Le lot de Santiago Domecq aura été intéressant avec des exemplaires qui, sans transmettre, permettaient d'envisager mieux que ce qui a été vu aujourd'hui. Le lot dans son ensemble était trop disparate et limité en présentation pour convenir aux lieux. Parmis les trois toreros, Pablo Aguado a conservé son cartel sans cependant briller, El Fandi a nourri les masses venues d'ailleurs et López Simón a donné la triste image d'un torero qui cherche désespérément son chemin sans le trouver. Les arènes de Las Ventas ont été envahies d'un public non abonné, venu des provinces environnantes ou lointaines, faisant baisser de manière dramatique le niveau de la plaza.
David Fandila "El Fandi" a dû intervenir en trois prestations, dans les trois tercios, toutes variées mais limitées dans leur contenu. Son premier de Santiago Domecq est un camion sans trapío qui charge allègrement sans humilier la cape fleurie du matador. Le tercio de varas mollasson précède un quite brouillon par saltilleras de Alberto López Simón. Celui de "El Fandi" par des chicuelinas inventées ne relève pas le niveau. Le second tiers se déroule dans une ambiance de pueblo, de troisième catégorie, à laquelle El Fandi participe pleinement. Le brindis au public annonce une démonstration de capacités physiques du matador, genoux en terre, dans une ambiance véritablement surprenante pour les lieux. Difficile de décrire le trasteo sans être critique. Les deux cornes sont abordées sans profondeur, ni efficacité. Quasi entière. Palmas au toro. Sifflets.
Le second de "El Fandi" met la tête avec envie dans la cape pour des véroniques de réalisation variée. La première pique est prise tête relevée sans classe. Le quite par chicuelinas est interrompu pour la seconde pique. Le second tiers à charge du matador est conduit avec rapidité faute de qualité. Le tanteo est réalisé en allongeant le bras. La faena à droite est un enchaînement de muletazos de qualité variable. À gauche, est acté un bref passage inconséquent. Quasi entière en perdant la muleta. Silence.
"El Fandi" est chargé de tuer le sixième comme suite à la blessure de Pablo Aguado et de mettre fin, ainsi, à la San Isidro 2019. Le Santiago Domecq fait une belle prestation en varas, en trois passages, attaquant avec force et alegria. Malheureusement pour lui, une prestation pléthorique de "El Fandi" dans les deux premiers tiers le laisse épuisé au troisième. Ne l'a t il pas suffisement préservé en réalisant des passages variés à la cape et en posant 4 paires de banderilles, ou le toro n'avait il pas le fonds nécessaire pour durer ? Nous ne le saurons jamais. Deux pinchazos et bajonazo. Palmas.
Alberto López Simón reçoit son premier exemplaire par delantales et chicuelinas. Le toro pousse sous la première pique et la seconde, de más a menos, par à-coups. Pablo Aguado réalise un quite par véroniques à toro suelto. Le bicho se montre coureur au second tiers. Brindis TV. La faena débute par deux passes par le haut et le toro s'en va a la querencia. Au centre. ALS l'attend et le fixe en derechazos liés. Le Santi Domecq répond de forme irrégulière. Le trasteo est construit al hilo ou fuera de cacho sans laisser sortir le toro de la muleta. Sur la corne gauche le toro collabore mais le torero ne trouve pas le rythme. Un dernier passage à droite n'apporte rien de plus. Metisaca dans le flanc et entière trasera, la corne droite accrochant la taleguilla à hauteur de l'aine. Avis. Palmas au toro. Quelques applaudissements pour le matador.
Le second de López Simón est reçu avec des capotazos aisés. Piqué en arrière, l'animal subit la première puya et sort seul de la seconde. Brindis au public. Un bon début de trasteo par doblones annonce un passage droitier qui profite d'une charge obéissante. Malheureusement celle-ci va a menos dès la seconde série droitière et la faena s'en ressent. Suit une succession de passages sur les deux cornes sans relief. Pinchazos. Entière contraire. Silence.
Le premier de Pablo Aguado permet au torero de s'ouvrir en véroniques en se replaçant entre les capotazos car l'animal se retourne large et met le torero hors position. Du tercio de varas, purement formel, on ne retiendra que le quite de Pablo Aguado par chicuelinas et la demi-véronique de cartel. Quite anodin de "El Fandi". Le Sévillan débute la faena avec la douceur qu'on lui connaît, muleta tenue à mi-hauteur. La charge molle est peu propice à la transmission. Le torero se tient al hilo sans forcer. À gauche la embestida ouverte ne permet pas d'enrouler. C'est à droite, dans la série suivante, que le Sévillan s'accouple le mieux. On sent toutefois qu'il n'est pas à son aise puisqu'il alterne les positionnements, parfois jambe avancée, parfois jambe en retrait et qu'il brille essentiellement dans les remates. Lors des naturelles de trois-quarts, le bicho n'obéit pas à la muleta en sortie de passes. Pinchazo en sortant accroché au niveau de l'aine et volteado dramatiquement. Entière. Descabellos et deux avis. Palmas au toro. Applaudissements et salut pour Pablo Aguado qui passe à l'infirmerie pour être opéré d'une double cornada.
René Philippe Arneodau