Cette petite ville de la province de Jaén accueillait une corrida de toros en prélude à la première étape de la Tournée de Reconstruction 2021 – de la FTL et Movistar Toros - qui débutera les 29 et 30 avril prochains à Zafra (Extremadura). Le mois de mai s’annonce taurin et madrilène avec le festival de Las Ventas du 2 mai, la mini-feria de printemps de Leganés et la San Isidro du Palacio de Vistalegre. Enfin des toros à Madrid après l’année blanche de 2020 ! Espérons que de nouvelles mesures restrictives et orientées ne viennent pas perturber ce programme régénérateur.
Avec seulement 1000 spectateurs autorisés, cette corrida se déroulait sous un ciel nuageux et une légère brise en présence de la télévision du canal Movistar Toros. Les trois matadors Diego Urdiales, Emilio de Justo et Juan Ortega signaient des faenas intéressantes en s’accommodant et même surpassant les carences et les quelques difficultés que présentaient les toros de Santiago Domecq Osborne. Des toros de cinq ans sauf le 3ème, de hechuras et armures variées, en accord avec une place de troisième catégorie, de joli trapío le 5ème, et des comportements divers : le 1er allait d’un bout à l’autre de la piste pour des rencontres discrètes avec le cheval, les 4ème et 6ème recevaient deux piques, les autres une seule, avec poussée constante du 2ème . Somme toute, de la variété pour le premier tiers, sans excès de châtiment.
Le bilan au nombre de trophées donnerait Emilio de Justo net vainqueur de cette corrida si toutefois on devait faire ce calcul en matière taurine. Ce torero en était à sa troisième course cette année et coupait chaque fois les oreilles, c’est dire sa forme mais aussi la manière qu’il avait employée pour ces résultats. Ses deux faenas eurent comme dénominateur commun l’envie de bien toréer et la capacité d’adapter son toreo à deux toros, l’un très mobile et « encasté », le 2ème, de meilleure classe le 5ème. Dans les deux cas, la transmission des charges, « templées » dans les doblones d’entrée, apportait l’émotion et permettait à la faena de se dérouler à un bon rythme, plus vibrante la première, plus posée la deuxième. La muleta était bien conduite, de préférence de la main gauche, les passes allongées par la distance et le placement, les passes de poitrines prolongées à l’extrême. Le 5ème, ayant ralenti et raccourci ses charges, était toréé de plus près et les passes s’avéraient plus profondes. L’estocade a recibir au 2ème valaient à Emilio de Justo les deux oreilles. Sa dernière faena se terminait par des pinchazos et une estocade delantera était néanmoins primée d’une oreille.
Diego Urdiales écourtait sa faena à son premier, suelto, inconstant, sans classe aucune et on appréciait une estocade entière contraire qui en finissait avec cet exemplaire peu collaborateur, mansote. On pouvait penser que la chance n’était pas, en ce jour, en sa faveur car le 4ème ne donnait que peu d’espoir, irrégulier et bronco dans ses charges. Néanmoins, à la muleta, Diego faisait une démonstration de science et maestria, de vaillance aussi, car il dut assujettir « Mariscal » - nom du toro – et se montrer, lui, le chef de guerre : des doblones et ensuite des séries dans lesquelles le toro tantôt entrait bien dans la muleta tantôt en sortait, distrait, pour ensuite recharger en se serrant. La muleta, pour cela était tenue à distance pour peu à peu rapprocher les passes, ne plus perdre de terrain, allant d’un pas en avant pour garder le toro et finalement lier les derechazos et signer une très belle série. Estocade entière contraire, de nouveau. Une oreille amplement méritée.
