Madrid - 21 février 2019 - Le tirage au sort de la prochaine San Isidro

Le premier chapitre du “bombo” de Las Ventas, c’est-à-dire le tirage au sort des toreros qui, durant la prochaine San Isidro, affronteront les toros d’élevages proposés par l’empresa Plaza 1 se refermait, ce matin, dans la salle Alcalà des arènes de Madrid, devant un parterre d’invités, de représentants de la presse et apoderados de toreros. Le deuxième chapitre sera évidemment le déroulement et le résultat des corridas dont ont été désignés seuls 10 matadors de toros et qui devront être accompagnés par deux autres toreros selon les critères annoncés par Plaza 1 et Simón Casas qui est l’inventeur de cette nouveauté (voir l’article du 9 février).

       

Etaient donc proposés 10 élevages de toros pour 10 toreros qui, au cours de ces derniers jours, les uns après les autres,  décidaient de se prêter au tirage au sort. Jusqu’à lundi de cette semaine, nous connaissions huit de ces toreros et le suspense était garanti jusqu’à avant-hier lorsqu’Antonio Ferrera et Álvaro Lorenzo se joignaient aux premiers postulants. Il va sans dire que les commentaires et paris allaient bon train à propos de la présence ou absence de deux figuras qui n’avaient pas encore répondu à l’appel. Il s’agissait bien sûr de José María Manzanates et surtout de Julián López «El Juli» dont les toros de Garcigrande/Domingo Hernández, qui sont de sa prédilection, faisaient partie des lots mis en jeu. Dans un article du numéro d’Aplausos de cette semaine, «El Juli» justifiait son refus de participer à une «rifle» et se cantonnait dans ses prérogatives de figura, lui seul se réservant le droit de choisir les toros. Il soutenait que l’organisateur avait le droit d’innover mais avec le consentement des intervenants, toreros, ganaderos, subalternes, etc. Avec ce consentement ou connivence, l’idée d’un tirage au sort disparaissait de facto, d’où la contradiction manifeste de ce raisonnement. Le cas de José María Manzanares est sans doute différent. À ce jour, aucune déclaration n’était enregistrée à ce sujet. De la liste des élevages du bombo, seul celui d’Adolfo Martín jurait avec les huit autres, ceux que toréent habituellement les toreros vedettes. L’esprit morbide de certains leur faisait souhaiter la combinaison des toros d’Adolfo soit avec Enrique Ponce, le torero vétéran, soit avec Andrés Roca Rey, l’étoile montante actuelle. Le hasard voulait que, dès le premier tirage, cette dernière combinaison  Adolfo Martín/Andrés Roca Rey laissait le champ libre aux autres duos, a priori moins compliqués… En particulier, Enrique Ponce était associé à Juan Pedro Domecq – heureux hasard - ,Diego Urdiales à Alcurrucén – élevage avec lequel le torero d’Arnedo a souvent triomphé - et Miguel Ángel Perera retrouvait Fuente Ymbro, des toros qui ont forgé  le début de sa carrière. Les oracles amateurs étaient finalement satisfaits.  Par contre, les grincheux, une fois le résultat connu, entamaient des discussions qui visaient à jeter un doute sur la validité de ce tirage au sort. Ils en arrivaient à regretter l’absence des toreros vedettes. Quelques jours auparavant, ces mêmes vedettes étaient taxées d’un toreo prévisible, que leurs honoraires étaient disproportionnés et qu’ils n’apporteraient rien de nouveau à la prochaine San Isidro. Somme toute, l’aficionado pouvait bien s’en passer. D’autres  vouaient aux gémonies Simon Casas car, de la sorte, il réduisait d’autant son budget lié aux contrats exorbitants des vedettes qu’il avait im(ex)plicitement éloignées de la programmation de la feria. Enfin, il en avait pour tous les goûts.

Dans un mois nous serons fixés sur le reste de la confection des cartels, avec les aspirants à matadors pour leur alternative, avec les toreros émergeants ou habitués des corridas «dures» qui pourront se frotter aux figuras, quels toreros du bombo opteront pour d’autres élevages car, a priori, d’autres cartels leur seront ouverts. Les tertulias s’annoncent animées. Peut-être avons-nous, là, le révulsif qui annonce la meilleure feria de San Isidro de tous les temps. Simon Casas en est convaincu et en a fait l’annonce, euphorique après les premiers éclats de sa bombe.

Georges Marcillac

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