Plaza de Toros de la Malagueta – 19 avril 2025 - Corrida Picassiana – Impressionante performance de “Fortes”. Andrés Roca Rey revalide sa position de nª 1. Juan Ortega et des naturelles…

La traditionnelle “Picassiana” de Málaga ne revêtait pas la pompe des autres années sans un grand effort de décoration, sans les costumes inspirés de Picasso – seuls les garçons de piste en arlequins? – ni les originalités musicales annoncées et pas remplies… Le vent en fortes rafales était de la partie et conditionnait la prestation des trois diestros face aux toros d’Álvaro Nuñez Benjumea, produits de la séparation de l’élevage paternel de Nuñez del Cuvillo. Ces toros n’avaient pas les hechuras ni le trapío de toros pour une place de première catégorie  mais ils donnaient un jeu suffisant pour satisfaire leur propriétaire et permettre aux matadors un succès certain. Des toros qui ne se laissaient pas mettre en suerte pour la suerte de varas, allant al relance aux chevaux pour un châtiment suffisant mais superficiel.

Saúl Jiménez Fortes torée peu mais il assuré de sa place aux cartels de sa ville, Málaga. La maturité, le style inné qu’il possède, la volonté et activité manifestées face à ses deux toros faisaient qu’il était le triomphateur reconnu et absolu de la soirée. C’est surtout au 4ème, de nom “Barredor” qu’il déployait à la muleta une faena inspirée, un peu dans tous les terrains à cause du vent où le menait le toro qu’il toréait par des derechazos et naturelles passes longues  d’un grand temple. En réalité, la faena se déroulait en plusieurs parties sans la continuité ou lié souhaitable ce qui donnait à l’ensemble une apparence de décousu que l’on pardonnait facilement pour l’allure d’un trasteo suivi par un public entregao, debout. La faena était commencée à genoux dans le tercio, théoriquement protégé du vent, en redondo, et terminée par des passes circulaires inversées ou dosantinas, une d’elles assortie d’un changement de main lié à une naturelle en redondo d’une grande esthétique et effucacité, le toro acceptant ce “traitement” exigeant. L’estocade tombait desprendida et les deux oreilles était obligatoires. Au premier, malgré les rafales de vent “Fortes” s’aventurait à la cape par tafalleras et une cordobina. A la muleta, le toro passait mieux vers les planches dans des naturelles méritoires et la faena se terminait à mi-hauteur près des tablas. L’estocade ratée, la lame sortant sur le flanc droit, précédait un pinchazo et une contraire delantera. Sonnait un avis.

          

Juan Ortega touchait lui aussi, dans le vent, un toro distrait, incommode, tobillero. De jolis gestes isolés  mais aussi des accrochages de muleta. Finalement, il n’y eut pas de faena. Deux pinchazos et une lame entière, habile. Le toro était sifflé à l’arrastre. Le 5ème, de plus cinqueño, mieux fait, était bien piqué à la deuxième rencontre. Après des doblones de grand style, Juan ne trouvait ni le terrain, ni sa position et la faena prenait une mauvause tournure. Heureusement et enfin Juan Ortega se reprenait et là, plus confiant dans un terrain face au Tendido 1, il égrenait des naturelles, une à une, de grande qualité et temple. On notait un trincherazo et des doblones  dans le tercio avant de porter un pinchazo et une épée contraire, desprendida. Un avis. Cela n’empêchait pas l’octoi d’une oreille, public séduit par cette belle fin de faena.

Andrés Roca Rey capte par sa seule présence toute l’attention du public aficionado ou pas, D’entrée, sans se soucier du vent, au centre du ruedo, à la cape, il passait quelques chicuelinas mais c’est à la muleta qu’il profitait d’un bon tranco du 3ème qu’il “citait” de loin pour des statuaires et ensuite des passes de la droite. Il restait fixe sur ses appuis, muleta basse, le toro répétant ses charges, “humilié”. Sur la gauche, de trois-quarts, il tirait le toro et enchaînait un molinete et la passe de poitrine, les pieds cloués dans le sable. Comme à son habitude, plus rapproché, les circulaires inversés étaient du meilleur effet, arrêtant d’un muletazo sec le toro. ses cornes collées à la taleguilla. Estocade un peu tombée, en marquant les temps. L’unanimité du public impressioné par tant d’assurance et prise de risque demandait les deux oreilles évidemment concédées. Cette prise de risque était plus évidente au 6ème, toro mieux encorné, qui se déplaçait partout, mansurrón, sans vraiment avoir été piqué. La faena débutait par des passes par le haut, ensuite à genoux,  assorties d’un cambio por la espalda. Debout, un remate en kikiriki!  Le ton était donné malgré la charge descompuesta, hésitante et imprévisible du toro qui, de plus, avait quelque difficulté pour appuyer ses pattes avant. Face à ces inconvénients, ARR se plaçait au plus près des cornes dans un arrimón spectaculaire. Il tentait et réussissait une dosantina incertaine. Cette version du trémendisme taurin n’étant toujours appréciée des puriste mais du meilleur effet sur le public en général. Un avis, un pinchazo et une entière desprendida.

                               

“Fortes”: un avis et saluts; deux oreilles. Juan Ortega: silence; un avis et une oreille. Andrés Roca Rey: deux oreilles; un avis et saluts. Le toro “Barredor” nº 8, 536 kg né en abril 202, sorti 4ème  était primé de la vuelta al ruedo… Lleno de no-hay-billetes.

Georges Marcillac

Ce contenu a été publié dans Général, Georges Marcillac Escritos. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.