Le lot prévu de Jandilla ayant été rejeté au reconocimiento, c'est la ganaderia de Vellosino qui a été appelée pour s'y substituer. Déjà les Vellosinos avaient remplacé le lot de Margé, corrida qui finalement n'avait pas eu lieu à cause de la pluie. Aujourd'hui quatre des toros qui ont été lidiés, venaient de ce lot, les quatres derniers. Le lot fut disparate de présentation, mal présenté et manso, sans race donc sans transmission. Après l'extraordinaire moment de communion hier, le public est sorti déçu aujourd'hui avec les figuras.
Le premier du El Juli est haut et fin. Il galope sans agressivité et prend la cape avec dédain. Abanto il finit par prendre une pique tête relevée et sans pousser. El Juli tente un quite d'abord par chicuelinas, mais compte tenu du manque d'implication du toro, il passe à la véronique. La seconde pique est purement formelle et Perera le passe dans un quite suave par chicuelinas dans lesquelles l'animal commence à s'enrouler. Brindis au Roi Juan Carlos I. Juli débute par derechazos à mi hauteur pour ne pas obliger le toro, déjà fébrile. Il en va de même à gauche. L'émotion est absente car la charge est fade. Le T7 proteste et Juli poursuit. Le gazapeo du Vellosino aggrave la soseria d'ensemble. Juli fait la faena techniquement impeccable. Pinchazo hondo, divers descabellos. Silence.
La seconde partie de la corrida débute avec un Vellosino de 628 kg qui est un tío. Cet exemplaire tarde à répondre aux sollicitations de la cape du Juli qui demeurent timides. Deux piques bien portées et prises avec peu d'entrain. Le maestro entreprend la faena à droite aux medios et le bicho tombe. Muleta à mi hauteur Juli tire des lignes. A gauche les naturelles mettent petit à petit le toro dans la muleta dans des passes longues et accompagnées. Il en fait de même à droite en imposant son toreo avec quelques muletazos profonds. Pinchazo et entière contraire et atravesada dans le style maison. Descabello. Grande ovation et salut au tiers.
Le second Vellosino est massif et cornicorto. Le 7 proteste pendant que Perera doit bouger devant les charges courtes du bicho. Au cheval le toro met la tête à hauteur de la selle et s'emploie peu, sortant en trébuchant de la seconde micro pique. Alberto López Simón exécute un quite brouillon, par véroniques. Brindis au Roi Juan Carlos. Le toreo por alto de début de faena précède des droitières sans relief, muleta accrochée par moment. Les naturelles méthodiques n'apportent rien de plus. L'animal se raja. Entière tombée en perdant la muleta et en étant poursuivi. Sifflets au toro. Silence.
Le quinto ressemble au premier haut et fin. Il accepte rapidement la cape qu'il finit par arracher des mains de Miguel Ángel Perera. Deux piques anodines. Le Vellosino n'humilie jamais durant la lidia. Brindis personnel. Aux tercios Perera attaque à droite. Les passes sont comme il sait les dessiner, en ligne en début de série puis codilleando pour enrouler. La charge est très fade et incomplète sur les deux cornes. Perera tente un arrimón qui n'apporte rien. Pinchazo et entière basse et atravesada. Silence.
Le troisième Vellosino, premier d'Alberto López Simón en cette San Isidro, est abanto et refuse d'abord la cape. Au centre le Torero l'attend et fini par l'embarquer dans des veronicas templées qui découvrent l'humiliation du toro. Tête haute, paradoxalement, il prend sans classe et sans s'employer deux picotazos. Véroniques et demie main basse du Juli. Brindis au Roi Juan Carlos. Début de trasteo sur jambe pliée puis à droite en plusieurs séries a más, corps redressé, sans artifice qui arrache des olés. Le passage à gauche est moins réussi mais va a más pour finir en olé !!! De nouveau à droite l'intensité baisse d'un poil mais la sincérité fait réargir encore les tendidos. La fin de faena est accrochée. Pinchazo alors que le bicho n'humilie pas du tout dans la suerte suprême. Entière en s'engageant. Avis. Deux descabellos. Silence.
Lorsque sort le sixième le public est déçu de la corrida et particulièrement de la présentation et de la faiblesse du dernier Vellosino. Mouchoir vert. Le sobrero est un Domingo Hernandez lourd mais de peu de trapio, aux cornes vers l'avant. Simón dessine des véroniques et demie. Le mansito sort seul et rapidement du cheval par deux fois. Durant la lidia le bicho est prompt et il galope. Brindis au public. La faena débute exactement comme la première mais cette fois le toro transmet plus. López Simón poursuit en se passant le toro, à droite au ras des chevilles et bien aspiré par la muleta. À gauche le passage est plus laborieux bien qu'avec un engagement total. Dans ce toreo, Simón semble par moment ne pas arriver à se défaire de l'étreinte de la charge. Entière desprendida. Silence.
René Philippe Arneodau.