L’attraction et la vedette de cette dernière semaine revient à Simon Casas qui, avec son associé Rafael Garrido de Nautalia, signait le contrat de gérance et recevait les clés symboliques de la place de Las Ventas des mains de Manuel Ángel Fernández, directeur-gérant des Affaires Taurines de la Communauté de Madrid, propriétaire des arènes. Deux jours après, Simon Casas répondait à l’invitation de l’ Asociación del Toro de Madrid pour exposer sa politique et programmation de la saison 2017. Il faut savoir que cette association est le creuset des aficionados, sévères et radicaux, du fameux Tendido 7 de Las Ventas qui animent à leur façon les tardes par leurs protestations, souvent justifiées, parfois bruyantes et intempestives en relation à la présentation des toros et de l’attitude de certains toreros. A cette occasion la salle de la Casa Patas - centre d’Art Flamenco - affichait le « no-hay-billetes » et bon nombre de personnes restaient debout pendant plus deux heures que durait la réunion, parfois très animée. C’est dire que notre compatriote s’était mis « dans la gueule du loup » et s’attendait à recevoir des critiques au regard de ses déclarations ou réalisations peu prisées ou mal comprises par ces aficionados irréductibles.
Simon rappelait son itinéraire pour enfin avoir atteint un de ses rêves: celui d’accéder à la direction de Las Ventas. Rêves de l’ancien torero romantique qu’il fut, de l’actuel dirigeant des arènes de Nîmes avec les alternatives de toreros figuras passées ou encore en activité, de celles de Mont-de-Marsan, Valence, Saragosse et Alicante et d’apoderado de toreros comme Emilio Muñoz, Curro Vázquez - nouveau directeur artistique de l’Ecole Taurine « El Yiyo » - , Cristina Sánchez, José María Manzanares (père), "Finito de Córdoba", Daniel Luque et bien d’autres et aujourd’hui de David Mora et récemment de Paco Ureña. Etant données les caractéristiques de son public et histoire, chaque plaza doit recevoir la programmation et les affiches qui lui correspondent et Las Ventas n’échappera pas à ces conditions. Se déclarant torista - reconnaissant la primauté du toro dans la corrida - Simon Casas annonçait, avec la permission de Manuel Ángel Fernández, présent à cette tertulia, qu’en 2017, les toros de Victotino Martín seront au cartel du dimanche des Rameaux et pendant la feria de San Isidro, que les deux premières novilladas de la saison seront de Fuente Ymbro et de La Quinta, donc de deux encastes différents (Parladé et Santa Coloma respectivement) et que les toros de Miura seront égaement présents au cours de la temporada. Il était sévèrement critiqué pour avoir déclaré que les novilladas de Madrid étaient des "crimes contre l’humanité" à cause de nombreux accidents et blessés graves enregistrés la saison passée dus à l’inexpérience des novilleros face à des novillos hors normes, de gabarit et armures de toros adultes. Confirmant et justifiant cette affirmation Simon assurait que des novilladas seraient organisée au mois de juillet, en nocturne, pour la promotion de novilleros avec du bétail en adéquation avec les goûts du public madrilène. Par ailleurs, était annoncé que la feria d’automne se déroulerait sur deux fins de semaine, un torista, un autre torerista. Enfin, répondant à une question, il ne pouvait garantir la présence de José Tomás à la San Isidro mais on comprenait que les espoirs étaient permis car un des buts de Simon Casas est de récupérer les 3.000 abonos perdus au cours de ces dernières années. Avec, sa fougue et volubilité habituelles, sa passion aussi, Simon Casas défendait son afición a los toros avant d’être un entrepreneur et créateur, que la tauromachie est un art fugitif il est vrai, le seul qui repose sur la vie la mort, celle du toro et parfois de l’homme, ce que ne comprennent pas les anti-taurins. La défense de la tauromachie passe par l’exigence, l’éthique et le respect. C’est en tout cas le message transmis par Simon Casas et son entreprise à Madrid pour les quatre ans à venir. L’année 2017 sera celle de la confirmation, il faut l’espérer, de ces bonnes intentions. Rendez-vous était donné à l’ATM pour une réunion de bilan en fin de la prochaine temporarada. Qui vivet videbit.
