C'est intentionnellement que j'ai attendu quelques heures avant d'écrire cette reseña, afin de comprendre ce que j'avais vu hier à Madrid. Quel était le critère marquant de cette tarde? Et bien il me semble que ce qui prédomine c'est cette Alchimie tant recherchée et travaillée par feu Juan Pedro DOMECQ qui en cette occasion aboutit à un désastre pour tous les participants professionnels et le public.
De quoi s'agit-il ? Le toro de Juan Pedro est à la limite entre le toro harmonieux et le toro en sur poids. Les deux premiers du jour étaient plutôt correctement présentés avec des poids de 553 et 514 Kg. La suite est tout autre car si les morphologies ou le volume des suivant donnent la sensation d'être corrects, la différence se fait sur le fait que ces animaux ont des têtes et regards d'adolescents alors que nous sommes dans une Plaza d'hommes. C'est ce qu'on appelle des toros anovillados. On sent que leur croissance a été accélérée et poussée pour pouvoir les présenter en arène de première catégorie. Ils ne sont pas finis. Le quatrième, second de MORANTE, est un bœuf massif, sans trapio de surcroit. Tous ces toritos se cachent derrière des cornes imposantes et pointues que les fundas ont permis de préserver tout en les afeitant de facto sans perte de matière. Mais ce qui ressort encore plus de dette alchimie c'est le comportement des bichos. Les toros du jour se sont déplacés, sont allés au cheval, certains s'y sont employés. Ils ont embistés dans les engaños, ont été nobles et pourtant il ne s'est rien passé sur l'albero de Las Ventas, en la présence de trois toreros capables et volontaires.
Comment expliquer cela ? Une immense soseria s'est dégagée de ces opposants. A tel point que les toreros se sont vus obligés de faire appel à des artifices inhabituels pour tenter d'animer un public divisé mais peu enclin à s'émerveiller des activités du jour. FORTES remate un quite par chicuelinas au second de Manzanares, par une larga cambiada de rodillas en donnant la sortie vers les planches ou Manzanares qui incorpore dans sa seconde Faena des cambios por la espalda enchainés à des pechos sans bouger ou un arrimon à la Castella. Ce sont des signes du peu de respect qu'imposait cette corrida aux toreros. En comportement les Juan Pedros sont tellement dosés pour répondre aux sollicitations que le moindre toque les fait réagir à l'excès ce qui explique qu'ils s'ouvrent souvent lors des toques même très légèrement por fuera, laissant une impression de manque de profondeur au trasteo.
J'apprécie les trois toreros du jour et j'aurais toujours plaisir à les voir toréer au mieux de leurs capacités. Mais on ne peut s'attendre à ce que cela se passe face à des opposants d'une immense soseria comme ceux du jour. Morante est passé en étoile filante conspué à son second, Manzanares a dessiné quelques muletazos bonitos et est passé à du tremendisme afin de compenser et toucher le public et FORTES, très volontaire, ne sut que faire dans de telles circonstances pour réussir sa confirmation avec Odioso N° 70 né en 12/08 pesant 553 kg, abusant souvent de la jambe de sortie en retrait.
Le meilleur de l'après midi est venu de Juan José Trujillo dans les banderilles qu'il a posé au second de MANZANRES. Le tendido 7 à partir du troisième n'a cessé de protester et le public de las ventas a passé plus de temps à s'en plaindre, sans vraiment être réveillé par la qualité de ce qui se passait en piste. FORTES a reçu quelques applaudissements à son premier et a salué à son second, MORANTE silence et bronca, MANZANARES Palmas puis Palmas et pitos avec salut. No Hay Billetes. Froid.