L’affiche de l’ouverture de la Feria d’Automne annonçait une novillada de El Tajo et La Reina, deux fers jumeaux du torero retiré José Miguel Arroyo « Joselito » face à des novilleros qui avaient à divers titres marqué la saison qui s’achève : Manolo Vanegas, actuellement en tête de l’escalafón qui, en avril dernier, avait été primé d’une vuelta al ruedo, tout comme Pablo Aguado, sévillan, deuxième au paseillo aujourd’hui et Rafael Serna qui avait fait bonne impression avant de recevoir une vilaine blessure lors de sa présentation à las Ventas après la San Isidro. Le premier, vénézuelien bien connu en France, est tout près de l’alternative alors que les deux autres novilleros en sont encore à se faire un nom et devraient s’affirmer la saison prochaine.
Les novillos d’El Tajo et La Reina (1er et 4ème) furent la déception de cette après-midi d’automne, de douce température. Les forces limitées, quelques faiblesses des antérieurs, ils n’offraient pas un grand tercio de piques avec des châtiments « dosés » et au cours des faenas ils allaient a menos, terminant arrêté les 1er et 6ème. Le premier d’El Tajo (2ème) devait d’ailleurs être remplacé par un de ses congénères (celui qui devait sortir en cinquième position), le sobrero était de l’élevage Ave María, ganadería française établie près de Constantina (Sevilla) née de l’association de Philippe Pagès et Robert Margé à partir des produits de Javier Molina (Jandilla/Fuente Ymbro). Le meilleur du lot était le 4ème et permettait, au moins, à Manolo Vanegas de briller.
Le premier, de La Reina, avait les hechuras d’un joli novillo mais, d’entrée, il fuyait les capes et ne s’employait que timidement sous le cheval. A la muleta, il donnait de la tête à la fin de charges courtes. Les passes de la droite et les naturelles étaient par instant de bonne facture bien que, peu à peu, le novillo s’arrêtait à moitié parcours. Manolo Vanegas ne bronchait pas devant les parones et en finissait par une estocade entière légèrement atravesada. C’est au quatrième que le vénézuelien se livrait à fond, à genoux, à la cape pour une larga cambiada au fil des barrières et, en début de faena de muleta à genoux encore, il accueillait le novillo par des passes hautes. La tentative de toréer dans cette position en redondo échouait mais debout il enchaînait vaillamment des séries des deux mains apparemment pas gêné par le calamocheo du novillo qui peu à peu s’assagissait mais terminait descompuesto. Manolo Vanegas se montrait ainsi ferme devant ces difficultés pour boucler sa faena par une série de la droite, templée, un cambio de dos, une passe de poitrine de 270o et une autre série, celle-ci de luquecinas très serrées. L’estocade verticale était concluante et aux applaudissements se mêlaient quelques mouchoirs pour une pétition d’oreille.
Pablo Aguado recevait le sobrero d’Ave María au centre de la piste pour une larga cambiada, qu’il répétait sur le retour du novillo qui le secouait sur plusieurs mètres, échappant par miracle à une blessure après cette témérité inutile. Visiblement diminué et le souffle court (traumatisme costal) il reprenait les trastos et sa faena, bien commencée par des doblones, allait s’effilocher au gré du du novillo, violent au début, tournant sur ses pattes avant, pour ensuite faiblir des antérieurs et s’arrêter sur la fin. Pablo Aguado baissait la muleta et dessinait des passes templées mais isolées sans consistance suffisante pour intéresser ni le novillo ni le public… Un avis sonnait lorsqu’était portée une estocade entière arrière. A son premier, qui montrait fixité et répétition dans ses charges à la cape, il avait dessiné des véroniques estimables au centre du ruedo et poursuivait son trasteo à la cape par des chicuelinas, le novillo se déplaçant et mettant la tête dans le leurre. A la faena de muleta, Pablo Aguado devait s’adapter à un novillo, tardo mais violent dans ses démarrages, qui se retournait rapidement et obligeait le torero à se repositionner. Les passes de la droite étaient mieux dessinées et achevées, moins bien de la gauche car de ce côté le novillo rechignait à entrer dans la muleta. Les passes hautes aidées de la fin, une naturelle lente de remate, précédaient une estocade entière portée avec un petit saut mais avec énergie. Pablo Aguado s’était montré bien au-dessus des conditions médiocres de ses deux novillos.
Rafael Serna fut le moins bien servi du lot, ses novillos ne lui laissant aucune chance d’exprimer les qualités et style montrés lors de sa présentation à Madrid. La mollesse de charge et faiblesse de son premier et la torpeur du 6ème ne permettaient au jeune sévillan que quelques passes isolées. De plus, sa déficience à l’épée ne relevait pas le niveau d’une prestation décevante en grande partie due à des novillos « infumables ».
On remarquait Rafael González à la brega et Ángel Gómez aux banderilles, tous deux de la cuadrilla de Pablo Aguado.
Manolo Vanegas: silence et saluts. Pablo Aguado: un avis et saluts aux deux. Rafel Serna: silence aux deux.
Georges Marcillac