C’est le 4 juillet 1917 que naissait «Manolete» le plus célèbre des toreros de l’époque moderne. Torero de l’après-guerre (guerre civile espagnole), il marquait cette période jusqu’à sa mort le 29 août 1947 des suites de la blessure reçue par le toro « Islero », de la ganadería de Miura, la veille, dans les arènes de Linares de la province de Jaén. Cette fatale cogida emportait le torero seulement âgé de 30 ans, après une courte carrière, qui allait toutefois révolutionner le monde taurin.
Né à Cordoue, d’une famille nombreuse, il héritait d’une tradition taurine par son père, grand-père paternel et grand-oncle José Dámaso Rodríguez «Pepete» qui trouva la mort sous la corne de «Jocinero» de Miura en 1862. Il était aussi lié à une autre dynastie taurine par sa mère Doña Angustias Sánchez qui, en premières noces, avait épousé un autre torero cordouan, «Lagartijo chico» (1880-1910), neveu du grand Rafael Molina Sánchez «Lagartijo» (1841-1907).
Après des débuts sans picadors en France accompagnant la troupe comico-taurine Los Califas en 1934 et une carrière avec picadors interrompue ou retardée par la guerre civile, il prenait l’alternative à Séville des mains de Manuel Jiménez « Chicuelo » (1902-1967) le 2 juillet 1939 avec pour témoin Rafael Vega de los Rios «Gitanillo de Triana III». Les toros étaient de Clemente Tassara (origine Parladé) et le toro d’alternative s’appelait «Comunista» (sic, en 1939 !) mais on changea ce nom pour «Mirador», plus politiquement correct juste 3 mois après la fin de la guerre !
«Manolete» fut le héros des années 40 jusqu’à sa mort tragique de Linares, années de pénuries (y compris en toros de combat) dans un pays convalescent pendant lesquelles la société espagnole trouva dans le torero cordouan le modèle d’un redressement possible et l’occasion de s’enthousiasmer et oublier les années noires de la guerre fratricide. Il fut aussi un torero révolutionnaire, valeureux, de technique épurée qui annonçait une autre version du toreo moderne fondé par « Joselito El Gallo » et Juan Belmonte.
Georges Marcillac