Alors que les Rejoneadores ont pris possession du ruedo de la Maestranza, il n’est pas inutile de revenir sur les quatre premières corridas de la Feria 2015 et d’analyser ce que nous avons vu.
En ce qui concerne les Toros il faut retenir les embestidas énergiques de certains Fuente Ymbro ainsi que la qualité, entravée par leur faiblesse de pattes, de quelques Montalvos. Sans hésitation on peut dire que les lots ont été de présentation inégale, pas du tout rématés comme on pourrait s’y attendre dans une arène de première catégorie, pendant une des plus importantes Ferias du monde. Est-ce par manque de bétail au campo ? Cette situation est réelle, il suffit de voir à quel point il est difficile de trouver des bichos à toréer au campo et voir les prix qui y sont pratiqués quand on les trouve. Ou faut-il croire ceux qui sont de l’avis que l’Empresa à choisi les lots qu’on leur vendait au meilleur prix, de fait les moins rematados? En tout état de cause le résultat est là et n’est pas à la hauteur des circonstances.
L’absence des figuras du bloc des quatre a donné aux jeunes et quelques deuxièmes plans des opportunités qui n’ont pas pu ou pas été utilisées. Olivia Soto, Esau Fernandez, Javier Jimenez, Pepe Moral et Lama de Góngora ne sortiront pas catapultés par leurs prestations. Si l’on veut être exigeant on dira que passer par Séville sans y laisser une forte impression, de quelque manière que ce soit, est une indolence fautive pour les générations montantes. Personne ne se souviendra de l’oreille de Pepe Moral, au contraire de celle d’Adame qui, elle, est empreinte de toreria, de maturité et d’engagement, ce que n’a pas su reproduire son concitoyen Saldivar. Parmis les toreros rodés que sont El Cid, Nazaré, Luque je retiendrai le capote de Daniel Luque qui fait partie des meilleurs moments de ce début de Féria, avec un toreo de cape en avançant sur la trajectoire du toro, en templant et en toréant lentement.
Reste le cas des deux figuras présentes en ce début de féria et qui repasseront par la Maestranza durant les Farolillos. De Manzanares mon opinion est qu’il faut raison garder. Dans les faits il a été à deux doigts de sortir par la porte du Prince. Heureusement que Madame la Présidente Anabel Moreno Muela a su tenir son rôle et protéger la réputation du Temple. Elle a d’ailleurs appliqué stricto sensu le règlement en cédant aux pétitions majoritaires pour primer le toreo certes esthétique, dans le sens de physique, d’un José Maria Manzanares électrique, toréant en séries courtes, se faisant déborder et toucher la muleta, abusant des desplantes à toro avachi et tuant au pas de course. Une repasse de la video sur le site de Canal+ Toros permettra à tous de se remémorer ces passages. Reste enfin le Maestro Ponce. A priori je ne suis pas Ponciste, mais je dois avouer que dans l'escalafon actuel, Enrique Ponce avance avec une classe, une dignité, et un sérieux dans la mise en oeuvre de sa tauromachie, égalés par nul autre. Ses prestations, même non récompensées, ont dépassé dans les détails celles qui l’ont été.
Il n’ y a pas en Tauromachie de prévisibilité qui vaille. Mais je dois avouer attendre avec impatience quelques moments de la semaine à venir, sous réserve que les défauts d’organisation déjà constatés n’entrainent pas les même conséquences. Bien évidemment les corridas de Victorino et de Miura, mais aussi celle de Torrestrella pour en voir l’évolution et "ojala" les progrès, et du Pilar dont je crains que nous voyons la version Soft, celle des toros que le ganadero ne met pas à l’épreuve au campo. Enfin ma curiosité s’oriente vers deux toreros. Ivan Fandiño pour voir comment il gère le post Madrid dans une grande arène et dans un moment de responsabilité et Sebastien Castella qui a un rendez-vous en attente avec la Maestranza et dont le début de temporada indique que les signaux sont au vert. René Philippe Arneodau