Le monde taurin bouge et c’est une très bonne nouvelle, peut-être tardive, sachant que nous sommes déjà au printemps et que les espoirs des aficionados de revenir aux arènes sont encore liés aux effets de la pandémie de la Covid-19 ainsi qu’aux autorisations administratives et sanitaires qui en découlent. Les dernières semaines ont été riches en manifestations et annonces pour que les aficionados voient enfin la lumière au bout du long tunnel auquel nous a confiné le maudit virus. Des férias et corridas sont, peu à peu, programmées aussi bien en Espagne qu’en France, ainsi les affiches des ferias de Séville, de San Isidro (hors Las Ventas), d’Arles, Vic-Fezensac, Céret, Istres ont été présentées, pour certaines les abonnements lancés, à des dates différentes des traditionnelles et pour lesquelles pèsent encore les autorisations administratives en fonction de l’état sanitaire en l’Espagne et en France. D’autres initiatives ont vu le jour, comme celles d’empresas indépendantes pour le montage de corridas ou novilladas.
D’ores et déjà un projet fiable et réaliste mettra l’accent sur la promotion de novilladas qui doivent être le creuset des futures générations de matadors et la revitalisation des places de troisième et quatrième catégories où habituellement se déroulaient ces spectacles (# 2000 en 2007 et seulement moins de 500 en 2019 !) La Fundación del Toros de Lidia (FTL) annonçait la Liga Nacional de Novilladas, en quelque sorte un championnat des meilleurs novilleros qui auront lieu dans quatre régions espagnoles :
Circuit du Nord : sept novilladas pour neuf novilleros des provinces de Pontevedra, Vitoria et Cantabrie. Circuit de la Meditérranée : quatre novilladas pour neuf novilleros des Iles Baléares, de la Communauté de Valence, Melilla et Huesca (pour la Catalogne… ?) Circuit de Castilla–León : quatre novilladas à Palencia, León, Soria et Zamora. Circuit d’Andalousie : sept novilladas pour neuf novilleros. A ces circuits, vient s’ajouter le Circuit de La Communauté de Madrid : neuf novilladas piquées et neuf novilleros (de Madrid et étrangers) pour des novillos d’élevages de la province de Madrid. La sélection sera effectuée dans chaque région soit à la suite d’un concours (bolsín) soit à partir de références objectives de résultats antérieurs des meilleurs novilleros.
On notera toutefois que, pour l’instant, cette Liga n’inclut pas les ferias classiques de novilladas de Villaseca de la Sagra (Tolède), Arnedo (La Rioja), Arganda del Rey, Villa del Prado ou Cadalso de los Vidrios (Madrid) et Algemesí (Valence). On se souviendra que la plupart des figuras actuels sont sortis triomphateurs de ces novilladas. Cet oubli? est regrettable à moins qu’une décision prochaine vienne corriger cette anomalie… D’autre part, la Communauté de Castilla-La Mancha, qui ne prend pas part à ces circuits, vient d’annoncer la levée du veto de la limite de 500 spectateurs aux spectacles taurins et, ainsi, permettra un 75% de remplissage des arènes en suivant les protocoles sanitaires en vigueur.
La Communauté Autonome de Madrid (CAM) et la FTL ont signé, le 8 avril, un accord pour la célébration du nouveau circuit qui se joint ainsi à la Liga Nacional de Novilladas annoncée fin mars. Cet accord concerne la «Fiesta del Toro» avec une dotation de 900.000 € qui serait programmée vers la fin de juillet et août dans des municipalités de moins de 8.000 habitants. A cela s’ajoute un « tournoi » de 18 élevages pour 18 matadors de toros au cours de neuf corridas programmées avant la fin de 2021 et éventuellement le début de 2022. Cette promotion des élevages de la communauté de Madrid sera accompagnée d’une aide de 100.000 € max. pour chaque exploitation de ganado bravo à concurrence d’une dotation de 3 M€.
Des frissons ont couru l’échine des aficionados et amis de Victor Barrio, jeudi dernier, en évoquant la mémoire du torero disparu le 9 juillet 2016 lors d’une corrida à Teruel, blessé mortellement par le toro «Lorenzo» de Los Maños. En effet, était dévoilé à Las Ventas un mural-azulejo de grandes dimensions, œuvre de l’artiste Luis Gordillo, en hommage au matador de Grajera (Ségovie). Une souscription avait été ouverte par la CAM et de la FTL et des fonds collectés à la suite de la corrida de Valladolid du 4 septembre 2016 avec le concours désintéressé de Juan José Padilla, José Tomás, Morante de la Puebla, Julián López El Juli, José María Manzanares y Alejandro Talavante. Sa veuve, Raquel Sanz, déclarait : « Un jour comme aujourd’hui, il y a neuf ans, dans ces mêmes arènes, un jeune homme longiligne, de Ségovie, se présentait comme leader de l’escalafón des novilleros. Il s’appelait Victor Barrio et portait en lui une histoire intime avec cette plaza où il vécut les moments les plus émouvants de sa carrière » (référence à son alternative le 8 avril 2012, parrain « El Fundi », toros de José Luis Pereda). Parmi les autorités présentes, on remarquait Isabel Díaz Ayuzo, présidente de la CAM, José Luis Martínez Almeida, maire de Madrid, Victorino Martín, président de la FTL, Luis Gordillo auteur de l’œuvre, Miguel Abellán, Directeur du Centre des Affaires Taurines de la CAM, Simón Casas, de Plaza 1, et les matadors José Tomás et José María Manzanares.
L’annonce d’une Feria de San Isidro, déplacée de Las Ventas au Palacio Vistalegre de Madrid (quartier de Carabanchel) laissait les aficionados dubitatifs car les arènes couvertes ne devraient pas être la garantie d’une autorisation de la mairie madrilène malgré les 50% de remplissage et mesures de sécurité sanitaire respectées… De même la composition de l’affiche - avec la participation de la plupart des vedettes actuelles et des ganaderías renommées - est par elle-même attractive mais ne laisse la place à aucune créativité… Simon Casas qui aurait pu s’offusquer de l’intrusion de la Casa Matilla sur son terrain, invoque l’initiative privée face à Plaza 1 qui dépend du bon vouloir de l’administration de la CAM pour ouvrir Las Ventas et de la rentabilité de celle-ci même avec l’assistance de public à 50% de capacité. Malgré cela, pour l’instant, la présidente de la CAM renouvelait dernièrement sa volonté que la tauromachie serait protégée et aidée économiquement (voir plus haut) et qu’il fallait maintenir la réputation et le niveau de première plaza de toros du monde. Pour confirmer ces belles intentions et selon le quotidien El Mundo, le Centro de Asuntos Taurinos de la CAM aurait en préparation l’inauguration de la saison taurine madrilène par un grand festival le 2 mai prochain, jour de la fête de la CAM (souvenir du soulèvement des Madrilènes face à l’occupation napoléonienne, le 2 mai 1808…) auquel participeraient le rejoneador Diego Ventura, Enrique Ponce, Julián López "El Juli", José María Manzanares, Paco Ureña, Miguel Ángel Perera, Ándrés Roca Rey y un novillero de la Escuela Taurina José Cubero "Yiyo" avec des toros-novillos de différents élevages. Cette belle nouvelle sera-t-elle confirmée à trois semaines de cette date et de celle des élections régionales du 4 mai ??
Tous ces espoirs et projets seront-ils exaucés pour que dure notre passion pour la Fiesta et que nous puissions préparer nos sorties, voyages et rencontres?
Georges Marcillac