Célébrés l’an passé, les toros de José Escolar Gil ne furent pas, aujourd’hui. à la hauteur de leur réputation face à trois matadors habitués aux difficultés et spécificités de l’encaste Albaserrada. Des toros âgés de juste quatre ans (3ème, 5ème et 6ème). les autres plus avancés et tous de fort belle présentation, armures et hechuras, trapío pour les 4ème et 6ème, ce dernier atteignant les 597 kg. La plupart restaient en deça de leurs caractéristiques habituelles, agressivité principalement, tout en développant les difficultés inhérentes à leur espèce, pas très réceptifs aux capotazos de réception, retours hasardeux en fins de passes de muleta, de sentido, et jouant facilement de leurs cornes. Somme toute, manque de race des toros, ennui du public et surtout déconvenue des toreros.
Fernando Robleño amenait le premier escolar vers le centre du ruedo san savoir pu le fixer, à la cape, depuis le tercio. Ce toro allait au pas à la rencontre de la cavalerie, sans excessive codicia – c’est le moins qu’on puisse dire – aux banderilles non plus. Fernando Sánchez plantait bien la paire de banderilles qui lui correspondait en tant que troisième de la cuadrilla. La charge limitée et parfois les retours vifs du toro obligeaient Fernando Robleño à corriger sa position entre chaque passe. Parfois l’occasion se présentait de dessiner, sur le voyage, un derechazo. Ici, le zapatillazo s’imposait pour profiter de l’inertie des charges. Sur la corne gauche, c’était plus compliqué. C’est dans la dernière série que la ligazón était obtenue, dans le tercio face au T6. Sonnait un avis avant de monter l’épée pour un pinchazo et une estocade entière, verticale, presque contraire. Plusieurs descabellos… face au T1. Le quatrième, un tío, lançait ses pattes avant dans les capotazos de réception… et les suivants. Aux piques, la première en arrière, il fléchissait des antérieurs en sortant suelto de la deuxième. La charge de ce toro était déjà descompuesta, sans vraiment se définir dans le tanteo à la muleta. Fernando Robleño usait de sa technique, son placement et son expérience des toros d’Escolar Gil, pour voler quelques passes à ce toro sans “humiliation” ni entrega. À l’épée, il portait successivement deux estocades tendidas.
Damián Castaño saluait après chacune de ses faenas, c’est dire l’effort qu’il réalisait face à des toros qu’il devait “consentir” et donner un semblant artistique à ses faenas. Le premier tercio de varas au 2ème fut de loin le moment culminant de cette soirée. Un toro fuyard qui, malgré tout, poussait fort jusqu’aux tablas le cheval monté par Alberto Sandoval dont la manière de lancer la pique et placer la puya faisait merveille. Sous la poussée, déséquilibrant le cheval par la croupe, la chute était inévitable. La deuxième pique n’était pas appuyée mais ce qui importait fut les cites en déplaçant la monture face au toro, long à la détente. Une troisième pique s’imposait avec le même manège, belle monte et déplacement du cheval, puya pointée avec précisión. Le public debout acclamait le picador. Damián Castaño “citait” de loin le toro pour deux séries de la droite, décollé de la trajectoire. Le toro se réservait ensuite et les naturelles de face, serrées en fin de parcours à cornes passées impressionaient tout de même. La dernière série à droite n’apportait rien. Damián jouait son va-tout en portant l’estocade sans donner la sortie habituelle hors d’atteinte de la corne mais au contraire restant sur la face, dans le berceau des cornes, avec seulement une forte bousculade. L’épée entrait, décisive. Le 5ème chargeait “humilié” et jouait de la corne des deux côtés dans la cape, punteando. Il recevait une forte deuxième pique alors qu’il se montrait réservé, statique jusqu’au dernier moment, caractéristique qui rendait difficile la pose des banderilles. La faena de muleta, face à un toro avisado, Damián Castaño se croisait, insistait et réussissait, sur la fin, des naturelles de tracé long, méritoires dans le tercio des planches. En suerte contraria, l‘estocade tombait basse, tendida.
Gómez del Pilar était le seul à tenter de toréer, d’entrée, à la cape des toros qui habituellement ne se prêtent pas à cet exercice. La série de véroniques, agitées, se terminaient par une demi-véronique au centre du ruedo en réception du 3ème. Ses charges vives face au picador et aux banderilles, s’émoussaient à la muleta. Toutefois la première série était marquée par le mando et le temple des premiers derechazos du Madrilène. Ensuite, ce toro "doutait” et se collait à la deuxième passe. Pour cela, on observait une série de passes de la droite, de deux en deux, la deuxième pa’dentro. Des naturelles, une à une, mais la passe de poitrine de la droite était risquée. Des naturelles de la droite…, tête du toro à mi-hauteur, sans grand effet. Des doblones avant de cadrer pour une estocade tombée. Le mastodonte 6ème, de bonnes hechuras malgré son poids et volume, ne poussait pas sous la pique et gênait spécialement les banderilleros dans ses charges au pas, tête relevée au moment de l’embroque. Le gazapeo se confirmait et la transmissioon était nulle. Sans faena, l’estocade desprendida, verticale, en terminait avec cette corrida décevante dont on attendait beaucoup plus.
Fernando Robleño: deux avis et légers applaudissements; silence. Damián Castaño: saluts aux deux. Noé Gómez del Pilar: un avis et saluts; silence. Alberto Sandoval de la cuadrilla de Damian Castaño recueillait des applaudissements nourris aux piques du 2ème. De cette même cuadrilla Raúl Ruiz saluait aux banderilles. 17.152 spectateurs. |
Georges Marcillac
Photos Plaza 1