Madrid 14 juin 2019 – 32ème de Feria - Quand la médiocrité envahit Las Ventas : toros de Fuente Ymbro et toreros à l’unisson.

La Feria de San Isidro s’est terminée par une corrida de Fuente Ymbro – il reste deux corridas exceptionnelles hors abonnement - dont c’était la quatrième sortie à Las Ventas - deux novilladas et deux corridas – sans avoir présenté, aujourd’hui un lot homogène en hechuras et comportement. Des poids allant de 528 à 597 kg, deux toros cinqueños, deux mansos (1er et le sobrero, 6ème de Conde de Mayalde), un renvoyé aux corrales, le 6ème, et le 5ème, le meilleur «utilisable» et les trois autres irréguliers et médiocres. Pour quelques-uns, terciados, les imposantes armures «cachaient» le reste du corps. Face à ces exemplaires trois matadors qui seront passés sans rien apporter de positif à leur CV : Jesús Martínez «Morenito de Aranda», Pepe Moral et José Garrido.

«Morenito de Aranda» allait d’entrée à porta gaiola et ne pouvait terminer la larga afarolada prévue, s’effaçant de la charge du toro qui venait presqu’au pas et cruzado. Les véroniques qui suivaient dans le même terrain étaient obligatoirement bougées et le toro filait vers les tablas. Le picador s’ «obligeait » à pratiquer la carioca pour garder le manso sous la pique et en sortie comme aux banderilles le fuente-ymbro cherchait l’appui des barrières. Dans ces conditions « Morenito » n’avait d’autre souci, pour construire sa faena, que de laisser constamment la muleta à la vue du toro pour en éviter la fuite – ce qui n’était pas toujours réussi – et la dernière série à gauche révélait une charge descompuesta. La faena traînait en longueur jusqu’à un pinchazo et une estocade basse. Sonnait un avis. Le 4ème, un joli castaño, mettait bien la tête dans la cape et dans sa course aux banderilles ce qui permettait à «Morenito» de dessiner de belles véroniques «templées». Par la suite, la faena de muleta présentait des hauts et des bas, avec des charges du toro sans continuité bien que «humiliant». Il n’allait plus au bout des passes, sur la fin. On peut dire que le torero ne s’était pas adapté à une charge qui aurait pu être mieux conduite. A l’épée : deux pinchazos et une estocade tombée. Un avis.

Pepe Moral n’arrivait pas à fixer le deuxième de Fuente Ymbro car celui-ci très mobile l’obligeait à perdre des pas pour le mettre dans la muleta pour en fin de faena être carrément débordé. Pourtant le peu de codicia du début ne laissait pas supposer un tel changement. Les naturelles finales étaient entachées des hachazos du toro en mouvement. Là non plus le matador n’était pas heureux à l’épée pour deux pinchazos et une entière. Le 5ème de nom «Agitador» faisait honneur à son nom car il provenait sans doute d’une famille qui avait produit un toro de même nom primé à la San Isidro de 2015. Il poussait jusqu’aux tablas à la première rencontre et la deuxième pique s’avérait moins forte. Toujours est-il que ce toro avait les qualités dont le Sévillan de Los Palacios ne sut pas profiter malgré ses bonnes intentions puisqu’il avait dédié ce toro au public. Il  commençait par un péndulo, la montera à ses pieds de comme le faisait feu Pedrín Benjumea, mais était obligé de rompre sur le retour vif de «Agitador». Au centre de la piste le vent gênait. Au niveau des lignes, le toro s’ «ouvrait» pour revenir dans la muleta. Mais Pepe Moral, sans confiance, toréait à distance. Cette faena? écourtée se terminait par un pinchazo et une estocade entière en prenant la tangente. Le toro était applaudi à l’arrastre.

José Garrido montrait tout au long de sa prestation son envie de bien faire mais l’adversité, ses deux toros en l’occurrence, l’en empêchait. Le 3ème, un cinqueño, le plus léger du lot, entrait et sortait suelto de l’épreuve des piques, pas trop châtié, exhibait des charges irrégulières, tantôt il prenait bien la muleta tantôt s’en détachait sans entrega, permettait toutefois une série mieux réunie, de derechazos, avec répétition et torero appliqué. Les passes de poitrine de côté, pieds joints, étaient du meilleur effet. Les passes par le bas pour préparer la mise à mort ne s’avéraient pas concluantes car le toro sans fixité retardait la suerte suprême. Ce dernier bougeait au moment de l’embroque et l’épée tombait basse. Le 6ème, faible surtout de l’arrière train, était renvoyé aux corrales pendant le tercio de banderilles – le président D. Gonzalo J. se faisait prier pour le remplacement – et sortait un sobrero, manso, cinqueño de 595 kg, que piquaient en premier le picador de réserve et ensuite le titulaire. L’irrégularité des charges, course indolente, gazapeo, retours vifs, arrêts, fléchissements des pattes avant, faisaient que la faena n’était que corrections de position du torero. Des pinchazos quand le toro voulait bien s’arrêter, ayant les ressources de traverser la piste entre pinchazos. Une entière caída.

« Morenito de Aranda » : un avis et silence ; silence. Pepe Moral : silence ; sifflets. José Garrido : un avis et silence ; deux avis et silence. Aux banderilles et à la brega on remarquait Antonio Chacón de la cuadrilla de José Garrido, Domingo Siro de celle de Pepe Moral aux banderilles. 16.547 spectateurs.

Georges Marcillac

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