La Tradition Taurine de Fréjus sous tutelle politique.

PROJET Feria de Fréjus 2015 FREJULEN - Texte complet ci-dessous

Voilà plus de dix ans, en 2014, le Matador de Toros Camille Juan m’a contacté pour savoir si je serais disposé à jouer le rôle d’intermédiaire entre un Matador français de premier plan et la Mairie de Fréjus, afin de proposer un projet de relance des corridas à Fréjus, à la suite des années de travaux de rénovation controversés des Arènes romaines.

À Fréjus, David Rachline (FN) venait d’être élu maire en 2014, succédant à une droite traditionnelle majoritaire mais divisée. Le maire sortant, Élie Brun, après avoir pendant de nombreuses années favorisé l’organisation de corridas à Fréjus, avait soudain — pour des raisons obscures — rendu difficile la poursuite de la tradition, prétextant, entre autres motifs, les travaux de rénovation des Arènes romaines. Après avoir longtemps affiché son aficion dans les arènes de France et d’Espagne, partageant l’affiche avec des personnalités notoires du mundillo taurin, Élie Brun était devenu réticent.

À son arrivée aux affaires, David Rachline confia la gestion des spectacles dans les Arènes de Fréjus à « La Patrouille de l’événement », dirigée par les militants Minh Tran Long et Romain Petitjean. Pendant trois années consécutives, le nouveau maire autorisa l’organisation de becerradas dans les Arènes romaines de la ville — trois spectacles tenus en 2014, 2015 et 2016, couronnés d’un succès populaire notable, relaté notamment sur toreoyarte.com. dans les articles suivants :  1 2 3 4 5 6 7

C’est dans ces circonstances qu’ayant donné mon accord à Camille Juan, je fus contacté par Michel Bonnafé, alors homme de confiance du Matador Sébastien Castella. M’ayant exposé ses objectifs, nous avons élaboré ensemble, pendant plusieurs semaines, un projet de Feria à présenter au nouveau maire, en vue de poursuivre la tradition tauromachique plus que centenaire dans les Arènes romaines de Fréjus. Une fois le projet finalisé, je devais solliciter un rendez-vous auprès du maire pour une rencontre avec le Matador, porteur du projet.

La difficulté résidait dans la nécessité de proposer un programme de Feria à la fois attractif sur le plan taurin et viable économiquement. Pendant les années de travaux, l’organisation de spectacles avait été interrompue ; et une fois les travaux achevés, la configuration des tendidos et la destination de certaines installations avaient été modifiées. Tenant compte de tous les éléments susceptibles d’affecter la réussite de l'entreprise, ainsi que des exigences exprimées par le Matador auprès de Michel, nous avons conçu un projet de Feria que Michel proposa de nommer « FREJULEN TOROS 2015 ». Dans ce cadre, j’avais tenu informés les représentants de l’Afición locale, fortement mobilisés. Des représentants notoires de celle-ci se sont manifestés auprès des adjoints et du maire pour manifester leur soutien au programme proposé.

Le projet de  Feria 2015 étant prêt, j’obtins un rendez-vous avec le maire de Fréjus. Le Matador Sébastien Castella et Michel Bonnafé s’organisèrent pour venir de Séville, où ils résidaient. Leur vol arrivant à Marseille-Marignane, je me chargeai de les accueillir pour les conduire à l’Hôtel Aréna, où ils avaient réservé leurs chambres. C'était probablement la première fois que le matador venait à Fréjus sans devoir affronter un toro.   À l’époque, je résidais à Saint-Raphaël, ville voisine. Le soir de leur arrivée, veille de la réunion en Mairie, nous dînâmes ensemble à mon domicile pour évoquer la rencontre du lendemain et partager nos expériences taurines. Ce fut une soirée conviviale, marquée par une motivation commune et une harmonie d’intentions en vue du rendez-vous à venir.

Le jour J, nous nous rendîmes en Mairie de Fréjus. Une certaine effervescence régnait dans les locaux, en raison de la présence du Matador : certains fonctionnaires, élus et employés, amateurs de toreo, souhaitaient saluer la Figura. Une fois en réunion avec le maire, et après une brève introduction que j’assurai, Sébastien Castella et David Rachline échangèrent tour à tour, avec l’appui de Michel et de moi-même lorsque cela était opportun. Nous étions les seuls quatre participants à la réunion. L’entretien fut cordial. Le maire ne prit pas position sur le moment ; postérieurement, il choisirait d’ignorer toute proposition d’organisation de corridas formelles dans les Arènes de la ville. Nous savons aujourd’hui que d’autres projets furent ultérieurement présentés par des empresas françaises importantes, certaines qui avaient déjà œuvré dans la gestion taurine fréjussienne.

Les Arènes de Fréjus appartenant à la ville, l’Afición locale demeure tributaire de la volonté du maire d’y autoriser ou non des corridas. Il est de notoriété publique que David Rachline  est à l'écoute des arguments  animalistes. Ce qui est paradoxal, c’est que le parti politique auquel il appartient affiche un discours favorable aux traditions, tout en laissant perdurer une tutelle restrictive sur la tauromachie à Fréjus. Or, la culture et la tradition ne devraient jamais être mises sous tutelle et les citoyens empêchés de les vivre. La loi française encadre la possibilité d’organiser des corridas, l’un des critères étant l’existence d’une tradition locale ininterrompue. Il est donc légitime de s’interroger : le « fait du prince » peut-il interrompre une tradition séculaire ?

La tradition taurine fréjussienne s’est toujours nourrie de la participation des Aficions voisines — notamment celles de Draguignan, Nice, Milan (Italie) et plus largement du Sud-Est. Aujourd’hui, les aficionados locaux vivent leur passion en se rendant aux ferias de France et d’Espagne.

Afin d’illustrer les efforts entrepris pour préserver la tradition taurine dans les Arènes de Fréjus, nous partageons ci-après le projet de Feria complet présenté pour la temporada 2015. Qu’il soit noté que ces efforts se poursuivent, et que les élections de 2026 offriront, il faut le souhaiter, l’occasion de rendre à l’Afición sa liberté, en mettant fin à la tutelle imposée depuis plusieurs années.

René Arneodau.

FREJULEN  Fichier PDF pour la lecture complète du projet.

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2 réponses à La Tradition Taurine de Fréjus sous tutelle politique.

  1. Pierrugues dit :

    Félicitations pour cet argumentaire très clair
    qui rappelle le rôle des deux principaux responsables pour des raisons électoralistes toujours aussi "minables"...au détriment de notre histoire culturelle.

  2. Bruno Labrit dit :

    C’est une lecture captivante, qui met en lumière un travail remarquable. À Fréjus, tout est en place pour faire renaître la tauromachie : les arènes, les corrales et l’afición ne faiblit pas. Ce n’est pas qu’un espoir, c’est une conviction : la tradition peut revivre ici, portée par ceux qui y croient encore et refusent de la voir s’éteindre.

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