Mont-de-Marsan – 16 juillet 2025 - 1ère de La Madeleine - Exhibition de maestria de Daniel Luque qui surclasse ses compagnons de cartel.

La feria de La Madeleine s’ouvre sur une affiche presque inédite par l’incorporation de Morenito de Aranda  - Jesús Martínez dans le civil -  associé à deux figuras… Ce n’est pas évidemment pour dénigrer le torero castillan, qui mérite sa place, avalisé par ses succès dans le Sud-Ouest la saison dernière et ses vingt ans d’alternative. Il affrontait des toros de Fuente Ymbro dont la réputation n’est plus à faire (prix de la meilleure ganadería de la San Isidro 2024 entre autres) en compagnie de Daniel Luque et Borja Jiménez qui n’ont pas non plus l’habitude de figurer au même cartel ce qui donnait un intérêt supplémentaire à cette corrida d’ouverture.

Justement le lot de Fuente Ymbro de bonne présentation dans l’ensemble, des cornes sauf celles du 3ème qui laissaient planer un doute quant à leur intégrité après les avoir plantées dans le sable et sortant escobilladas. A noter un cinqueño mal exploité par Borja Jiménez et le 2ème primé de la vuelta al ruedo après la faena de Daniel Luque, elle, gratifiée des deux oreilles. Dans l'ensemble, un lot appréciable, bien encorné, de comportements pour des faenas les 2ème, 4ème et 6ème.

Daniel Luque signait deux faenas distinctes dont le dénominateur commun fut sa grande facilité dans le maniement du capote et muleta et, surtout, une grande improvisation dans l’exécution de passes, certaines sans références de glossaire spécialisé – y compris celui de toreo y arte...  - avec en particulier une parfaite adaptation aux conditions de ses opposants à deux toros, eux mêmes de qualités différentes, les soumettant à sa loi, si nécessaire. Son premier n’était pas trop piqué car il impactait fortement le cheval et le picador était éjecté de sa monture et au deuxième assaut, seul un picotazo lui était appliqué. Le changement de tercio ne fut pas du goût du public…. Juan Contreras banderillait bien malgré le hachazo au momento de la réunion. La faena dédiée au public commençait par des ayudados por alto, pas très serrés mais aussitôt liés à des naturelles très basses, le toro “humiliant” à souhait. Le premier derechazo, muleta accrochée, nécessitait un nouveau placement et les passes de la droite se terminaient par une splendide et longue passe de poitrine d’une épaule à l’autre. Des naturelles, un martinete pour des passes de poitrine entre elles, liées avec changement de main. Daniel Luque dans son élément. Venait ensuite un florilège de passes remarquables, dans leur variété, sans l’épée ayuda, inventées comme un début de luquesinas, certaines avec l’envers de la muleta, passe de poitrine, changements de main, dans le dos, indescriptibles dans un mínimum de terrain. Des poncinas! Un nouveau changement de main et passe de poitrine.  Au centre du ruedo était exécutée la suerte suprema, épée desprendida qui roulait le toro dans l’enthousiame du public subjugué par tant de légèreté dans le geste et maîtrise du toro qui avait collaboré. Le 5ème répétait, sans classe, la tête rivée à la cape de Daniel Luque. Deux piques rapidement relevées avec une sortie suelto du toro qui se montrait tardo au deuxième tiers. Tout changeait après le tanteo, entamé par des passes suaves, muleta présentée à l’envers…  était suivi de derechazos, esquive d’une charge directe au corps, laissant la muleta sous le mufle du toro inconstant. Un changement de main faisait découvrir une meilleure disposition du toro sur la gauche, naturelles allongées et ensuite rapprochées. Lidia parfaite!. Un spectaculaire changement de main, par devant, entre deux passes de poitrine et tout une série de passes sans nom, comme jouant avec le toro assujetti, pressuré et docile. Des passes ciculaires inversées, d’autres isolées et les inévitavles luquesinas - réelles celles-ci -  précédaient un pinchazo hondo et plusieurs descabellos quand sonnait un avis. De la sorte, une oreille était ainsi perdue.

                  

Morenito de Aranda selon son habitude allait à porta gayola pour accueillir le premier fuente-ymbro qui sortait presque au pas et… la larga n’était pas parfaite. Ce toro tendait à aller vers les tablas et cette tendance était exploitée pour placer le toro presque au centre de la piste pour qu'il charge naturellement le picador qui était applaudi… la puya de côté à la seconde rencontre. Iván García plantait ses banderilles dans un geste spectaculaire mais en arrière. La faena, presque exclusivement sur la gauche, passait par des hauts et des bas pour des charges irrégulières, par petits sauts dans la muleta, le toro s’arrêtait même, se retournait en se serrant. Morenito se croisait un peu pour continuer de profil. Deux pinchazos et une demi-épée tendida, la muleta couvrant la tête du toro. Le 4ème, terciado, avait un forme de courir qui présageait des pertes d’équilibre qui se produisaient, sans pousser des pattes arrière qui “pédalaient” dans le vide sous la première pique…Malgré cela, il encaissait un quite serré par gaoneras de Daniel Luque. ¡La faena de muleta débutait, à genoux, le toro aussi! Morenito “citait” de loin mais les charges, après le passage par inertie, se réduisaient sur le côté droit. Après un changement de main, Jesús découvrait que la bonne corne était la gauche et, de ce côté, la faena prenait un autre aspect, le toro ne tombait plus et laissait noter un fond de casta et mais sans classe dans ses charges, il “humiliait” même. Le final de faena, circulaires inverses, embrouillé précédait un bajonazo et un avis.

                             

Borja Jiménez ne laissera pas un grand souvenir pour sa présentation à Mont-de-Marsan. Tant à la cape comme à la muleta, tout avait bien commencé. Même “Tito” Sandoval piquait bien sans trop s’appuyer sur la pique qui se rompait à la deuxième rencontre. Le public protestait pour ce tercio escamoté.  Avec la pañosa, passes par le haut, pieds rivés au sol, pour toréer un toro léger, haut sur pattes, trincherazo et pecho. Les cornes plantées dans le sable s’abîmaient, et à partir de ce moment, soit par manque de brio du toro, soit par désintéressement du public, la faena se diluait dans des passes sans transmission sauf une série de bonnes naturelles, muleta par le bas. Estocade tendida, caída. Un avis. Au dernier Borja Jiménez passait à côté d’un toro qui montrait une qualité de charge régulière, “templée” même, dans la cape. Le toro “humiliait”. Ce toro demandait “de l’air” en passes longues mais au contraire il était embarqué dans des passes en redondo qui freinait ses charges. Ses passages dans la muleta allaient a menos et le trasteo perdait de l'importance, malgré les efforts du torero d'Espartinas (Séville). Estocade un peu tombée.

Morenito de Aranda: un avis et silence aux deux. Daniel Luque: deux oreilles; un avis et forte ovation. Borja Jiménez: silence aux deux. Le deuxième de Fuente Ymbro “Guardeso” nº 15, né en février 2021 (*) était primé de la vuelta al ruedo. Temps chaud. Quelques vides au soleil sur les gradins. Bon accompagnement de l’Orquestre Montois. (*) Note: Pourquoi n’affiche-t-on pas le poids des toros dans une place de première catégorie?

 Georges Marcillac

Photos; André Viard pour mundotoro

Ce contenu a été publié dans France, Général, Georges Marcillac Escritos. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.