La corrida de José Escolar Gil était une attraction supplémentaire pour l’équilibre de la feria de La Madeleine: des toros “durs” entre ceux d’élevages d’origine Domecq avant le final de dimanche avec les victorinos de même encaste Albaserrada. Pour cela, il faut des toreros aguerris pour les combattre: Fernando Robleño s’est “spécialisé” avec l’élevage de Lanzahita (province d’Àvila) et glané de nombreux succès alors que les deux autres matadors du cartel, plus jeunes, n’ont pas d’autre ressource que celle de toréer ces toros réputés pour les difficultés qu’ils apportent à leur lidia mais qui, une fois compris, peuvent les hisser au sommet d’une gloire toujours rêvée. Parfois c’est au prix du sang comme l’a vécu Damián Castaño aujourd’hui blessé au mollet droit à la mise à mort du 5ème. Quant à Juan de Castilla, il passait près d’un succès assuré sans le mauvais usage de l’épée au 6ème.
Les toros d’Escolar cinqueños sauf les 2ème et 3ème étaient pourvus d’encornures variées, respectables certes, et d’hechuras propres à leur encaste. De même dans leurs comportements, ces toros rendaient difíciles, dans bien des cas, la pose des banderilles ce que ne comprenaient pas toujours certains spectateurs…
Fernando Robleño, dans sa tournée d’adieux – il se retirera en fin de saison – et dont c’était le retour à La Madeleine après plusieurs saisons d’absence, recevait, après le paseo, l’hommage de la Commission Taurine et celui du public. Comme ses congénères, le premier sorti du toril ne se prêtait pas à une réception classique, par l’envolée de belles véroniques mais devait recevoir la brega de passes de cape sur les deux cornes vers le centre du ruedo. Ce toro allait au pas jusqu’au cheval pour encaisser une pique tombée assortie de la carioca. À la seconde la charge était plus nette et la puya était précisément placée au même endroit que la première… et on dit que les picadors sont maladroits… La courte faena de muleta était basée sur des passes bougées avec correction de position pour allonger la charge du toro. Peu à peu, ce toro entrait mieux dans la muleta à gauche. La faena se terminait par un estoconazo… qui n’impressionnait personne! Le 4ème, cornivuelto, était piqué par Pedro Iturralde sans trop s’appuyer sur la pique aux deux rencontres. Fernando Robleño reprenait la cape pour suppléer la panique des membres de sa cuadrilla au deuxième tiers. Le toro “humiliait” et pour construire sa faena devait trouver la juste distance du cite et celle de l’embroque. Dans une attitude relachée le maestro laissait la muleta au plus bas pour, surtout pour des naturelles, le toro suivait le leurre dans une belle cadence améliorée dans une ultime série, magnifique, intercalant un derechazo de la même veine que les naturelles de base. La mise en suerte pour la mise à mort se compliquait pour enfin une estocade caídilla. La demande d’oreille tardait à se concrétiser pour une vuelta triomphale du vétéran matador madrilène.
Le capoteo de Damián Castaño, au 2ème, s’imposait comme à tous les aures toros d’Escolar et rien ne se passait aux piques, une trasera et tombée, un peu meilleure la seconde soutenue malgré le cabeceo dans le caparaçon. Juan de Castiila s’illustrait dans un surprenant quite par gaoneras. Le toro “humiliait” beaucoup dans la muleta, c’était dans ce cas, plutôt gênant. Damián Castaño faisait un effort méritoire pour réussir une série de naturelles. Mais peu à peu, ce toro devenait avisé et serrait l’homme des deux côtés. L’estocade atravesada représentait une déconvenue après une faena qui méritait mieux. Le 5ème apparaissait dans une course qui ne laissait présager rien de bon mais cette allure ne montrait qu’une faiblesse du train arrière. A la muleta, le toro démarrait d’une charge très lente et toute la difficulté pour Damián Castaño était de garder la bonne distance entre le museau du toro et la muleta sinon le toro s’arrêtait. À cela s’ajoutaient en fins de passes les retours du toro, toujours “humilñié”, sans vraiment suivre le leurre. Un beau trincherazo se mêlait aux passes pour mettre en suerte le toro pour un pinchazo tendido. Le toro cueillait Damián d’un coup de corne au mollet de la jambe droite. Cogida et blessure. Il était emporté à l’infirmerie et plus tard à l’hôpital de Mont-de-Marsan. Fernando Robleño en terminait par plusieurs descabellos…
Juan de Castilla prétendait donner à son premier toro les chances d’un toro brave face au cheval en le plaçant à différentes distances pour la suerte de varas. Peine perdue, ce toro se resistait à charger, grattait le sol et sous la pique donnait des coup de tête dans le peto et même pour se débarassait de la pique. Muleta en main, Juan allongeait ses passes de la droites en trois derechazos ainsi que dans une nouvelle série plus compacte sans “perdre” des pas de correction. Cela prenait bonne tournure mais le toro n’”humiliait” pas, restait court dans ses charges et même gratifiait d’une colada le vaillant Colombien. Il arrivait à “templer”, sur la gauche, les charges désormais réduites de l’animal auquel il portait un pinchazo et une estocade verticale delantera. Sonnait un avis. Juan s’évertuait à toréer en véroniques dès sa sortie, le 6ème. Rien de notable aux piques et Iván García brillait à la pose des banderilles, La faena de muleta, Juan se plaçait au centre de la piste, à genoux pour son va-tout mais le toro ne suivait pas. Sur pied, il “citait” de loin pour des derechazos dont certains bien “templés”alors qu’il toréait avec plus de précaution quelques naturelles. C’était de nouvean mieux sur la droite sans la même temple mais l’effort était méritoire. Sur la gauche, la charge se réduisait mais dans un ultime revcours. il improvisait un martinete lié à la passe de poitrine. Malheureusement la faena se terminait par un affreux bajonazo…,involontaire, et disparaissait l’option de recevoir une oreille.
Fernando Robleño: saluts et belle ovation; une oreille. Damián Castaño: silence et blessé. Juan de Castilla: un avis et saluts aux deux. Iván García, ce jour, de la cuadrilla de Juan de Castilla saluait après la pose des banderilles au 6ème. Beau temps. Quelques vides sur les gradins de soleil. |
Georges Marcillac
Photos: Bruno Lasnier pour burladero.tv