Madrid 11 octobre 2025 – 7ème de Feria d’Automne – “Román” coupe un oreille et passe près de la Grande Porte. Mano a mano avec Ginés Marín après la cogida de David Galván au premier. Intérêt nuancé des toros de Victorino Martín.

Après les déceptions des corridas précédentes motivées par les déficiences du bétail, les toros de Victorino Martín étaient censées raviver l’intérêt des aficionados avant la journée de demain, sommet de cette Feria d’automne. Des matadors pour affronter des albaserradas de Las Tiesas seul “Roman” triomphait alors que ses compagnons de cartel étaient moins heureux David Galván recevant une cogida à son premier réduisant la corrida à un mano a mano avec Ginés Marín.

Les toros de Victorino Martín, en général de bonne présentation, un degré moindre le 2ème, fin sans remate, des cinqueños les 4ème et 5ème. Au comportement, c’est le 3ème qui remportait tous les suffrages: un toro qui “humiliait” dès les premières véroniques de “Román”, combattait sous la première pique en poussant des pattes avant, tète fixe dans le peto; le deuxième assaut à distance et puya trasera. Ce toro recevait durant la brega un grand nombre de capotazos - à l’oeuvre Ângel Gómez Escorial – mais ce traiement ne l’affectait pas pour le reste de la lidia. Le 1er semblait flêchir des antérieurs mais sa casta l’empêchait de tomber…Chose rare de nos jours, il y eût des chutes monumentales à l’actif des 4ème et 5ème. Ce dernier le plus compliqué, ne démontait pas “Román” qui cherchait la Puerta Grande. Le lot de Ginés Marín ne favorisait aucun toreo “artistique” mais parfois plutôt défensif car soit par les faiblesses de pattes soit par des retours intempestifs, les trasteos furent très risqués-

David Galván devait se résoudre à mener le 1er vers le centre du ruedo par capotazos alternés, le toro l’ayant été serré près des tablas. Le tercio de varas, maladroit le picador, révélait quelque faiblesse du toro qui était entrepris par doblones en début de faena. La première série de derechazos, à l’abri du vent face aux T4-T5, longs et mais sujets à des retours vifs, était bougée. À la série suivante au deuxième derechazo, sans pouvoir se corriger, muleta non déployée – faute du vent? - , le  gaditano était pris et soulevé dramatiquement par les cornes et emporté inanimé à l’infirmerie. “Román” devait expédier ce toro, près des tablas.

Notre quasi compatriote – sa maman est française, rappelons-le – “Román” recevait par des véroniques les bonnes charges du 3ème, meilleures sur la droite. Ce dernier poussait des pattes avant sous la première pique et malgré un bon élan pour la deuxième, il ne poussait plus, pique relevée. Après le brindis à Enrique Ponce, spectateur en barrera, “Román” conduisait d’abord par des doblones, ensuite en continuité par des  derechazos bien dirigés. Les séries suivantes – entre autre, un derechazo énorme de profondeur et temple- se terminaient par des passes de poitrines ovationnées par le public séduit par la entrega du matador, mandando, fixe sur ses appuis et liant les passes: tâche d’autant méritoire pour la codicia du toro, la présence du vent et la transmission du toro. Sur la gauche, plus serrées les naturelles allaient a menos et joli remate par la passe de poitrine. La dernière série de la droite, émouvante recevait une tonitruante ovation du public debout. Des doblones, longs, de la main gauche, pour finir précédaient une estocade caídilla… Une oreille. Le 5ème sortait, “mettant la tête” dans le capote de “Román”, pattes lancées en avant et au passage un gañafón terrible mais inaperçu. Il se freinait devant le cheval, poussait enfin de la corne gauche, le soulevait et la chute était monumentale. Remis en selle, le picador portait une deuxième pique courte, toujours la corne gauche du victorono dans le peto. Brindis au public! La faena se déroulait avec moins de continuité, muleta avancée par la pointe, le toro réduisait sa charge, le torero lui restait fixe et liait les passes méritoires de la droite. Le toro ne se livrait pas autant, les naturelles conduites dans le vuelos de la muleta, “Román” se croisait et cherchait manifestement le succès – ce n’est pas un reproche – face à un toro qui se retournait vivement sur cette corne gauche. L’estocade atravesada ruinait l’espoir de la Puerta Grande! Un descabello.

                              

Ginés Marín, un torero un peu oublié, devait donc affronter à son tour trois victorinos. Il montrait ses qualités et volonté de capeador par des véroniques supérieures au 2ème, n’étant pas impressionné par de surpenants sauts dans le capote, et un quite risqué par tafalleras. Il réalisait un bon quite par delantales “templés” au 3ème de “Román”. Il n’eut pas la tâche facile avec ses trois opposants. Le 2ème faiblissait des pattes avant, le train arrière ne maintenait pas l’équilible et chute totale! Ce toro noble mais sans force rendait presque inutiles ou sans intérêt les naturelles suaves et “templées” que lui servait Ginés Marín… Un pinchazo et une épée entière arrière suffisaient. Le 4ème, suelto, sans fixitté dans ses charges avec des signes de se diriger vers les tablas, ne permettait rien de brillant. Rien à gauche... Des derechazos de face, charge indécise et fuite du toro. Un avis. Un pinchazo et une entière tombée. La nuit tombée et la fracheur du soir, le vent aussi, ne retenaient pas beaucoup l’attention des spectateursl le toro, le 6ème non plus. Sans codicia, la mollesse des charges, néanmoins, ce toro   se retournait subitement à mi-hauteur. La cogida latente, Ginés Marín recevait une ovation après un desplante et une ultime série risquée. Des pinchazos et une demi-lame croisée en terminait avec cette corrida intéressante de laquelle on retiendra la volonté des deux diestros en un mano a mano qui avait tourné à l’avantage de “Román” désormais torero de Madrid et des toros de Victorino Martín dont certains péchaient de force mais conservaient les complications inhérentes à son encaste.

                               

David Galván soufre d'un traumatisme craneoencéphalique et d'un puntazo  hémithorax gauche. “Román”: silence (toro de David Galván); une oreille; un avis et saluts. Ginés Marín: applaudissements; silence; silence. Des cuadrillas brillaient Iván García qui saluait au 2ème et Víctor del Pozo aux banderilles, tous deux de la cuadrilla de Ginés Marín. Juan Carlos Rey, clouait deux paires de banderilles au 4ème (qui correspondait à David Galván) à la pointe des cornes! Ángel Gómez Escorial était très actif et efficace au 3ème de “Román”. Soirée ventée et fraîche. Presque le plein pour 22.447 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos: Plaza 1

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.