Une minute de silence a été respectée en mémoire de la mort de Joselito El Gallo le 16 mai 1920 à Talavera de la Reina.
Le lot de Toros de Cortes (1) - Victoriano del Río a mérité les réprobations d’une partie du public pour le manque de stature des 1, 2, 3 et 6. Le toro de Madrid a une certaine réputation construite et affinée depuis les années 70. Toutefois la majorité du public fait son affaire de tout ce qui sort de toriles. Mais ce qui nuit le plus à la réputation du ganadero c’est le manque de moteur, de force et de transmission des exemplaires combattus aujourd’hui. Face à ce lot déséquilibré le matador qui a clairement tiré son épingle du jeu est Tomás Rufo qui a démontré son désir de triompher en mettant en jeu son courage et son entrega à l’ouvrage.
Le premier, et seul Toro de Cortes, est protesté pour son manque de remate et sa cara lavada. Sebastian Castella réalise des véroniques brusques. L’animal est distrait et répond à contre temps. Il pousse puis donne de la tête sous une longue carioca. La seconde pique, trasera est brève. Les premiers muletazos sur jambe fléchie se terminent d’abord par le haut, et comme le toro proteste, les passes suivantes se terminent par le bas avec un meilleur rendement. Castella trouve d’abord la distance idoine à droite, tout en étant gêné par le vent. Sous les invectives dues à la présentation du torito, Castella voit son adversaire se mettre rapidement sur la défensive, agarado al piso, avec de multiples accrochages de toile. Un pinchazo sans intention de bien faire, et une demi-lame trasera et basse, mettent fin à ce triste début de corrida. Silence.
Le second de Sébastien Castella est distrait et fait mine de vouloir prendre querencia en tablas pendant que son matador tente de le passer à la cape. L’attaque du cheval de loin par le toro donne l’opportunité à Manuel Bernal de montrer sa toreria par deux fois aux piques. Le toro fait l’avion lorqu’il prend les capes et José Chacón brille avec les banderilles ce qui lui vaut l’ovation. Brindis décidé du Français au public de Las Ventas qui débute par des passes de costadillo, cambios dans le dos et une succession de muletazos sur les deux cornes au fil des chevilles, sans bouger. Dans la suite à droite, le toro baisse en énergie, mais le matador enroule avec entrain. À gauche le Français force la gestuelle pour obliger le toro à répondre aux sollicitations. La charge est devenue molle et le trasteo s’en ressent avec une perte d’intensité. Castella compense sur les deux cornes par une variété de muletazos en proximité à l’opposant. L’arrimón de fin de faena divise les opinions. Avis. Entière trasera et caída portée au centre du ruedo car , ayant trop prolonger le trasteo, le toro ne se laissait pas cadrer. Palmas et salut.
Le premier toro de José María Manzanares est reçu avec précaution par le matador, mise en danger incluse après un desarme et un faux pas sur le sable. Le toro est peu actif sous la première pique et plus lors de la seconde. Tomás Rufo est mis en danger en tentant un quite par chicuelinas. Le toro avance en sautillant avec une tendance à lancer des derrotes vers le haut en sortie de capotazo. Pour cette raison Manzanares baisse la main dès les premiers muletazos qui vont a más, comme sa confiance. Dans la première série droitière, il prend la mesure de l’adversaire et l’enroule en deux séries fort esthétiques, faute d’être ajustées, dans un travail qui enchante les tendidos. Comme à son habitude les séries sont courte avec la dernière passe terminée par le haut et le pase de pecho enroulé. À gauche, l’animal ne répond pas et le matador revient à droite avec un meilleur rendement. Pinchazo hondo porté a recibir vaut à Manzanares une pétition d’oreille non majoritaire. Ovation et salut.
Le cinquième, second de Manzanares, est accueilli par une brega qui une fois encore le conduit à une mise en danger à cause du mauvais état du sol. Le victoriano-del-río s’emploie sans briller au cheval. Le tanteo de début de faena montre un Manzanares sur la défensive. Dans la seconde série droitière la sérénité revient brièvement avant que le matador ne soit à nouveau hésitant. Le passage gaucher appliqué est suivi par un nouveau passage à droite avec baisse de régime définitive des combattants. Trois pinchazos sont suivis d’une entière contraria. Silence.
Tomás Rufo reçoit son premier par une brega imposée par le manque de fijeza de l’opposant. Quand ce dernier met le museau. il "plane". Le tercio de varas est réalisé dans une médiocrité d’ensemble. Sergio Blasco et Fernando Sánchez saluent l’ovation suite à leur excellente prestation au second tiers. A genoux aux tercios, Rufo cite pour des muletazos exposés réalisés avec aguante. Le toro est faible et noble. Le torero se confie. La série droitière suivante est réalisée en passant le toro au ras des chevilles mais sa faiblesse fait que la série se termine par un agenouillement. En pleine série gauchère advient une forte voltereta de laquelle le torero se récupère pour reprendre la gauche par des naturelles engagées à toro aplomado. Un demi-épée en bonne place et d’effet rapide engendre une pétition majoritaire. Oreille.
Le dernier de Victoriano del Río est reçu, à la fois, par des protestations et des delantales de Rufo. On reproche au toro son manque de remate malgré son poids de 592 kg. La première pique est prise en manso et la seconde sans classe. Daniel Duarte et Fernando Sánchez saluent l’ovation pour leur prestation valeureuse au second tiers. Rufo "cite" pour des estatuarios, trincherillas et pase del desprecio. La muleta est ferme dans les derechazos et l’envie de triomphe est palpable. Trois séries soulèvent les clameurs des tendidos. Le passage à gauche est moins réussi, avec un desarme. La suite à droite,, qui baisse de ton, voit s’échapper les espoirs de succès. Deux pinchazos et une entière basse. Silence.
René Arneodau