Ce titre ne fait pas seulement allusion à la climatologie adverse - bruine, vent constant et une éclaircie timide vite remplacée par des nuages menaçants – de cette après-midi de Séville mais à la déconvenue, de cette corrida prometteuse. Grande déception principalement due au comportement affligeant des toros de Jandilla et leurs remplaçants. Les toreros, vainement, faisaient de leur mieux pour venir à bout de leurs faenas à des toros sans jus et sans race.
Morante de la Puebla en était à sa troisième présentation à Séville pour cette saison et repartait bredouille après avoir touché deux toros infumables. Tout d’abord un sobrero de Albareal remplaçant le premier jandilla qui s’affalait après les piques? après avoir accroché en deux fois le sable de sa corne gauche en fin de passage dans la cape du torero de La Puebla. Ensuite, le 4ème de Vegahermosa n’acceptait et ne valait pas une seule passe de ce nom. Heureusement des estocades efficaces écourtaient nos souffrances mais ne pouvaient pas nous faire regretter, une fois de plus, de n’avoir pas vu Morante dans ses œuvres. Il étrennait un magnifique costume de lumières mais cela n’était pas suffisant pour « éclairer » l’après-midi.
Diego Urdiales, dont c’était l’unique présence à la Feria, ne pouvait montrer son toreo classique que par intermittence lors de sa faena au Vegahermosa - celui-ci titulaire, 2ème - malgré un défaut patent, celui de sautiller en fin de passes et terminer ensuite avec une charge ultra-courte. On notait un derechazo limpide et templé, un changement de main ovationnés d’une faena où les naturelles volontaires étaient réduites à des demi-passes car le toro n’avait plus la force ni la race de se déplacer. Le 5ème jetait ses pattes avant dans la cape, mauvais signe, il gardait ensuite la tête haute dans la muleta de Diego Urdiales. Celui-ci parvenait, malgré tout, à lier des passes de la droite dans une seule série dans laquelle le jandilla avait oublié son défaut. La suite confirmait ce défaut de tête et il en résultait des accrochages de muleta aussi bien à droite qu’à gauche ce qui n’était pas du goût du public qui le faisait aussitôt savoir. On mettra toutefois au crédit de Diego deux superbes estocades, estoconazos dirons-nous, qui roulaient ses deux toros sans l’aide des habituelles rondes des peones.
Alberto López Simón, face aux deux toreros vétérans qui le précédaient, se devait de confirmer sa prestation de la semaine dernière. Il fut sur le point d’y réussir à son premier qu’il saluait par de suaves muletazos et poursuivait sa faena, à droite, vertical et relâché, donnant du temps au toro de souffler et mesurant la vitesse du toro dans sa muleta. Les passes à droites étaient mieux réussies et liées à droite qu’à gauche car la charge du toro était plus courte de ce côté. López Simón montrait fermeté et aguante en phase finale devant un animal arrêté, sans fond pour répondre au style épuré du madrilène. Un volapié parfait, d’effet immédiat, justifiait une belle ovation mais la pétition d’oreille qui suivait ne faisait pas l’unanimité. Le dernier jandilla de 598 kg, en début de faena, avait un galop trompeur pour répondre à un cite lointain depuis le centre de la piste. En effet, par la suite, il se traînait avec mollesse et ennui derrière la muleta d’Alberto. Il fallait en finir, le public étant impatient d’abandonner la Maestranza dans le froid pour retrouver l’ambiance chaleureuse des casetas de la Feria.
Inutile de décrire dans le détail le nombre de fois que les jandillas, vegahermosas et autre albareal ont mordu le sable de la Maestranza, la pauvreté de la suerte de varas et l’absence de caste et race des pensionnaires de Borja Domecq peut-être aussi de poids exagérés pour Séville, trois d’entr’eux frisaient les 600 kg.
Morante de la Puebla : deux silences polis et résignés. Diego Urdiales : ovation et silence. Alberto López Simón : Vuelta après petition d’oreille ; silence. Georges Marcillac.