BILBAO 19/08/2014 - Deux oreilles Mendoza.
La présence des deux figuras les plus adulées de Bilbao ces dernières décennies, Enrique Ponce et Pablo Hermoso de Mendoza, a permis aux tendidos de se remplir au trois quart avec une ambiance des grands jours. Les deux Maestros sont honorés, avant que ne rompe le Paseo, pour leur 25 années d'alternative. Le mano a mano est complété avec deux sobresalientes, à cheval Sergio Dominguez et à pied David Saleri.
Le premier de la lidia à cheval est un toro de Fermin Bohorquez de peu de trapio. Pablo Hermozo de Mendoza le fixe en passages en rond et cloue la première et unique farpa sans encombre car, même si le toro répète, Mendoza juge qu'il pourrait ne pas durer. Un recorte au centre est somptueux. La douceur et noblesse du Bohorquez permettent des passages en banderilles le long des planches courant de coté tourné vers les tablas, dominateurs, terminés par des recortes por dentro à la croupe. La pose des palos est parfaitement dominée. Le final avec les courtes plait au public. Un pinchazo profond en arrière est suivi d'une entière trasera, basse et perpendiculaire. Palmas au toro. Palmas et salut au tiers.
Mendoza affronte en troisième position un Carmen Lorenzo bas , trapu qui court tête baissée. Le premier tiers se limite à nouveau à une farpa. La prestation en banderilles est plus laborieuses du fait des à-coups du toro. Lorsque celui-ci baisse de rythme la technique de Mendoza et de son cheval Disparate font réagir les tendidos, malgré quelques accrochages. Banderilles courtes et à deux mains terminent la prestation. Une entière d'effet rapide déclenche une forte pétition de deux appendices accordés.
Mendoza combat en dernier un Victorino, celui-ci plus musculeux que celui échu à Ponce. Il est très afeité. Mendoza porte deux farpas basses. La prestation est laborieuse. Il en ressort deux quiebros en banderilles plutôt réussis. Mendoza invite Dominguez à poser une banderille. Celui-ci exécute deux quiebros dont un bousculé. La suite par Mendoza marque la différence dans un passage de belle maîtrise, toreando. Banderilles courtes et courtes à deux main sont exécutées avec succès. Un long passage à la mort, terminé par descabello, précède un silence.
Enrique Ponce débute avec un Juan Pedro Domecq de belle présentation corniapretado et cornivuelto. Les véroniques de réception sont réalisées tout en douceur et temple terminées par une demie pieds joints. Le bicho prend les deux piques avec le peu de force qu'on lui note. Un quite par chicuelinas et revolera donne le temps au toro de respirer. Ponce entame la faena par le haut, sans obliger, terminant par cambio de mano doux. Suivent des derechazos dans le plus pur style Ponciste, légers et templés. Le passage à gauche est plus laborieux le toro allant a menos. Le symptôme se confirme à droite et Ponce vole quelques passes. Lorsqu'il insiste à gauche, dans les cornes, il exprime les derniers muletazos que le toro ne lui donnera plus lorsqu'il tentera de poursuivre à droite. Entière caida. Palmas et salut au tiers.
Le Victorino Martin est combattu en quatrième lieu par Ponce. C'est un toro très fin et armé, très en Albaserada mais de peu de trapio qui oblige Ponce à le mener au centre après une tentative de véroniques. Le bicho pousse sous le fer et est fortement piqué en trois rencontres. Il humilie bien dans les capes. En voulant passer le bicho par doblones, Ponce se fait mettre en difficulté. Il lui faut effectuer un effort pour tirer quelques derechazos sans être véritablement en confiance. Dans la deuxième série l'application du Maestro améliore le résultat. A gauche il s'aide de l'épée dans des naturelles hésitantes de une en une. Il termine par macheteo avec division d'opinions. Le Victorino n'est pas une alimania, mais un Victorino normal. Deux pinchazos et une entière basse mettent fin à la rencontre tant attendue par les Aficionados. Palmas au toro. Silence.
L'Alcurrucen prévu sort en boitant. Il est remplacé par un Juan Pedro Domecq dont l'armure compense le trapio. Il passe distrait dans les lances de Ponce qui finit par le fixer au centre. Le toro est préservé en piques. Lui et Ponce font montre de temple dans un quite par véroniques. Ce temple du toro permet à la cuadrilla de saluer en banderilles. Brindis au public. Le Maestro débute genou en terre terminant par cambio de mano dans cette même position. Il profite pleinement de la noblesse du JPD avec une confiance renouvelée, visible dans son relâchement corporel et sa créativité. Il s'en suit un ballet harmonieux sans épice mais avec le sirop de la Poncina et des Doblones de fin. Demie lame tendida, aviso et plusieurs descabellos. Palmas au toro. Ovacion et salut au tiers.
Les Maestros ont accepté et réalisé le geste. La formule du mano a mano mixte, n'est pas au goût de tous, mais a satisfait la majorité des présents. René Philippe Arneodau.