Juan Ortega touchait les deux toros les moins favorables au déploiement de son art désormais reconnu. Le 2ème, le plus faible du lot, ne pouvait répéter les charges. Les derechazos, isolés, lents, d’une douceur infinie ne pouvaient que satisfaire les aficionados épris d’un toreo de grande classe. Sur la fin, réfugié près des barrières, le toro se désunissait, grattait de sol et ne passait que par intermittence. Accroché en portant l’estocade, Juan Ortega écopait une cornada interne qui ne déchirait même pas la taleguilla… Sorti de l’infirmerie, au dernier, le Sévillan dessinait une faena presque uniquement de la droite, de passes isolées ornées de remates très toreros. Bien placé, vertical, naturel, temple, encore une fois, la classe du torero éclatait. Un pinchazo et une estocade entière. Une oreille. A la cape, à ses deux toros, Juan Ortega avait brillé dans des véroniques reposées, cadencées, de parfaite exécution.
Diego Urdiales : saluts ; une oreille. Emilio de Justo : deux oreilles ; une oreille. Juan Ortega : un avis et silence ; une oreille. Le toro “Durillo” 2ème : vuelta al ruedo. Andrés Revuelta de la cuadrilla de Juan Ortega et “Morenito de Arles” de celle d’Emilio de Justo saluaient après la pose des banderilles aux 3ème et 5ème. Juan Ortega, opéré à la fin de corrida, souffre d’une cornada de 6 cm qui affecte la fascia des fibres musculaires. Pose d’un drain. Sans gravité. |
Georges Marcillac
Photos: Tauroemoción et cultoro.com
Merci à Alberto Garcia (& TOROS TV) de nous laisser rêver :
- Des Domecq exigeants (non les Algarras des derniers weekends)
- Des hommes en piste qui risquent leur vie pour qq Euros,
- Des images pour la semaine : Urdiales et son second (il méritait la 2ème oreille d'une arène de 3ème !!!), De Justo et ses pechos et l'autre tauromachie d'Ortega (les 3 véroniques du 1er).
Chapeau à Alberto Garcia (une fois de plus absence du lleno sanitaire), Toros TV (direct et rediffusions 24/24), professionnels en piste (en 1ère ligne pour qq Euros), et à la tolérance du public aficionado de Villanueva del Arzobispo.
Toujours un plaisir de vous lire, je vous trouve dur avec les Santi Domecq.
NB : Si vous avez une petite souris à la Maestranza, vous serait-il possible de nous faire une petite analyse sur Pages (et sa grosse manipulation d'Avril) et Système qui continuent à supporter indirectement les anti & politiciens espagnols ?
Heureusement que les petits impresarios (grosse pensée à Jean Batiste Jalabert) et TV régionales espagnoles (petite pensée à notre FR3) continuent à mouiller la chemise.
Au Plaisir
Dominique ROGER
Effectivement, Alberto García est un entrepreneur “entreprenant”. Son indépendance est méritoire. Madrid aura l’occasion d’assister à la “feria” de Leganés en mai avec trois affiches attractive. Par ailleurs il fait “travailler” ses toreros et leurs cuadrillas. De plus j’ai eu l’occasion de l’inviter à une tertulia à Madrid pour nous expliquer sa politique d’empresa.
Etant à Madrid je ne connais pas vraiment les dessous de l’affaire de Séville. Mais sans trop se tromper, la politique a eu malheureusement son impact sur la décision d’annuler la feria.
Merci pour lire toreoyarte.
Georges Marcillac
Effectivement, Alberto García est un entrepreneur “entreprenant”. Son indépendance est méritoire. Madrid aura l’occasion d’assister à la “feria” de Leganés en mai avec trois affiches attractive. Par ailleurs il fait “travailler” ses toreros et leurs cuadrillas. De plus j’ai eu l’occasion de l’inviter à une tertulia à Madrid pour nous expliquer sa politique d’empresa.
Etant à Madrid je ne connais pas vraiment les dessous de l’affaire de Séville. Mais sans trop se tromper, la politique a eu malheureusement son impact sur la décision d’annuler la feria.
Merci pour lire toreoyarte.
Georges Marcillac