Cette dernière semaine était aussi marquée par la réunión de l’ANPT (Asociación Nacional de Presidentes de Plazas de Toros) qui célébrait son congrès et qui avait invité l’ATP (Asociación Taurina Parlamentaria) dont son actuel président Miguel Cid Cebrián devait faire l’analyse de la sentence rendue par le Tribunal Constitutionnel espagnol au sujet de l’abolition des corridas en Catalogne.
Le président Marcelino Moronta se montrait préoccupé par les attaques que subissent les présidents de corrida dans l’exercice de leur fonction et un des objectifs de l’association sera de se donner les moyens et d’engager les actions pour leur défense. Les présidents de corrida, en Espagne, sont issus des administrations de l’état, maires ou conseillers pour les communes qui organisaient les spectacles taurins, commissaires de police (reliquat de l’ancien régime transmis en 1978 au ministère de tutelle, celui de l’Intérieur, le président de corrida étant le représentant de l’ordre public et le garant de la sécurité dans les arènes – NDLR). Aujourd'hui il faut ouvrir cette fonction à des aficionados compétents et pas seulement à des fonctionnaires. Un cours de formation sera nécessaire pour les aficionados qui souhaiteraient accéder à cette fonction et c’est l’UNED (Université Nationale d’Education à Distance) qui assure cette formation de Direction de Spectacles Taurins. Il serait également souhaitable que, par souci de transparence, puissent être remis à l’administration compétente les actes des raisons des décisions prises par le président pendant la corrida afin qu’elles soient connues des aficionados qui en feraient la demande. Le président a pour fonction principale celle de garantir les intérêts de l’aficionado. Pour cela il sera demandé à l’administration centrale que soit généralisé le système idoine du contrôle de l’intégrité des animaux - les toros et chevaux de corrida – ainsi que système aléatoire du contrôle des cornes semblable à celui en vigueur au Pays Basque espagnol. Telles étaient les décisions de ce congrès de l’ANPT montrant ainsi une évolution dans les mentalités mais aussi rendant plus démocratique le spectacle taurin qui ne l’était pas toujours dans ses instances supérieures.
Le parlementaire Miguel Cid Cebrián en sa qualité de président de l’ATP et de juriste se montrait optimiste tant sur l’avenir de la Fiesta de los Toros comme à propos de la décision du TC espagnol car le nuage qui s’étendait sur la tauromachie s’est éclairci (sic). Ses arguments ont que la loi catalane viole la liberté d’entreprise et ne respecte l’Article 149.2 de la Constitution espagnole qui stipule les attributions de l’Etat qui sont "intouchables" renforcées par la loi 10/1991 qui mettait en relief la dimension culturelle de la corrida de toros en Espagne. Toutefois il était reconnu que la Generalitat catalane pouvait réguler y compris interdire l’accès aux arènes des mineurs de 15 ans, l’installation d’arènes démontables (comme c’est le cas actuellement) mais ne pouvait se substituer aux compétences et attributions de l’Etat. Qu’adviendra-t-il si la Generalitat ne respectait pas la sentence du TC ? Il s’ensuivrait sans doute une infinité de mesures peu ou prou appliquées et surtout l’apparition de règlementations additionnelles locales qui rendraient quasi impossibles l’organisation d’une corrida à Barcelone. Encore faudrait-il, qu’auparavant, se lève un mouvement pour concrétiser la volonté et l’annonce de cette organisation avant que ne soient mises en marche toutes les actions matérielles et juridiques pour que cette corrida hypothétique puisse se dérouler ou non. L’avenir nous le dira…
Georges Marcillac