"Trois-quarts d'arènes par temps couvert. Le Tendido 7, par banderolle et bronca, demande la démission du président qui avait accordé les deux oreilles à Miguel Ángel Perera la semaine dernière et qui est de nouveau aujourd'hui au palco. La corrida de "El Pilar", bien présentée, avec une touche de mansedumbre et un manque de classe, a maintenu l'intérêt des tendidos pendant la corrida et a mis en échec la terna qui n'a pas su prendre le dessus sur les scories de comportement du lot.
Juan del Álamo touche un premier “El Pilar” qui lance avec violence les pattes dans la cape. Mal piqué le bicho s'emploie. Le quite du matador par véroniques est brusque par nécessité. La seconde pique est brève en carioca. Quite de José Garrido en delantales et demi-véronique pieds joints. Le toro, distrait au second tiers, met la tête avec brusquerie dans la tanda d’ouverture du matador. Sa noblesse permet à Del Álamo de faire l'effort pour tenter de "templer" et d’adoucir la charge. La tâche est compliquée au début et nécessite un mélange de distances et de replacements. Petit à petit, le matador canalise à droite tout en gardant ses distances dans les remates. À gauche, il fait fi des avertissements sur les premières naturelles et recueille une violente voltereta car le toro se colle sur cette corne. Il poursuit à droite en enroulant et en liant des muletazos imparfaits mais qui transmettent du fait de la charge. Manoletinas en regardant les tendidos. Entière trasera et caída, exposée et en perdant la muleta. Avis. Pétition. Quelques palmas au toro. Vuelta protestée par le T7.
Le second de Juan Del Álamo est distrait. Au cheval l’animal combat par à-coups en trois rencontres inégales. Au second tiers le toro ne s'est toujours pas confié. Dans la muleta les charges sont irrégulières, avec des embestidas complètes et d'autres distraites, surtout en sortie de passe tête relevée. Del Álamo en profite au mieux pour lier à droite. À gauche il obtient que le bicho suive la muleta dans une série qui va a más. Suit un désarmé qui le renvoie à droite pour un passage a menos. Le final est brouillon, sans option, le toro ne s'étant jamais livré. Entière basse et tendida, le toro ne respectant pas le toque. Descabello. Silence.
Le second de "El Pilar" prend querencia au centre où José Garrido va le chercher sans arriver à le fixer. Le torero subit une voltereta sur un extraño du tor lors de la mise en suerte au cheval. La première pique est prise avec réserve. Dans la seconde, le toro va a más. Saltilleras et revolera de Gonzalo Caballero. Le toro est tardo et calcule. José Garrido entame la faena aux tercios. Dans le tanteo par le bas le el-pilar répond. Garrido doute à la fois à cause du vent mais aussi parce que la charge n'est pas spontanée, le toro hésitant avant de suivre la muleta. Lorsque la charge semble se stabiliser c'est le vent ou un trébuchement du bicho qui entrave la série. À gauche l'animal ne suit pas le leurre en sortie de passe. L'extremeño insiste pourtant et arrive à lier une série brouillonne. La fin de faena à droite est exécutée en mode forcé face à un opposant qui ne s'est jamais livré. Avis. Pinchazo et entière. Silence.
José Garrido affronte le plus léger du lot avec le berceau le plus ouvert qu'il mène au centre. Il y dessine quelques véroniques imparfaites avec la demi-véronique. Le d'"El Pilar" s'emploie sous une première pique sévère. La seconde est beaucoup plus courte. Antonio Chacón salue pour ses deux poses de banderilles "au balcón". Brindis TV à Fernando Domecq. Débutant à gauche, Garrido est mis sur la défensive par les retours du toro dans la muleta. À droite le bicho prend le dessus immédiatement. le torero insiste et obtient des muletazos mobiles face à une charge incomplète que l'animal ne termine jamais. Pinchazos, avis et entière basse. Silence.
Le toro sorti troisième, sans s'employer dans la cape de Gonzalo Caballero, donne la sensation de vouloir "humilier" . Ce manso tente par trois fois de faire le tour du cheval par l'avant et fuit dès qu'il sent le fer. C'est au quatrième passage qu'il accepte brièvement le combat. Le second tiers est laborieux et le bicho incertain. Début de faena par estatuarios et pase del desprecio sans écho sur les tendidos. "Citant" de loin le matador enroule stoïquement des derechazos et passe de poitrine pieds joints qui lui valent les olés du public. La seconde série est un ton en dessous. Au centre du ruedo, le toro n'a plus la même attention et la série est désunie. À gauche le toro est tardo et pensif. Ses charges ont un rythme changeant. Gonzalo Caballero gagne l'approbation du public par son aguante et sa témérité qu'il accentue dans les bernadinas finales. Il est pris par le toro en entrant a matar. Le bicho lui a fermé la porte comme il le fera ensuite à Del Álamo qui porte une demi-lame. Palmas timides pour le matador blessé d’une cornada sérieuse à la cuisse gauche.
Comme suite à la blessure de Gonzalo Caballero, c'est au chef de lidia, Juan Del Álamo, de combattre le sixième dont l'impressionnant trapío vaut les applaudissements du T7. Del Álamo profite de l'excellente embestida du "El Pilar" avec des véroniques et demi-véronique, accompagnées de olés. Le toro pousse puis s'immobilise dans la première pique. Quite de Del Álamo par véroniques et la demie. La seconde pique est brève. Quite de José Garrido par véroniques, compas ouvert et demi-véronique. Brindis TV au torero blessé. La charge se révèle exigeante dans les derechazos, à partir du troisième muletazo. À gauche le toro ne répète pas avec calamocheo dans la muleta. Del Álamo ne trouve pas les codes pour solutionner l'équation sur les deux cornes. Bajonazo. Silence.
René Philippe Arneodau
Photos de Javier Arroyo pour aplausos.es