L’an dernier lors d’une corrida du «Desafío Ganadero» trois toros de Valdellán étaient «opposés» à ceux de Saltillo. Aujourd’hui, c’est une corrida complète qui se présentait à Las Ventas alors que son ancienneté remonte à l’année 2000, en réalité celle la ganadería de Casillón dont les propriétaires actuels ont acquis les droits. D’origine Santa Coloma, via Graciliano et Alipio Pérez Tabernero, cette présentation revêtait une certaine importance d’autant plus que le matador Fernando Reobleño était tête d’affiche et qu’il avait coupé une oreille de «Navarro» de Valdellán déclaré meilleur toro du desafío cité précédemment. Il était accompagné d’Iván Vicente et Cristian Escribano. De cette corrida ressortaient trois toros des six ce qui pouvait justifier la satisfaction du ganadero. En effet les toros 3ème (le meilleur), 4ème et 5ème montraient des qualités partiellement exploitées par les trois toreros dont les faenas étaient singulièrement perturbées par le vent. Ils allaient tous au cheval sans recevoir un châtiment excessif, seul le 1er donnaient des signes de mansedumbre, le 2ème sortait suelto des piques, le 6ème de 626 kg soulevait la cavalerie.
Fernando Robleño se décourageait rapidement pour le manque d’intérêt de son premier à combattre, distrait et sans se livrer, desparramando la vista au sortir de la muleta. Une estocade entière était suffisante après une faena abrégée. Après des véroniques qui allaient chercher le 4ème plus que celui-ci ne chargeait naturellement la cape, la faena révélait à la fois métier et assurance du torero madrilène dès les passes de tanteo où le toro passait mieux à droite. Très mobile, ce toro obligeait Fernando Robleño à «perdre» des pas pour se replacer et lier les passes. Malgré quelques défauts de tête, la charge était franche et la faena vibrante, «sur les jambes» face à ce vadellán exigeant. Les distances de déplacement du toro et du torero se réduisaient et la faena, bien que mobile, avait été dominatrice. De nouveau, estocade entière, un peu en arrière et desprendida.
Iván Vicente fut le plus discret des trois. Au 2ème, qui fuyait les capes, qui montrait quelques faiblesses de locomotion, qui chargeait descompuesto, il n’y eut pratiquement pas de faena. Le vent omniprésent n’aidait pas non plus à faire des efforts et gênait à la mise à mort sans pour cela excuser le mauvais placement de l’épée Le 5ème, en début de faena, «faisait l’avion» dans la muleta pour ensuite s’arrêter entre passes et passes, sur la gauche il passait bien ou mieux et c’est le torero qui ne pouvait encaisser ses charges… L’estocade était portée en allongeant le bras. Le toro applaudi à l’arrastre.
Le toro que touchait Cristian Escribano en troisième position était le meilleur du lot. La raideur de son arrière-train laissait craindre des faiblesses mais sa course était constante et il mettait bien la tête dans les véroniques et la demi-véronique artistiques de réception. Le tercio de banderilles était brillamment illustré par Jesús Alonso «Chule» clouant bien, étant poursuivi jusqu’aux tablas. Après le brindis au public, la faena débutait par des doblones bien conduits malgré le vent ainsi que les derechazos des premières séries. Une série de naturelles et un accrochage de muleta – la faute du vent ? – transformait ce toro qui ne chargeait presque plus ou le faisait avec vigueur et casta. Un changement de terrain pourrait aussi expliquer cette modification de comportement. Cristian Escribano abandonnait et se livrait à un exercice d’escrime sur ce toro qui, seul, recevait les applaudissements du public à l’arrastre. Raúl Cervantes saluait après une bonne paire de banderilles au dernier valdellán, suelto qui n’ «humiliait» pas dans la muleta de Cristian Escribano, sans transmission. Le torero ne faisait pas l’effort de laisser la muleta à la vue du toro pour l’obliger à répéter car ce dernier avait tendance à la distraction. Une demi-lame, un peu tombée, mettait fin à cette corrida troublée par le vent… et le froid.
Fernando Robleño : silence ; saluts. Iván Vicente : silence aux deux. Cristian Escribano : deux avis et sifflets ; silence. Des cuadrillas on distinguait José Chacón, Jesús Alonso «Chule», Raúl Cervantes et Ignacio Martín. Vent et froid pour 13.988 spectateurs. |
Georges Marcillac