Au royaume des aveugles… “El Fandi” sortait en triomphe de la dernière des Fallas en ayant touché les deux meilleurs toros de la corrida et s’étant promené,,, c’est à dire sans vraiment toréer comme le méritaient ses deux opposants. Ses compagnons de cartel Paco Ureña et Emilio de Justo, n’eurent pas la même chance, bien que le torero de Lorca enseignait un bon toreo en fin de faena au 5éme. Les toros de Montalvo affichaient des hechuras justes pour une place de première catégorie mais, on le sait, Valence n’est ni Madrid, ni Bilbao en cette matière. Certains étaient bien armés, pas trop vaillants sous la pique, presque tous sortant sueltos de la deuxième rencontre, en général dociles à la muleta sauf les deux qui échurent à Emilio de Justo.
David Fandila “El Fandi” fidèle à son image, et son ancienneté le prouve, est un torero dont le charisme attire les foules, par son jeu à la cape et aux banderilles dont il abuse souvent. Ses capacités physiques paraissaient intactes même après deux opérations des vertèbres lombaires en mai et noviembre 2023! Malheureusement son expérience n’est pas toujours mise à profit pour ses faenas de muleta, trop superficielles celles-ci, surtout lorsque ses toros et possibles succès, lui permettraient d’asseoir une meilleure réputation. Ce fut encore le cas aujourd’hui avec, malgré tout une sortie a hombros! Le 1er de Montalvo, ancho de sienes, mettait bien la tête dans les premiers capotazos mais sautillait en fin de passe. Des chicuelinas marchées pour diriger le toro au cheval et on passait au tercio de banderilles: quatre paires, avec permission du président pour la quatrième, une al sesgo por fuera, la dernière al violín. Facilité et succès populaire. Le toro répétait dans la muleta accélérée de El Fandi, qualité au-dessus du traitement qui lui été appliqué. L’estocade habilement portée mais bien placée, un peu en arrière, assurait l’octroi de l’oreille! Au 4ème, accueilli par une larga cambiada à genoux, nouveau festival aux banderilles, une paire al sesgo por dentro, une autre al violín et l’on passait à la faena de muleta. Le toro avait tendance à sortir des suertes mais il y revenait avec qualité et transmission. Les passes étaient donc liées, à distance. Peu à peu, le toro se dirigeait vers le terrain du toril où là, il recevait un circular invertido lié à une passe en rond et martinete avec l’effet que l’on devine. Un demi-estocade, verticale. suffisait et l’oreille demandée était à nouveau accordée.
Paco Ureña n’avait pas l’occasion de briller à la cape, suelto le toro sorti en deuxième position, batailleur sous la première pique, poussant sous la seconde mais sortant suelto… Dans la muleta, descompuesto au début, il finissait la tête en bas pour une bonne série liée de la droite, mais ses charges se réduisaient sur la gauche. La faena se terminait pas des naturelles courtes, pieds joints. Estocade desprendida et efficace. Petite faena sans forcer à un toro irrégulier dans ses charges selon les terrains et distances. Le 5ème, se freinait dans les capes, refusait le combat aux piques, indices de mansedumbre et reservón au deuxième tiers. Tout cela disparaissait à la muleta, prise par le bas, après un bon tanteo et quelques doblones. Malgré l’absence de ligazón, les dernières passes de la droite et surtout de la gauche donnaient de l’importance à l’application que mettait Paco Ureña à dessiner surtout des naturelles. Celles-ci, muleta basse y compris des naturelles de la droite – sans l’épée montant la muleta – “citant” de trois-quarts et tirant le toro. Du beau travail gâché par une demi-lame atravesada, peu efficace, et poursuite le long des barrières du toro moribond, à la limite du deuxième avis.
Emilio de Justo ne pouvait quasiment rien faire avec le 3ème, un toro large d’encornure, sauteur dans la cape, fléchissant des antérieurs et un port de tête tantôt en bas, tantôt relevé en hachazo, cabeceo dans la muleta, se retournant sans trop vigueur… Heureusement pour tous, l’estocade d’effet immédiat après un pinchazo, mettait fin à cette faena indigeste. Le 6ème, maigrichon, pattes arrière raides, indigne de cette place, même pas protesté à sa sortie, se montrait incapable de se déplacer ni aux banderilles, ni à la muleta, charges courtes, tête en l’air, sans pousser du train arrière. Il fallait en finir vite. Un pinchazo hondo venait à bout de l’animal.
“El Fandi”: une oreille aux deux; sortie a hombros. Paco Ureña: ovation; un avis et saluts. Emilio de Justo: silence au deux. |
Georges Marcillac
Photos: mundotoro.com