En 2012 j'écrivais dans un article à propos de la passe Tlaxcalteca, inventée par EL PANA: "EL PANA est un torero qui prend le risque considérable de se faire remarquer avant de devoir démontrer ce dont il est capable. S'il n'était pas en mesure d'assumer son originalité, il serait "chulo" ou bouffon. Ce n'est, en réalité, pas du tout le cas. Même s'il lui arrive d'avoir, comme tout torero, de mauvais jours et parfois de très mauvais, il est aussi capable de moments d'incroyable sincérité, au-delà de ce que nous exigeons habituellement des membres de la profession. EL PANA nous fait offrande de ces moments et il est de notre devoir d'Aficionado de les valoriser à leur juste niveau."
Le 1 Mai 2016 Rodolfo Rodriguez a toréé dans une corrida mixte à Ciudad Lerdo (Durango). Lui et le novillero Jesus Sotomayor ont estoqué des toros et novillos de Guanamé. Lors du combat de son premier adversaire EL PANA a été sévèrement bousculé par son adversaire en donnant un molinete.
https://vimeo.com/165198962
Cette voltereta l'a laissé inconscient pendant de longs instants. Ayant repris ses esprits il est revenu en piste pour estoquer sont toro dont il obtint les deux oreilles sur demande insistante du public. La perte de conscience est toujours un symptôme qui conduit à une attention médicale poussée pour en vérifier la cause et les conséquences. Alors qu'EL PANA toréait dans une Arène de notoriété limitée et malgré ses facultés affectées tant par l'accrochage que par son age, il choisit de rester en piste et de combattre son second adversaire. Nous avons tous admirés en d'autre moments une telle attitude chez d'autres toreros. Il s'agit d'un acte de courage et de sens des responsabilités qui à la vue de l'accident qui est arrivé ensuite pose des questions. Comme le savent les taurinos, en tauromachie, le critère qui prends le dessus, lors d'une voltereta, est celui du comportement du torero. Les compagnons évaluent rapidement les réactions ses réactions, ses symptômes et son comportement soit pour le laisser poursuivre son combat, soit pour le retirer à l’infirmerie. En l’occurrence après le premier percance le consensus a été qu'il convenait de laisser poursuivre EL PANA.
Je ne connais pas les circonstances de la décision collective de le laisser continuer , mais ce que je sais c'est que son aura et son pundonor auront fait la différence, convainquant son entourage. Certains commentateurs ont jugés utile de se référer rapidement aux supposés besoins financiers du Maestro qui l'auraient conduit à rallonger une carrière au delà du raisonnable. D'autres ont mis en avant le peu de facultés physiques d'un torero dans une étape avancée de sa carrière dont ils jugent qu'elle aurait du prendre fin il y a longtemps. La vérité est que, partout ou il se produisait, un public enthousiaste avait plaisir à voir EL PANA et lui vivait en Matador de Toros à chaque instant de sa vie, avec une originalité unique et un pundonor indiscutable.
La voltereta qui a conduit au terrible accident est d'une impertinence consternante. Des coups de cornes EL PANA en a reçus en toréant. Là c'est à la fois un extraño et une limitation physique, combinaison de l' âge et des effets de la première voltereta, qui sont à mettre en cause. En ce qui concerne l'âge, je me souviens d'avoir suivi avec beaucoup d'intérêt les fins de carrières de Curro Romero, de Rafael de Paula, d'Antoñete, de Manolo Vazquez qui ont connus, dans cette dernière ligne droite, des moments importants, tout comme EL PANA lors de sa première despedida de la Mexico en 2007.
https://www.youtube.com/watch?v=-DDz9wc_WJ0
En ce qui concerne les effets de la première voltereta, la décision du torero est comme toutes celles de toreros, dans la même situation, une question très personnelle où se mèlent le rationnel et l'irrationnel, le courage et la peur, le pundonor et la nécessité, sans que le commun des mortels ne soit en mesure de comprendre ce qui se passe dans l'esprit d'un torero à cet instant. Vouloir le juger avec les mêmes critères que les événements de la vie courante est un non sens. Il faut donc respecter les décisions graves des toreros et rester humble et respectueux face à leurs conséquences.
Si EL PANA reste tétraplégique à la suite de ce percance, ce que semblent indiquer les médecins, sa vie sera l'antithèse de ce qu'il a toujours été. Sa souffrance la même que toutes les victimes de ce type d'accident terrible. Il restera pour toujours, et selon ses propres mots, un homme qui a choisit d'être un illuminé génial plutôt qu'un être sensé et médiocre. Nous ne verrons plus jamais toréer EL PANA. La tauromachie conservera pour l'éternité la trace du son passage dans les ruedos en Torero génial. Pour ceux qui surent comprendre cette originalité, ils ne regarderont plus jamais le toreo de la même manière. Mes pensées vont maintenant à l'homme Rodolfo Rodriguez.