. Nous adressons nos condoléances attristées à sa veuve Muriel Feiner, écrivaine et photographe réputée et présidente du Club Taurin International de Madrid. REPⴕ.
Autant en présentation qu’à leur conduite en piste, les toros de Baltasar Ibán ne répondaient pas aux expectatives des aficionados plutôt enclins à exalter les qualités passées ou latentes des pensionnaires de la finca “Wellington” de El Escorial. Â la lecture du sorteo du matin, le nom du toro qui allait sortir cinquième, de nom “Bastonito”, ravivait le souvenir impérissable d’une faena épique de César Rincón le 7 juin 1994 à un autre “Bastonito” nº 25 de 501 kg. Ce fut ce toro nº 35 de 592 kg, né en février 2020 qui, fidèle à sa lignée, montrait de grandes qualités de charge, aux trois tiers, avant de s’éteindre – trop tôt – après quatre séries surtout sur la gauche de Francisco de Manuel. Les deux piques de Luis Alberto Parrón furent telles que le public en réclamait bruyamment une troisième, prenant parti pour le toro et négligeant la faena du torero qui, contre vents et marées, tentait et y réussissait de réaliser un bon toreo profitant des charges “humiliées” du toro qui semblait infatigable. Mais celui-ci finissait par ne plus répéter dans la muleta… N’étant pas une corrida concours, la troisième pique ne s’imposait pas pour la corrida d’aujourd’hui. Dans ce cas, c’est le matador en piste qui commande et qui fait changer le tercio s’il le juge nécessaire pour la suite de sa faena et non pas le public aficionado? qui magnifie – avec juste raison – le tercio de varas mais qui, déraisonnablement exigerait sa prolongation quelles que soient les conditions de la lidia. Le toro répondait au cite de Francisco de Manuel depuis le centre du ruedo, à genoux. Le jeune madrilène terminait mieux debout ce début de faena et la continuer sur la droite avec la classique passe de poitrine en final. Encore, pour des naturelles, le cite de loin ajouté à la course et transmisión de “Bastonito”, faisaient merveilles. Quelques pases ayudados por bajo en remate ou pase del desprecio concluaient des séries que finalement le public n’appréciait qu’à moitié. À partir de là, le toro cessait de répéter ses charges dans la muleta et la faena se prolongeait en perdant le crédit obtenu auparavant. L’estocade verticale n’était pas d'effet immédiat et sonnait un avis. Francisco de Manuel recevait par des véroniques un toro, le 2ème, juste de hechuras. Les deux piques en arrière et un tercio de banderilles dominé par Juan Carlos Rey auguraient quelque espoir pour la faena entamée par des doblones au centre du ruedo. Mais par la suite, le toro sortait de la suerte et la répétition des passes dénaturait le sens de la faena qui se prolongeait et perdait intérêt. Estocade bien exécutée et desprendida.
Le Mexicain Ernesto Javier Tapia “Calita” passait une nouvelle fois à Las Ventas avec plus de peine que gloire avec pour adversaires des toros pas très vifs et surtout toréés avec un excès de précaution, à distance au 1er qui ne s’était pas livré dans une muleta timide. Le 4ème ne chargeait pas sur la gauche durant un interminable et incompréhensible tercio de banderilles – le fautif étant le banderillero “Lipi” – pas plus qu’à la muleta, ensuite, de ce côté. Sur la droite, il répugnait à charger. L’estocade tombait basse.
Álvaro Alarcón n’est plus que l’ombre de lui-même de ses débuts à Las Ventas comme novillero, triomphant et sortant par la Grande Porte le 23 mai 2022. Une grave blessure à la poitrine et une autre à la clavicule ne furent pas le meilleur moyen d’embrasser la carrière de matador après son alternative du 10 mai 2023 à Madrid. Le 3ème, abanto, se désintéressait des capes avant d'être bien piqué par Juan Francisco Peña. “Pirri” réalisait une bonne brega pour habituer le toro au leurre. A la muleta, c’est aussi à contre coeur que ce dernier répétait ses charges sur la droite et pas mieux à gauche, malgré une belle naturelle, isolée, sans répétition ni “humiliation” par la suite et tirant vers les tablas. Sans réagir, le toro recevait une estocade tendida. Le 6ème lançait ses pattes avant dans la cape de réception et prenait deux piques vite relevées par Alberto Sandoval. Les déplacements au second tercio paraissaient ceux d’un manso, “Pirri” se distinguait aux banderilles. Les premières charges à la muleta, vibrantes et claires permettaient quelque espoir. Mais en fins de passes, la tête suelta, expliquait les accrochages de muleta. A partir de là, ce toro ne chargeait plus, accentuant son défaut de tête. En conclusión, l’épée était portée en arrière, un peu de côté, desprendida.
“Calita”: un avis et silence; silence. Francisco de Manuel: un avis et silence; deux avis et saluts. Álvaro Alarcón: silence aux deux. Juan Carlos Rey saluait après la pose des banderilles au 2ème. Étaient applaudis les picadors Juan Francisco Peña au 3ème et Luis Alberto Parrón au 5ème, respectivement des cuadrillas d’Álvaro Alarcón et Francisco de Manuel. 15.111 spectateurs. |
Georges Marcillac