Le 17 octobre dernier la députée Samantha Cazebonne (LREM – 5ème circonscription des Français de l’étranger Espagne, Portugal, Andorre et Monaco) convoquait un colloque international à l’Assemblée Nationale sur le thème : Protection de l’Enfance contre toutes les Formes de Violence. Ce sujet fort louable par ailleurs cachait dans son titre la volonté de la députée de lancer une PPL – Proposition de Projet de Loi – pour interdire l’accès et éducation des enfants mineurs à la corrida de toros. L’exposé des motifs de cette PPL ne laissait aucun doute sur les intentions de la députée : « Cette proposition de loi vise à protéger les mineurs de l’exposition à la violence exercée sur les animaux, êtres vivants doués de sensibilité aux termes de l'article 515-14 du Code civil, y compris dans un contexte de tradition. Elle vise également à ce que les traditions locales ininterrompues faisant l’objet d’une dérogation aux dispositions de l’article 521-1 ne puissent être enseignées à des mineurs ou leur être présentées dans le cadre d’activités de familiarisation » En effet, dit d’une façon subliminale, il est question de protéger nos enfants de la violence, sinon leur interdire à l’assistance de la corrida de toros – protégée par la tradition ininterrompue dans les régions où elle a lieu (NDLR). Plus loin il est avancé que « Les effets négatifs de l’exposition à la violence sur les animaux sont également présents lorsque celle-ci est exercée au nom de la tradition, comme les courses de taureaux avec sévices graves ou les combats de coq. Une étude espagnole (?? NDLR) rapporte qu’une majorité d’enfants ont un sentiment défavorable sur les corridas, et qu’après avoir regardé une vidéo de corrida, leur score d’agressivité et leur score d’anxiété est plus élevé si les images étaient accompagnées de commentaires festifs plutôt que de commentaires neutres ». Il était ajouté que : « Un ensemble de psychiatres et de psychologues français mettent ainsi en garde contre le traumatisme que peut générer le fait d’assister à des scènes violentes sous les applaudissements d’adultes de confiance, auprès de qui il sera difficile de faire admettre la tristesse ou l’anxiété provoquées, contre le risque d’accoutumance à la violence, etc. »
Ces dernières assertions sont sujettes à discussion car aucune étude scientifique ne confirme les néfastes et nocives influences de la vision de la violence – que l’on ne nie pas – de la corrida de toros sur le psychisme et le comportement des mineurs «exposés» à ces « effets négatifs ». Quant à affirmer qu’une majorité d’enfants, que l’on a l’habitude d‘étendre à 75% des habitants des 10 départements taurins français, ont un sentiment défavorable sur les corridas, affirmation péremptoire et sans fondement, elle ne peut être imputable qu’à l’indifférence ou un manque d’information et d’éducation sur l’histoire, le déroulement, le rite et l’esthétique de l’art taurin. D’autre part, cette PPL fait abstraction de l’autorité et préemption parentale pour l’éducation des enfants.
Le colloque réunissait entre autres personnalités Jean Paul Richier, psychiatre et à l’occasion rédacteur de Mediapart qui, le 20 octobre dernier, à la suite du colloque, se gaussait de l’Appel de quarante personnalités qui dans la Tribune du Figaro exprimaient que « la corrida est un art et nul n’en doit être exclu » ; Roger Lahana, President de No-Corrida de la FLAC ; Marta Esteban Miñano qui déclarait lors de son intervention durant le colloque : « Est également nécessaire une éducation qui promeuve des valeurs comme la solidarité, l’empathie et l’altruisme et qui procure les outils nous permettant de réduire les pensées négatives et émotions afflictives tout en cultivant les positives (sic)». Ces paroles paraissaient défendre les valeurs que défendent précisément les écoles taurines … paroles involontaires sans doute, hors contexte du colloque !
Les réactions n’ont pas manqué à cette PPL et de nombreuses manifestations étaient organisées dans le Midi et villes taurines comme Dax, Mont-de-Marsan, Béziers, Nîmes et autres pour s’élever, parents et enfants, contre cette tentative d’interdiction d’accès aux spectacles taurins et aux écoles taurines, comme le proposent la députée Samantha Cazebonne et Aurore Bergé, porte-parole du groupe LREM (voir la lettre ouverte de Sébastien Castella (03/09/2019). Lettre ouverte à Madame Aurore Bergé
Selon la Constitution, une PPL ne peut être déposée sur le bureau de l’Assemblée Nationale ou du Sénat qu’après avis du Conseil d’État. C’est auprès de cette instance supérieure que s’est dirigée une délégation de l’UVTF et de l’ONCT pour faire valoir l’absence de fondement de la PPL et ainsi faire reconnaître les droits des enfants mineurs ainsi que ceux de leurs progéniteurs d’exercer leur liberté culturelle en particulier celle liée à la tauromachie et ses traditions. Ci-joint le Communiqué de l’UVTF et de l’ONCT qui fait état de cette démarche.
Georges Marcillac