Pour ceux qui ne le sauraient pas encore le panorama politique en Espagne n'est pas plus reluisant que le nôtre en France. En Catalogne Artur Mas (Droite indépendantiste) essaye depuis des mois d'obtenir son investiture à la présidence de la Generalitat quitte à accepter des arrangements politiques contre nature, en l'occurrence avec la CUP (anti capitalistes) d'extrême gauche. Cette CUP qui dans un vote interne le Week-end dernier, à 50/50, a été incapable de se positionner pour savoir s'il fallait appuyer ou non la présidence de Mas. La logique ne serait-elle pas que l'extrême gauche ne veuille pas donner la présidence à un représentant de droite? Mas semble être prêt à tout pour conserver son poste. Ce spectacle grandguignolesque est celui de ceux qui ont attaqué et condamné la Tauromachie et qui veulent l'indépendance d'une région dont on voit comment elle serait gérée aux mains de ces opportunistes. Quant à l'Espagne les nouveaux arrivants que sont le parti multi-partis Podemos, d'extrême gauche, et Ciudadanos de centre droit, sont arrivés en trombe sur la scène politique, mettant fin au bipartisme historique et rendant impossible le gouvernement du pays, sauf à chercher des alliances contre nature. Pedro Sanchez le chef de file du PSOE (Socialiste) a créé une grande pagaille en refusant d'emblée toute alliance avec Mariano Rajoy du PP (Droite) et en annonçant chercher des alliances avec Podemos et les autres micros Partis de gauche et extrême Gauche à l'assemblée. Cette prise de position a soulevé une levée de bouclier au sein du PSOE à l'initiative de Susana Diaz (PSOE Andalousie) au motif que le PSOE ne doit accepter une alliance avec Podemos que s'ils renoncent à appuyer un référendum indépendantiste demandé par les indépendantistes Catalans. Susana Diaz cherche d'ailleurs à déboulonner Sanchez dans un Congrès anticipé qu'elle appelle de ses vœux. Quant à Podemos il souhaite qu'on reconnaisse les quatre composantes de son parti comme des partis à part entière pour recevoir quatre fois les subventions offertes aux groupes parlementaires. On voit où en sont tous ces partis, et que la France n'est pas la seule à voir son panorama politique vaciller au détriment de l'intérêt général.
Et les Toros dans tout cela. Une bonne nouvelle est que les politiques Espagnols ont actuellement d'autres chats à fouetter et nous ont oubliés (pour l'instant). La deuxième remarque est que les socialistes du PSOE, qui n'ont cessés d'être des faux-culs au sujet de la Tauromachie sont actuellement dans la tourmente. J'ose penser qu'une partie de leur échec électoral est du à cela. Seul le PP s'était exprimé en faveur de la Tauromachie, mais il n'avait pas profité suffisamment de sa majorité pour "blinder" la tauromachie comme il aurait dû le faire. Quand à Ciudadanos, menés par un jeune Albert Rivera, ils avaient pris une position intermédiaire un peu "mansa" face aux toros, pas contre, mais pas vraiment pour, alors que Rivera serait Aficionado, ou pour le moins aurait assisté à des corridas. Enfin il faut noter que le Tribunal Constitutionnel n'a toujours pas rendu, après plusieurs années, sa décision à propos de la constitutionnalité de l'interdiction des corridas à Barcelone. Rien n'explique un tel retard. Il y a là une volonté politique de ne pas rendre la décision. Il faut espérer que l'annonce de la décision du TC, qui sera probablement favorable au retour des Toros à Barcelone, ne soit pas utilisée comme outil politique et donc sacrificiel, dans les rapports de force actuels entre l'Etat Espagnol et la Catalogne. Le pire serait que ceux qui ont voulu retarder l'annonce l'ait fait pour garder un outil de guerre qu'ils seraient ensuite prêts à abandonner sur l'autel des intérêts politiques.
On le voit, autant en Catalogne qu'en Espagne le multipartisme a créé un imbroglio dont les politiques cherchent à se satisfaire pour autant que leurs intérêts soient préservés. Rien ne garantit, cependant, qu'ils pourront le faire à leur aise et il est fort possible que de nouvelles élections soient organisées au printemps tant en Catalogne qu'en Espagne. Si ce n'était pas le cas c'est que des forces irréconciliables auraient trouvé des arrangements pour créer l'apparence d'un pouvoir devenu ingérable.
Le mieux pour les Toros serait que la situation se clarifie, légalement, culturellement et définitivement. Les acteurs économiques du mundillo, s'ils avaient été mieux organisés, seraient en mesure de profiter des tractations actuelles pour imposer aux partis de se prononcer en faveur de la tauromachie. Pour l'instant le silence règne et cela n'augure rien de bon. A moins que les Reyes Magos ne nous réservent de bonnes surprises.