Les toros de Daniel Ruiz étaient combattus pour la première fois à Bilbao et pas par n’importe qui puisque Enrique Ponce faisaient ses adieux à l’afición de Bilbao Il était accompagné d’Andrés Roca Rey qui bissait après son succès de la veille et de Pablo Aguado qui figurait comme comparse d’une corrida qui promettait. Hélas pour Enrique Ponce et le public qui était venu nombreux sous un soleil radieux à Vista Alegre, de ces toros, pas un seul, n’offrait le mínimum de jeu, sans forces ni caste pour tenir debout, beaucoup de cornes et de kilos, mais rien dans les entrailles. Pourtant cet élevage est de ceux que choisissent les figuras y compris Andrés Roca Rey…
Enrique Ponce, au moment du paseillo recevait l’hommage d’un aurresku et ensuite devait répondre à l’ovation du public debout. Tous ces gestes de remerciement de l’afición de Bilbao correspondaient aux services rendus et nombreux succès enregistrés au Botxo car malheureusement ces ovations ne pouvaient s’appliquer au résultat de ses deux faenas d’aujourd’hui… La première à un toro haut sur pattes, qui traînait son train arrière, se freinait dans la cape et refusait de charger le cheval au tercio de piques, qui était quasiment mis sous le cheval pour être piqué et qui sortait en fléchissant des pattes avant. Avec se “matériel” Enrique entreprenait un trasteo d’infirmier par des passes suaves qui n’empêchaient pas une chute totale au terme d’une série de la droite. De jolis gestes, molinete inversé, changement de main et passe de poitrine liés. Même une poncina ou une passe circulaire à l’envers n’aboutissaient à leur totale exécution. L’estocade tombée, arrière mettait un terme au premier chapitre des adieux. Le deuxième n’était guère meilleur car si le toro sorti quatrième avait plus de vigueur dans les véroniques et la demie de réception, ainsi que face au cheval, peu piqué en définitive, il ne permettait, à la muleta, qu’une série de la droite, corps vertical et ceinture accompagnant le voyage à mi-hauteur. Ensuite, la charge descompuesta. par saccades, ne donnait lieu qu’à des demi-passes, le toro topón et l’insistance désespérée d’Enrique ne faisait qu’aggraver la situation. Un seul pinchazo hondo suffisait pour que l’animal s’effondre sans un geste de défense. Sonnait un avis. Une pathétique et longue ovation saluait ce désepérant final et le public obligeait Enrique Ponce à une dernière vuelta.
Andrés Roca Rey, après un quite par gaoneras au centre du ruedo et un brindis respectueux à Enrique Ponce semblait n’avoir pris la muleta que pour la forme. Des statuaires en début de faena, des naturelles longues ensuite, des pertes d´équilibre successives du toro déficient, le décidaient à prendre l’épée pour un pinchazo précédant une estocade desprendida. Le 5ème, un toro volumineux et ses 572 kg, ne prenait que deux picotazos, sortant suelto du premier, n’indiquait rien de bon. Le quite par chicuelinas de Pablo Aguado n’enseignait rien de bien encourageant. Après le brindis au public, ARR semblait décidé à changer le cours de cette corrida désastreuse. À genoux, des passes hautes et, debout, la passe de poitrine hasardeuse, tel était le début de la faena. Ensuite , ARR “citait” à distance profitant de l’inertie de la course du toro pour enchaîner des passes sans trop forcer ce toro qui acceptait des naturelles, exécutées de profil. Farol et passe de poitrine. Il ne le lâchait pas, le reprenait à droite et dans un changement de main il revenait aux naturelles… des accrochages de muleta indiquaient que le toro n’en voulait ni n’en pouvait plus. La passe circulaire inversée ne fonctionnait pas, ARR se mettait littéralement dans les cornes et sortait gracieux et triomphant… du toro arrêté. Des manoletinas terminaient une faena qu’avait suivi le public avec enthousisme. Las, un pinchazo et une estocade verticale desprendida, compromettaient l’octroi de l’oreille.
Pablo Aguado se distinguait principalement à la cape à ses deux opposants, par des véroniques de réception et dans un quite par chicuelinas, certaines marchées pour mettre en suerte aux piques le 6ème. Le brindis à Enrique Ponce était de rigueur... À la muleta, la mollesse des charges du 3ème et justement l’absence de celles du 6ème laissaient quasiment inédite la prestation du Sévillan au Botxo .
Enrique Ponce: saluts; un avis et vuelta forcée. Andrés Roca Rey: silence et saluts. Pablo Aguado; silence et saluts? |
Georges Marcillac
Photos de BMF Toros 2024 et Ferdinan De Marchi (aurresku à Enrique Ponce)