Mont de Marsan – 20 juillet 2024 – 5ème de Feria –Désarroi des aficionados à propos du mano a mano Emilio de Justo avec “Clemente” et des toros de la Quinta.

Les années se suivent et les succès de l’une ne peuvent être répétés la suivante. Emilio de Justo et “Clemente” et les toros de La Quinta avaient offert un grand spectacle, le 22 juillet 2023 dans ces mêmes arènes. L’embellie restera dans les mémoires et paraîtra plutôt un rêve car la corrida d’aujourd’hui ne fut que la somme de déconvenues en ce qui concerne les toros de La Quinta, de présentations inégales – on aimerait toujours admirer des toros gris/ cárdenos – l’image presque iconographique de l’encaste Santa Coloma – de leur bravoure mesurée mais subtile… Ensuite, on attendait des matadors, plus engagés dans leur combat, voulant forcer le succès et le soutient des aficionados. Peut-être eux-mêmes avaient perdu leur moral face à des toros qui n'étaient que l’ombre de leur réputation. Emilio de Justo dont la carrière est maintenant consolidée peut se permettre quelques faiblesses mais “Clemente” doit encore tout prouver à soi-même et aux aficionados, malgré son extraordinaire actuación de l’an dernier. Les trophées accordés, ce jour, n’avaient aucune signification car demandés par un public partisan? et concédés par une présidence laxiste.

Emilio de Justo recevait un toro, le 1er, de jolies hechuras, qui “humiliait” et répétait dans les premiers capotazos. Il amenait le toro au cheval par chicuelinas marchées. La deuxième pique était sévère, le picador re-piquant, de plus en carioca. “Clemente” réalisait un quite par chicuelinas "templées" auquel répondait Emilio de Justo par des chicuelinas, maniérées, basse la main de sortie. Maladroits les banderilleros. Les doblones du début de faena n’étaient pas du goût de l’animal qui se dirigeait vers les barrières. Le toro ne se livrait pas dans deux séries de la droite et de naturelles et… s’affaissait, vidé. Un pinchazo et un autre hondo, tendu, suffisaient. Le toro était sifflé à l’arrastre. Le 3ème, plus costaud d’apparence, large d’encornure, sortait de la cape d’Emilio de Justo. Il s’escampait sous la piqûre en deux premières charges, essayant d’éviter le cheval, et recevait une pique légère en carioca. “Clemente” renouvelait un quite “templé” et recevait le brindis d’Emilio de Justo.  Le tanteo marché, terminé par une passe de la gauche était du meilleur effet, le toro “humiliait” dans une charge elle aussi “templée”. Vertical, relâché, Emilio de Justo composait sa faena de passes en redondo ou de naturelles incomplètes mais liées à une charge raccourcie du toro. Il en était de même pour les dernières naturelles de face, “templées” avec le remate par le bas en guise de molinete. Cette faena légère mais spectaculaire se terminait par une estocade un peu en arrière portée avec un petit saut, déterminé, au dessus de la corne. Un oreille. Le 5ème avait aussi les hechuras de santa-coloma mais de moindre trapío. Après deux piques arrière et un triste tercio de banderilles, la faena montrait une versión moins engagée d’Emilio de Justo qui toréait en faisant passer le toro à distance avec beaucoup de passes en rond du goût du public mais, à vrai dire, sans intérêt. Le petit saut typique à la mise à mort n’avait pas le même effet que précédemment: la tropisième tentative fut la bonne. Un avis.

Clément Dubecq “Clemente” allait deux fois a porta gaiola pour recevoir ses deux premiers toros. Il tombait, lui aussi, dans cette mode, respectable, mais sans la rigueur orthodoxe que l’on reconnaît aux premières passes qui doivent tester la charge et qualité du toro. Malheureusement, ses trois faenas, à de rares exceptions près, avaient le dénominateur commun de la fadeur peut être contagieuse de celle de ses opposants, décollé de la trajectoire du toro, de profil, dans des passes en rond répétées. “Clemente” ne donnait pas l’impression de vouloir surmonter les difficultés, si elles existaient, de ses trois toros. Ceux-ci inégaux de comportement, pas “agréables” au début, correoso le 2ème, le 6ème tendait à se coller des deux côtés, ils allaient au cheval mais en réalité n’étaient pas piqués. A la muleta, ils ne présentaient pas de problèmes apparents, le 2ème entrait et sortait la tête en l’air, plutôt insipide le 4ème. Les estocades placées au premier coup d’épée sans grand style avaient l’avantage de la rapidité d’exécution et efficacité.

Emilio de Justo: silence; une oreille; un avis et silence. “Clemente”: une oreille; saluts; silence. Au 2ème, Juan José Domínguez et Mario González de la cuadrilla de Clemente saluaient après la pase des banderilles. Arènes pleines. Passages nuageux et température plus… clémente, si l’on peut dire.

Georges Marcillac

Photos: André Viard pour mundotoro.com

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