Bilbao - 21 août 2018 - Le meilleur: une belle entrée à Vista Alegre.

Lorsque le titre d’une chronique taurine ne fait mention ni d’un succès de toreros, ni du combat des toros, il est facile, pour le lecteur d’imaginer le résultat désastreux de la quatrième corrida de l’Aste Nagusia de Bilbao. En effet après les lamentations, les deux jours précédents, de l’absence de public et des questions qui se posaient pour en chercher les raisons, aujourd’hui, les arènes de Vista Alegre étaient aux trois-quarts remplies : Cela laissaient présager une belle après-midi avec un cartel de luxe avec Enrique Ponce dont on ne compte plus les succès à Bilbao, José María Manzanares et l’étoile montante de la torería actuelle, Andrés Roca Rey dont la présence n’était sans doute pas étrangère à cette belle affluence de public. Et les toros ? me direz-vous. De Nuñez de Cuvillo. Ces animaux élevés dans la province de Cadix ne résistent sans doute pas au changement de latitude car ils exhibaient une faiblesse comme celle montrée à Mont de Marsan pour La Madeleine (voir ma chronique du 22 juillet)    Avec de tels exemplaires, bien encornés - il est vrai - les deux derniers plus corpulents d’un lot homogène en poids, qui ne résistaient pas aux piqûres qui leur étaient administrées lors du tercio de varas ??, qui perdaient l’équilibre et s´étalaient en maintes reprises sur le sable gris du ruedo, qui se traînaient pendant les faenas? de muleta, les figuras pour qui avaient été choisis ces ersatz de toros braves, ne pouvaient que donner l’illusion de toréer pour remplir un contrat sans doute grassement payé… cela dit en passant. Une autre question se pose: reviendront les spectateurs occasionnels attirés par ce cartel de vedettes?

Seul Enrique Ponce par sa vergüenza torera, sa technique et son élégance réussissait l’exploit de s’inventer une faena lorsque rien ne laissait prévoir la durée du trasteo ni la réponse d’un toro sans fijeza, qui ne se livrait pas dans ses charges, protestait même mais allait aller tant bien que mal derrière la muleta pas appuyée au début, plus convaincante ensuite. On remarquait des naturelles pour « templer » une charge désordonnée, des passes de trinchera, des molinetes invertidos liés aux passes de poitrine comme paraphes de séries et finalement une amorce de poncina lorsque le toro faisait mine de capituler, de rajarse. Il était repris aussitôt, rageur le torero, rageur le toro vaincu mais qui, forcé par la science et l’obstination d’Enrique Ponce, avait extrait un fond de bravoure et d’agressivité cachés jusqu’alors. L’estocade entière portée avec décision n’était pas concluante et trois descabellos étaient nécessaires avant que le maestro ne reçoive une très forte et longue ovation. A son premier, un sobrero du même fer et aussi invalide que le nuñez-del-cuvillo titulaire, Enrique Ponce ne pouvait que prendre l’épée et en finir après un labeur de torero-infirmier…

Andrés Roca Rey faisait un effort au 3ème pour le maintenir sur pied et le toréer avec douceur, sans trop baisser la muleta car ce toro ne l’aurait pas supporté, variait les passes pour agrémenter une faena volontaire mais sans grand intérêt : le toro noble mais sans force ni race devait en particulier, sur la fin, recevoir plusieurs toques pour compléter deux circulares et être repris par un changement de main sur la gauche. Un pinchazo et une estocade bien placée ne méritaient qu’une faible ovation. Au 6ème, l’espoir de voir ARR dans ses œuvres était déçu car l’animal suelto au début se révélait être un manso qui cherchait la sortie… par où il était entré, la porte du toril. Le jeune Péruvien tentait de l’éloigner de la querencia et découragé prenait l’épée pour infliger au toro, près des planches, deux estocades basses.

On passera sous silence la prestation de  José María Manzanares qui, ni à la cape, ni à la muleta, ni à l’épée pouvait s’exprimer face à deux exemplaires inutiles auxquels les passes ne servaient qu’à confirmer leurs lamentables conditions physiques.

Enrique Ponce : silence ; un avis et grande ovation. José María Manzanares : silence aux deux. Andrés Roca Rey : un avis et saluts ; silence. Sifflets à l’arrastre de la plupart des toros et surtout en fin de corrida pour marquer le mécontentement du public déçu.

Georges Marcillac

Photos: Manu de Alba pour mundotoro.com

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