Madrid 16 mai - 7ème de la San Isidro - "Frenoso" de Victoriano del Río offre ses deux oreilles à Fernando Adrián qui n’a pas eu la résolution de le tuer selon les canons de la tauromachie.

"Frenoso" Victoriano del Río

En ce Jour International de la Tauromachie, peu visible pour le grand public, car peu médiatisé par les médias nationaux, le lot prévu pour cette corrida commémorant l’anniversaire de la mort de Joselito "El Gallo" a dû être modifié avec l’incorporation de deux exemplaires de Victoriano del Río. L’un d’eux, "Frenoso", a fait honneur à son ganadero en exhibant une embestida de classe et intense dont Fernando Adrián a profité, sauf avec l’épée. Au moment de vérité, lorsqu’il avait en main les deux oreilles, la temporada assurée, le cortijo sous promesse d’achat, il a opté pour entrer a matar sans respecter les règles les plus pures de la tauromachie. Un regret qui le poursuivra pour l’éternité.

Corrida des Puerto de San Lorenzo (1er et 2e), Ventana del Puerto (4e et 6e) et Victoriano del Río (3e et 5e).

José María Manzanares ouvre les hostilités face à un du Puerto au train arrière étroit et fébrile qu’il amène vers le centre du ruedo puis vers les tablas. Deux piques en carioca, et sans engagement du toro, précèdent un quite par saltilleras et revolera de Fernando Adrián. JMM attaque par doblones, trincherilla et pase de pecho sur la défensive. Série courte et marginale à droite en gardant ses distances. Il poursuit, crispé, en liant une nouvelle série. Sur la gauche, les tentatives sont abandonnées pour revenir sur la corne droite avec des séries liées, la muleta terminant souvent par le haut. Le bicho noble n’a mangé personne. Tout au plus a-t-il montré quelques signes de vouloir abandonner la lutte, surtout lorsque le torero se prépare à tuer. Entière habile. Palmas.

Le quatrième est un bœuf de la Ventana del Puerto qui freine à hauteur de lengaño présenté par Manzanares. Il pousse par deux fois au cheval et reçoit une ration de pique superlative. Fernando Adrián donne un quite appliqué par véroniques et la demie. Au second tiers, le bicho allonge la charge avec classe dans les capes. Manzanares l’entreprend sans conviction à droite et les charges perdent rapidement en intensité. Le matador se réveille ensuite en restant hors trajectoire et on retrouve partiellement la charge du second tiers. À gauche, JMM tâtonne et abandonne. Poursuivant sur la droite, il ne fait que laisser passer l’animal. Entière portée à toute vitesse et avec précaution. Silence.

Fernando Adrián reçoit le second du Puerto par véroniques lentes, pour les premières, puis doit poursuivre le bicho au centre pour des chicuelinas terminées par cambio de mano en larga. Le toro "mansea" avant de pousser sous le fer une première fois et subit en manso la seconde pique. Pablo Aguado réalise un quite par véroniques lentes au rythme de la soseria de l’animal. Grande prestation de Marcos Prieto au second tiers qui est invité à saluer. Brindis au maire de Madrid présent au callejón. Aux tercios, Fernando Adrián "cite" pour des estatutarios, cambio dans le dos, pase de pecho et naturelle. Au centre, les derechazos à mi-hauteur n’empêchent pas le toro de trébucher. Dans ces conditions, le public proteste et l’émotion est nulle. Le matador prend l’épée et porte deux pinchazos et une lame trasera, desprendida, tendida en passant au large. Pitos au toro et silence.

Le cinquième est un Victoriano del Río armé veleto. Il permet à Fernando Adrián quelques véroniques isolées et revolera. Le toro est actif sous une mauvaise première pique. Placé loin du cheval, il hésite, au pas, puis charge sans pousser. Quelques embestidas profondes au second tiers laissent augurer une faena. Brindis au public. Au centre, Adrián cite à genoux pour donner un cambio por la espalda. Surpris sur le retour, il se relève pour une série profonde main basse, qu’il répète avec succès en dominant la charge. Il le fait en "citant" de loin en deux séries. À gauche, il doit tirer la charge et subit un desarme. La série suivante est liée, avec les muletazos terminés par le haut à l’occasion. Le public est en extase. Un redondo sans laisser sortir le toro de la muleta, enchaîné au à la passe de poitrine, termine le trasteo. Avant l’épée, il "cite" pour des bernadinas serrées, cambio de mano, trincherilla et pase de pecho qui maintiennent l’intensité de la faena. Pinchazo et demi-épée en couvrant la tête et en fuyant le balcon. Attitude incompréhensible du matador aux portes du triomphe. Avis. À ce toro, il fallait absolument mettre la muleta sous le museau et entrer droit. Le cœur n’a pas suivi. Plusieurs descabellos. Ovation à un grand "Frenoso" de Victoriano del Río et vuelta al ruedo pour Adrián.

Pablo Aguado multiplie les véroniques approximatives, puis en brega, le troisième de Victoriano del Rio au trapío limité qui se cache derrière des cornes démesurées. Le toro pousse de manière limitée une fois, et subit une carioca lors de la seconde pique caída, ensuite rectifiée. Le Sévillan, en tablas, débute à droite dans des va-et-vient, tout en s’appliquant sur les trincheras. Au centre, la muleta à mi-hauteur est accrochée. L’émotion est également réduite par le fléchissement du toro. De nombreux muletazos sont accélérés. Sur la corne gauche, les naturelles, dessinées une par une, al hilo, sont parfois templées et profondes. De retour à droite, le passage est inconséquent. Pinchazos en évitant soigneusement les cornes, avis et deux descabellos sans avoir placé l’épée. Silence.

La corrida se termine avec la sortie en piste d’un beau colorado de la Ventana del Puerto. Il charge sans conviction la cape de Pablo Aguado. Le tercio de varas se déroule dans le désordre, carioca comprise. Aguado exécute un quite par chicuelinas et demi-véronique alors que le bicho a tendance à fléchir. Les premiers muletazos, en deux séries à droite, sont plus de tanteo que de toreo. Aguado se croise entre les derechazos pour provoquer la arrancada. À gauche, le bicho n’a pas ou plus de charge. Le public proteste contre son intention de poursuivre. Demi-épée. Descabello. Silence.

René Arneodau

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