Les trois novilleros faisaient leur présentation dans les Arènes de Vista Alegre. Le lot de José Cruz de bien à supérieurement présenté, les trois derniers, ont eu un comportement sans malice, incomplet mais exploitable. C'est dans ces circonstances que le métier permet de cacher certains défauts et de profiter du bon. Et c'est justement ce que n'ont pas su faire les prétendants du jour. Pas une vuelta pour cette novillada des plus attractive sur le papier qui n'a pas tenu ses promesses et qui n'a attiré qu'un petit quart d'Arène.
Alejandro Marcos fixe avec patience et esthétique un premier José Cruz harmonieux et docile. Ce dernier s'emploie avec une grande mesure à la première rencontre au cheval. Marcos prend pleinement la mesure du temple du novillo dans un quite par tafalleras. La seconde pique est un simulacre. Pablo Aguado est plus brusque et brouillon dans son quite par véroniques et demie. Brindis au public. Marcos comme au capote prend rapidement la mesure de la bonne charge du José Cruz. Celle-ci est forte mais douteuse par moments. Le novillero domine l'embestida par le bas à droite comme à gauche dans les premières séries données fuera de cacho. Puis le novillo va a menos et devient tardo et brusque. Marcos compense par fioritures et postures, toujours esthétiques, dans une faena qui se désunit. Bajonazo. Palmas au novillo. Salut au tiers.
Avec son second Marcos se fait balader à la cape par un novillo qui s'escrime et ne s'emploie pas. Le varilarguero lui donne une bonne ration aux deux rencontres prises sans classe par le novillo. Le bicho développe peu à peu du sentido . Le début de faena de Marcos est appliqué au dessus des qualités de l'animal. Alors que les défauts du José Cruz s'accentuent Marcos reste sérieux mais n'obtient pas la connexion avec le public recherchée. Laborieux sur les deux cornes il insiste même un peu trop au goût des tendidos. Quasi entière atravesada. Salut au tiers.
Le second castaño est prompt au capote. Pablo Aguado, volontaire, n'arrive pas à donner une passe quieta. C'est dans le quite par chicuelinas mains basses que le novillero monte d'un cran. Le novillo va deux fois au cheval chargeant par à coups. La tentative de quite d'Adame par gaoneras se temine novillo au sol. À ce stade le novillo sautille en avançant au second tiers. Miguel Angel Gomez salut aux banderilles. Brindis au public. La charge décomposée et faible dénature tout désir de bien faire d'Aguado. Alors que le Cruz force pour avancer le novillero recueille quelques palmas. Trois pinchazos et un descabello. Sifflets au novillo. Silence.
Pablo Aguado va recevoir son second novillo a puerta gayola, à genoux, au centre. Le désintérêt du bicho le fait se lever et poursuivre par faroles à genoux et chicuelinas dans tous les terrains. Les rogerinas ne conviennent pas pour mener les charges brusques du novillo au cheval et Aguado est obligé de rompre et changer de tactique. Le novillo pousse sous deux bonnes piques de Mario Benítez. Brindis personnel. Le début de faena est dominateur sur genoux pliés puis debout à droite. En terrain rapproché le novillo ne répond plus. La distance, redonnée à gauche, améliore le lié des séries. Jusqu'à ce que le bicho n'abandonne le combat. Aguado insiste et la faena va a menos jusqu'aux adornos en tablas. Entière desprendida en s'engageant et en restant sur le front, la corne ouvrant la taleguilla. Plusieurs descabellos pendant que sonne l'avis. Palmas au novillo, salut aux medios.
La faiblesse du troisième novillo ne permet pas à Luis David Adame de briller au capote. La cuadrilla essaye de le préserver autant que possible alors qu'Adame exécute un quite par chicuelinas mains hautes. Mouchoir vert. Le sobrero est reçu par un pot-pourri de véroniques et chicuelinas par Adame. Le bicho s'emploie sans verve au cheval et Adame se perd dans une tentative de quite brouillonne. Brindis au public avant pendulos enchainés avec pases por alto au centre. Le novillo charge avec envie mais trébuche. Adame s'efforce de relever la muleta et réussi une série à droite liée. Il baisse ensuite la main et oblige avec dominio un novillo qui s'emploie sur les deux cornes. Adame laisse la muleta sous le museau entre les passes et tire le novillo dans des séries dominatrices. Le final de faena en terrain rapproché est du goût du public quoique moins abouti. Bernadinas pour finir. Trois pinchazos avant entière atravesada. Palmas au novillo, salut au tiers et passage à l'infirmerie pour blessure à la main gauche lors de l'estocade.
Revenu de l'infirmerie Adame reçoit le dernier novillo jusqu'au centre sans que l'animal ne se confie, se retournant à l'envers entre les lances. Après un premier picotazo sans mettre les cordes Adame donne un quite spectaculaire et ajusté par zapopinas. De la seconde rencontre au cheval le novillo sort cru. Excellent Miguel Martin en banderilles qui salut. Brindis chaleureux au public. Émouvante entame de faena par estatuarios rematés par le bas et pecho. La suite perd en rythme et en intensité à droite avec un désarmé. Puis l'animal se raja en milieu de série sans qu'Adame n'abandonne l'effort. L'aguante est notable mais l'exécution est ternie par la charge interrompue et le manque de vivacité du bicho. La faena se termine par un arrimon aux tablas. Le novillo ne suit pas le toque de la muleta au moment de l'épée et ferme la porte au novillero par deux fois. Puis Adame passe le bras pour une demie lame. Avis et plusieurs decabellos. Silence.
René Philippe Arneodau.