L’afición de Madrid fut mise à mal, cet après-midi, avec une corrida avec quatre toros de Valdefresno complétés par deux de Hermanos Fraile Mazas (5ème et 6ème) deux fers d’une même famille et de même origine Atanasio Fernández-Lisardo Sánchez. Toute la corrida se déroulait en fonction des conditions des différents exemplaires cornus sortis des chiqueros y compris des sobreros, le premier de Adelaïda Rodriguez (de même origine que les titulaires) remplacé à son tour par un autre de Carriquiri (de caste Nuñez). Tous ces toros furent comme un mur des lamentations pour les toreros et aussi pour un public qui se sentait grugé. Sans caste, sans forces, des toros mansos - le sobrero de Carriquiri et le 3ème - défaillants en fins de faenas malgré l’abnégation et le désir de forcer le succès coûte que coûte des trois matadors: Daniel Luque, un «spécialiste» de cet encaste car ses dernières temporadas il affrontait soit les valdefresnos ou les cousins germains du Puerto de San Lorenzo ; Saúl Jiménez Fortes dont c’était le deuxième paseo à Madrid ; Juan Leal, notre compatriote, qui avait laissé une bonne impression lors de sa confirmation d’alternative l’an dernier. Tous trois montraient à divers égard des qualités et des détails, éphémères certes, selon des arguments pas toujours compris par le public surtout dans ce dernier cas, à l’encontre de Juan Leal. Toute la faute en revient aux six toros auxquels furent données des faenas, puisque c’est ainsi que l’on nomme le troisième tiers de la lidia avec l’aboutissement de la mise à mort. Mais faenas avec des séries complètes de passes données à des toros braves, mobiles il n’y en eut aucunes, sans continuité toujours interrompues par les chutes des toros. Tous, sans compter les deux renvoyés aux corrales, se traînaient après les piques prises souvent avec seulement un picotazo, perdaient l’équilibre, parfois sous le peto des chevaux, sans exception dès que les muletas les forçaient par le bas ou se défendant d’une façon intempestive. Des cornes, oui, veletos les 2ème et 3ème, astifino le premier sobrero, du poids aussi mais rien dans les entrailles.
Le plus notable était à mettre à l’actif de Juan Leal qui avait dédié au micro de MovistarToros son toro au maestro Manuel Martínez « Pedres » et allait au centre de l’arène « citer » le toro pour la suerte communément appelée pedresina qui en réalité était une tobalina (cite avec le cartucho de pescado et sortie changée par une passe de poitrine). Après plusieurs tentatives de toréer classiquement sur la droite et la gauche, essuyant des coladas, il décidait d’affronter le toro réfugié près des barrières et selon son habitude, à la pointe des cornes, faire passer? par des circulares naturels et inverses, entre protestations pour l’exagération du risque pris et et bravos pour la vaillance et l’exposition de Juan Leal. Après une demi-estocade, Juan recevait la seule ovation de la tarde.
« Fortes » dût user de ses dons d’infirmier pour maintenir sur pied ses deux toros, extraire le peu de jus qu’ils avaient et construire des faenas, avec style il faut bien le dire, par des passes bien dessinées souvent exaspérant le public qui ne vibrait pas… Il toréait bien par redondos à genoux au centre du ruedo, d’entrée pour accueillir le toro sorti 2ème avec la muleta pliée dans la main gauche (cartucho de pescado). Il se permettait le luxe de dédier son deuxième toro au public mais celui-ci ne permettait rien de brillant, arrêté après l’esquisse d’une faena. Le public scandait ¡TORO ! ¡TORO ! en l’absence de ce genre de cornupeta dans la piste.
Daniel Luque avait des raisons de se lamenter car aucun de ses toros ne l’aidaient à développer le bon toreo qu’il détient après ses dix ans de matador. Il devait faire face au sobrero de Carriquiri qui tardait à aller aux chevaux, évitant tout capote même montré à distance, un manso de solemnidad selon l’expression consacrée, qui échappait de justesse à l’affront des banderilles noires. Enfin dans la muleta il rechignait à charger malgré l’invitation et bonne technique de Daniel Luque. Toro « décasté » à l’évidence. Il n’y eut pas de faena au premier, sans force, plusieurs fois à terre.
Une minute de silence était observée à l’issu du paseillo en mémoire des victimes de l’attentat terroriste de Manchester. Drapeaux de Las Ventas en berne.
Daniel Luque : silence ; un avis et silence. « Fortes » : un avis et applaudissements; silence. Juan Leal : un avis et saluts ; silence.
Georges Marcillac